Les cons

finissait pas. On est repartis sur les boulevards de Berlin, et au bout d'un ou deux autres kilomètres, on est arrivés à la fin, où on s'est rendu compte qu'il n'y avait rien de spécial. Il a commencé à pleuvoir alors on s'est écartés des zones touristiques, à la recherche d'un bistrot à la Jean-Louis.
        On l'a trouvé. Plein de piliers accoudés au comptoir, un billard au fond. On s'est serrés autour d'une table ronde et on a commandé les bières.
        On était bien crevés, mais c'est pas grave. J'ai joué au billard contre Maikel et Robert, je crois que j'ai perdu deux fois. Bon, rien de sensationnel, chill out. Un des meilleurs moment du séjour malgré tout.

        Le point intéressant de cette pause au bar, c'est quand on est sorti. On était restés suffisamment longtemps, et on avait parlé en anglais suffisamment fort pour que les piliers du bar nous identifie comme un groupe de touristes. En sortant, Robert (germanophone) va au bar, demander à la ténardière où c'est qu'elle est la station de métro. Il s'est fait prendre d'assaut par les piliers environnant qui se sont limite battus pour avoir l'honneur de lui expliquer. À mettre en parallèle avec :
        Hier soir, en sortant de chez moi, j'attends l'ascenseur (j'habite au 6eme). Quand la porte s'ouvre, je constate qu'il y avait déjà quelqu'un dedans. Une femme, qui rentrait apparemment chez elle. Une voisine de palier en quelque sorte. Je lui souris et lui dit « bonjour », elle me passe à coté sans un mot, sans un regard, sans donner le moindre signe qu'elle a remarqué qu'elle n'était pas toute seule.
        Maintenant, vous comprenez pourquoi je veux aller vivre en Allemagne ?

        Vendredi 16 Juin 2006
        Suivez mon raisonnement :
        L'opérateur d'une machine dans une usine participe à la qualité d'un produit.
        L'agriculteur sur son tracteur participe à la qualité de la récolte.
        Le programmeur sur son PC participe à la qualité d'un logiciel.
        Le coiffeur, participe à la qualité du salon.
        Etc.
        Le contremaitre (manager, commandeur, il change de nom assez souvent)... Il supervise une équipe, s'assure que ce que fait chacun est optimal pour la qualité de l'ensemble. En soi il ne produit rien, mais sans lui, les choses seraient moins bien engrenées, il y aurait des pertes de ressources. Par contre, sa participation à la qualité du produit où du service est définitivement inférieure à celle des exemples cites précédemment. Un salon de coiffure sans manager, c'est un peu le bordel ; un salon de coiffure sans coiffeur... Bon, y a pas photo.
        Continuons à monter (pour peu que l'entreprise soit assez grande). Le directeur de projet, par exemple. Quelle est sa participation à la qualité du produit final. Ça devient un peu flou. Quand au vice-président...
        Donc, plus on monte dans la hiérarchie, plus la participation d'un individu à la qualité du produit de l'entreprise est diluée. Attention, je parle bien de « participation à la qualité »., pas au succès. Une hôtesse-à-gros-seins sur un stand de machines-outils dans un salon industriel participe au succès du produit, mais surement pas à sa qualité. Si on prend le succès comme indicateur, alors l'échelle s'inverse. En moyenne, plus t'es haut place, plus t'es responsable du succès.
        C'est là qu'est la grande révolution à venir du système capitaliste. Pour un acheteur sérieux, que ce soit un acheteur pro travaillant pour une grande scierie ou un simple particulier qui veut acheter une tondeuse, l'important, c'est la qualité de ce qu'il achète. Il faut que la tondeuse elle coupe bien l'herbe, ou que les scies elles coupent bien le bois. Il fut un temps où l'accès a l'information était limité et où il était difficile de vraiment connaitre la qualité d'un produit avant de l'avoir essayé en personne. On faisait alors confiance au succès, en se disant qu'une entreprise qui a du succès doit bien fabriquer des produits de qualité. Or... Le volume d'information disponible aujourd'hui est tel qu'on
peut
se faire une idée de la qualité d'un produit sans en avoir vu la couleur. De moins en moins de gens se laissent berner, à part dans l'informatique, où le taux de gens qui s'y connaissent est encore bas. Les entreprises devront s'y adapter : « Quelle que soit notre stratégie de marketing, les acheteurs font leur recherches sur