Les compagnons de la branche rouge
une
intense fureur guerrière, il se met en boule .
[85] Cette anecdote semble en rapport avec les étranges figurations féminines dites Sheela-na-Gig , sortes de petits bas-reliefs qu’on trouve
fréquemment sur le mur des églises ou des cimetières, mais seulement en Irlande
et dans l’ouest de la Grande-Bretagne, qui exhibent, outre des cuisses
largement écartées, une vulve exagérément ouverte de leurs propres mains.
Symbolisant la re-naissance , elles invitent les défunts
à réintégrer la matrice pour y retrouver une nouvelle existence : c’est
l’équivalent des grands tertres mégalithiques où les ossements des défunts
étaient recueillis dans la chambre funéraire, elle-même équivalent de la
matrice divine, pour y recevoir, à certains moments, les rayons du soleil
levant. Ces Sheela-na-Gig , d’origine nettement
pré-chrétienne, ont été récupérées curieusement – et intentionnellement – dans
les sanctuaires ultérieurs. Il est également probable qu’on a continué d’en
faire, sur le même modèle, jusqu’au XII e siècle.
Voir à ce sujet La Grande Déesse, op. cit. Dans le
cas présent, le plan de Conor et de Cavad est une véritable thérapeutique
d’ordre psychanalytique : en effet, la fureur guerrière va de pair avec la
tension sexuelle, et l’on peut espérer calmer cette tension par la vision des
parties sexuelles de la femme. De plus, et c’est ce qui se passe ici, la vision
d’un « gouffre béant », c’est-à-dire un véritable regressus
ad uterum considéré comme anéantissant, doit mettre un frein à l’ardeur
de Couhoulinn. Cette terreur du « gouffre » sexuel se retrouve dans
de nombreux contes de la tradition orale. Voir Contes
populaires grivois des pays de France, op. cit.
[86] Cet épisode n’est pas sans rappeler le récit ossète consacré à la naissance du
narte Batraz qui, à peine surgi au monde, tombe dans la mer et fait évaporer
celle-ci. Voir G. Dumézil, Romans de Scythie et
d’alentour, op. cit.
[87] Cette fois, il ne se met pas en boule, il fait la roue, comme un paon.
[88] Et il a sept ans. Il s’agit évidemment d’un nombre symbolique.
[89] Marque d’honneur suprême pour un enfant.
[90] D’après un épisode de la Tain Bô Cualngé , récit contenu
dans le manuscrit Leabhar na hUidré de la fin du XI e siècle, et dans le Livre de Leinster .
Ce dernier texte a été publié et traduit en allemand en 1905 par Ernst Windisch
dans le tome V des Irische Texte . Traduction
française dans d’Arbois de Jubainville, L’enlèvement des
vaches de Cooley , Paris, 1907. Autre édition du texte du Livre de Leinster par Cécile O’Rahilly, Dublin, 1967. Autre
version dans le manuscrit dit Stowe D.4.2, édité par Cécile O’Rahilly,
Dublin, 1961. Traduction française partielle dans G. Dottin, L'Épopée irlandaise . Traduction française intégrale par Alain
Deniel, La Rafle des Vaches de Cooley , Paris, 1997.
[91] L’incantation magique suprême et sans appel. La victime du glam
dicin est marquée à jamais, non seulement moralement, psychologiquement,
mais physiquement : sur son visage apparaissent en effet trois furoncles
de honte et de déshonneur qui l’excluent à tout jamais de la communauté, la
transforment littéralement en hors-la-loi, voire très souvent en condamné à
mort. À l’analyse, l’efficacité du glam dicin s’explique aisément hors de tout contexte magique : la malédiction
prononcée par le satiriste est si violente, si solennelle, si publique, qu’elle
déclenche chez son objet un phénomène d’autosuggestion, une véritable crise
d’hystérie capables de provoquer une maladie ou une manifestation physique
morbide. Les anathèmes et autres excommunications ressortissent au même type de
procédé.
[92] D’après un fragment du manuscrit dit Livre de Ballymore ,
édité et traduit en anglais par Whitley Stokes, Revue celtique ,
XII.
[93] D’après un récit archaïque publié et traduit en anglais par Whitley Stokes dans Three Irish Glossaries .
[94] Interpolation chrétienne ultérieure.
[95] Dans ce contexte essentiellement païen, la formulation paraît d’inspiration
chrétienne.
[96] La colline de Howth, au nord-est de la baie de Dublin.
[97] On a vu plus haut que d’autres le présentent comme contrefait, par la faute de
Cêt, fils de Maga, son grand-oncle maternel.
[98] Cette tare est l’indication du caractère cyclopéen dont
il donne maintes preuves au
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