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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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course, rabattirent en un instant sous les murs de Cruachan
sept daims et sept renards. Sur ce, les chiens repartirent jusqu’au marais et
en ramenèrent sept loutres qu’ils déposèrent à la porte de la première
enceinte. Alors, les membres de la troupe s’assirent sur l’herbe fraîche et
attendirent.
    On vint les trouver de la part d’Ailill et de Maeve, et on
leur demanda qui ils étaient et d’où ils venaient. Ils répondirent que Fraech,
fils d’Idach, souhaitait leur rendre visite. On alla donc en informer le roi et
la reine. « Qu’il soit le bienvenu, ainsi que toute son
escorte ! » dit Ailill.
    On les fit entrer et on leur accorda une maison pour se
reposer. Ils y trouvèrent, du foyer à la muraille [102] ,
sept lits dorés comportant tous un fronton de bronze et des cloisons d’if rouge
autour desquelles couraient des bandes de bronze. Sept bandes de cuivre
partaient aussi du chaudron jusqu’au toit de la maison. Celle-ci, construite en
sapin, était couverte de bardeaux. Elle avait seize fenêtres toutes encadrées
de cuivre.
    Une baguette d’argent, depuis le fronton, rejoignait les
traverses de la maison et l’entourait d’une porte à l’autre.
    Après avoir suspendu leurs armes dans la maison, Fraech et
ses compagnons entreprirent de retirer de leurs coffres les pierres précieuses.
Et lorsqu’Ailill et Maeve vinrent les saluer et leur souhaitèrent la bienvenue,
on parla de choses et d’autres assez longuement, puis la reine dit :
« J’aimerais jouer aux échecs avec ce jeune homme. – Eh bien, s’il le
désire, soit, consentit le roi, mais il conviendrait cependant qu’on préparât à
manger pour nos hôtes. »
    On apporta un jeu d’échecs. L’échiquier était splendide,
tout en bronze blanc, avec des coins en or, et les pièces étaient d’or et
d’argent. Maeve se mit à jouer avec Fraech et, pendant ce temps, les gens de la
maison faisaient cuire le gibier. « Que tes harpistes nous jouent quelque
chose maintenant, dit Ailill à Fraech. – Jouez donc », dit Fraech aux
harpistes.
    Chaque harpe était enveloppée dans un sac en peau de loutre,
bordé de cuir écarlate incrusté d’or et d’argent. Les harpes étaient d’or,
d’argent et de bronze blanc relevés de figures d’oiseaux et de chiens. Quand on
touchait les cordes, ces figures couraient en rond autour des hommes. Les
harpistes se mirent à pincer les cordes, et douze hommes de la maison d’Ailill
et de Maeve moururent à force de pleurer et de s’attrister.
    Excellents mélodistes, ces musiciens étaient frères, et on
les appelait Pleureur, Rieur et Endormeur. On les nommait ainsi à cause des
airs qu’avait chantés la harpe de Dagda en leur honneur. En effet, celle-ci,
lors de leur naissance, avait pleuré de tristesse aux premières douleurs de la
mère, avait souri et s’était réjouie à la délivrance des deux premiers fils,
mais joué un air de sommeil pour le troisième, car le travail fut pénible, et
la mère s’endormit. En se réveillant, elle voulut donc commémorer ce qu’elle
avait ressenti lors de ses couches.
    Quant à Maeve et à Fraech, ils jouèrent aux échecs pendant
trois jours et trois nuits, sans même se rendre compte de l’obscurité, parce
que les pierres précieuses leur fournissaient toujours une douce lumière.
Enfin, Fraech se leva.
    « Il suffit, dit-il, que j’aie gagné cette partie. Si
je ne te demande pas ta mise, n’en sois pas froissée. – Depuis que tu te
trouves dans cette maison, répondit Maeve, jamais jour ne m’a semblé si
long ! – Ce n’est pas étonnant, repartit Fraech, voilà trois jours et
trois nuits que nous jouons ! »
    Maeve se leva, honteuse d’avoir laissé les jeunes sans
manger. Mais on lui dit qu’ils avaient été servis d’abondance. Alors, elle
demanda qu’on leur distribuât davantage encore de mets et de boissons, afin
qu’ils fussent pleinement rassasiés. Puis, Ailill et elle prirent à part Fraech
et lui demandèrent pour quelle raison il était venu à Cruachan. « Je
désirais vous faire visite, répondit Fraech. – C’est un honneur que tu nous
fais, reprit Ailill, et nous sommes heureux de te connaître. Sache que ta
présence ici vaut mieux que ton absence. – Je resterai donc une semaine avec
vous », dit Fraech.
    Ainsi séjourna-t-il dans la forteresse de Cruachan pendant
toute la durée d’une semaine. Ses compagnons allaient chasser chaque jour et
rapportaient du gibier en

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