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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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erra ainsi pendant trois cents ans dans tous les lacs
et toutes les rivières d’Irlande. Elle longea les rivages dans la mer profonde
et houleuse. Elle revenait souvent dans le lac Neagh et, là, elle chantait une
lamentation sur le sort de son père Ecca et de toute sa famille. Puis, elle repartait
par les estuaires et reprenait sa course autour de l’Irlande.
    Or, un jour qu’elle se trouvait dans une rivière où l’eau
n’était pas profonde, elle fut pêchée par le saint homme Congal qui vivait dans
un ermitage selon la foi du Christ. Congal fut aussi surpris qu’émerveillé par
un être si étrange et si beau. Libane lui conta les événements dont elle avait
été le témoin. Là-dessus, Congal lui ayant demandé si elle voulait recevoir le
baptême, elle accepta humblement, priant Dieu de l’accueillir dans la paix
éternelle. Il la baptisa donc, et aussitôt mourut Libane, fille d’Ecca, devenue
Muirgen, la « Fille de la Mer ». [101]

CHAPITRE X

Pour l’amour de Finnabair
    Il y avait, en ce temps-là, un jeune héros, nommé Fraech,
qui était le plus beau de tous les hommes d’Irlande et de Bretagne. Il avait
pour père Idach de Connaught et pour mère Befinn, sœur de Boann, des tribus de
Dana. Befinn lui avait offert dix vaches féeriques, blanches avec des oreilles
rouges, et qui produisaient du lait en grande abondance. Autour de lui, dans sa
maison, se trouvaient cinquante fils de rois, tous de même âge, de même taille
et de même aspect que lui, ainsi que trois harpistes qui jouaient
merveilleusement. Sa richesse était grande, et sa renommée s’étendait bien
au-delà du Connaught.
    Il arriva que Finnabair, fille d’Ailill et de Maeve, qui
régnaient alors sur la province, s’éprit de Fraech sans l’avoir jamais vu, à
force d’entendre conter sur lui mille traits plaisants. Fraech fut informé des
bonnes dispositions de la jeune fille à son endroit ; il décida d’aller la
voir pour lui parler. Il en discuta avec ses gens, et ceux-ci approuvèrent son
projet. « Mais, ajoutèrent-ils, avant d’aller chez Ailill et Maeve, va
trouver la sœur de ta mère, et prie-la de t’accorder des présents féeriques. »
    Il se rendit donc à la résidence de cette dernière. Boann l’accueillit
avec bienveillance et lui accorda ce qu’il demandait : ainsi emporta-t-il
cinquante manteaux, bleus comme le dos d’un scarabée, qu’ornaient des broches
rouges, cinquante tuniques blanches brodées d’animaux d’or et d’argent,
cinquante boucliers d’argent rehaussés de bordures rouges, des pierres
précieuses qui brillaient dans la nuit comme les rayons du soleil et cinquante
épées à poignée d’or. Il menait également cinquante chevaux portant au col des
clochettes d’or, des caparaçons de pourpre, des harnais d’or et d’argent
relevés de têtes d’animaux et munis de cinquante fouets en laiton blanc qui se
terminaient par un crochet d’or. Il emmenait encore sept chiens de chasse équipés
de chaînes d’argent à pommes d’or, sept sonneurs de cor aux longs cheveux
dorés, vêtus de robes multicolores et de manteaux brillants, et trois druides
qui précédaient la troupe, couronnés de diadèmes d’argent rehaussés d’or.
    Comme ils approchaient de Cruachan où résidaient Ailill et
Maeve, le guetteur posté sur la tour de la forteresse les vit déboucher dans la
plaine et, allant trouver le roi et la reine, s’écria : « Je viens de
voir approcher une compagnie telle que je n’en ai jamais vue depuis que vous
avez souveraineté sur le Connaught. Je le jure par le dieu que jure ma tribu,
je n’ai jamais vu et ne verrai jamais compagnie plus brillante et plus
riche : la brise qui passe sur eux est plus légère que celle qui émane
d’une cuve d’hydromel. Quant aux tours et aux jeux auxquels se livre le jeune
homme qui se trouve au milieu de cette compagnie, je n’en ai jamais vus de
pareils : il jette son javelot à une portée de lui et, avant que l’arme
n’atteigne le sol, sept chiens aux chaînes d’argent la saisissent au
vol. »
    En entendant pareil éloge, les gens qui se trouvaient dans
la forteresse de Cruachan se précipitèrent vers les remparts pour admirer la
troupe qui arrivait, et ils y mirent tant de hâte qu’ils s’écrasèrent les uns
les autres et qu’il en mourut seize. Puis on vit des choses surprenantes :
les arrivants débridèrent leurs chevaux dans la prairie et lâchèrent les chiens
qui, prenant leur

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