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Les contrebandiers de l'ombre

Les contrebandiers de l'ombre

Titel: Les contrebandiers de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurie McBain
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Et beau ?
    — Oui. Je le suppose.
    — Il a vraiment tué cette fille ?

    — Tu en poses des questions...
    — Alors ?
    — Non.
    — Tu as l'air sûre de toi. Comment le sais-tu ?
    — Je le sais, c'est tout. Je ne pouvais croire une chose pareille, venant de Dante. Quand tu aimes quelqu'un, mon enfant, tu ne peux pas croire qu'il soit capable de mal agir.
    — Mais tu as rompu tes fiançailles, pourtant. Si tu l'aimais, pourquoi ? Ouh ! Tu me tires les cheveux !
    — Parce qu'il avait perdu son héritage aux cartes, voilà pourquoi ! fit lady Bess en nouant un ruban rouge dans les cheveux de sa fille. Malheureusement, il faut penser parfois à mettre du pain sur la table, et Dante semblait plutôt décidé à y mettre des cartes à jouer. De plus, c 'aurait été ridicule. Il était arrogant, et moi égoïste. Nous nous serions tués en moins d'un mois !
    — Tu es toujours amoureuse de lui, maman ?
    Lady Bess se tut. Elle n'osait même pas se l'avouer à elle-même. Sa vie n'était-elle pas assez vide comme ça ? Sans espoir ?
    — Je sais que tu n'étais pas heureuse avec papa.
    Après une pause, Bess lui demanda franchement :
    — C'était si visible ?
    — Comment tu aurais pu être heureuse avec lui ? Il était saoul du matin au soir, et quand il ouvrait la bouche, il ne parlait que de ses cabots infâmes, déclara Anne, surprenant sa mère par sa fidèle mémoire. Tu penses toujours à lord Jacobi ?
    Bess sourit en jouant avec les tresses de sa fille.
    — Oui. Et plus que je ne le devrais. Qui sait seulement s'il est vivant ? Et puis, s'il revenait, il m'éviterait probablement, et avec de bonnes raisons. Je l'ai trahi, après tout. Et jamais il ne me pardonnera, répondit-elle tristement, sachant qu'elle, en tout cas, ne se le pardonnerait jamais.
    — Oh ! maman, non ! Il t'aime encore. Il t'aimerait certainement s'il te revoyait, parce que tu es très belle, maman, déclara Anne, mue par l'admiration des enfants pour leur mère.
    — Petite coquine, minauda lady Bess, plutôt satisfaite de ce compliment. Mais mon grand-père m'a interdit de le revoir, après ces histoires. Et comme il a su plus tard que Dante était innocent, il a été convaincu de ma culpabilité.
    — Culpabilité de quoi ?
    Bess hésita :
    — Quelque chose que j'ai dit. Un secret entre moi et Dante. Mon grand-père ne m'a jamais pardonné cela, ou bien d'avoir porté préjudice à Dante en me taisant. Moi, je ne me le pardonnerai jamais.
    — Je me demandais toujours pourquoi grand-père venait si peu souvent.
    — Ce n'était pas contre vous. C'est un honnête homme, mais rigide. Je l'ai profondément choqué en ne respectant pas son code d'honneur, et, si curieux que cela puisse paraître, Dante n'a jamais cessé d'être un gentilhomme, aux yeux de mon grand-père. Bon... (Bess déposa un baiser sur le front de sa fille.) Au lit, jeune fille !
    — Bonne nuit, maman.
    Elles s'embrassèrent. Anne gagna la porte en faisant des entrechats, puis s'arrêta brusquement.
    — Tu n'as pas entendu quelque chose, maman ? fit-elle, soudainement effrayée.
    Lady Bess avala difficilement sa salive, mais s'arrangea pour garder un ton ferme.
    — Non. Va te coucher.
    Une fois la porte refermée, lady Bess soupira d'épuisement, mais ses yeux se portèrent vers les fenêtres plutôt que vers le lit. Sa chambre surplombait les écuries. Elle se retint de jeter un coup d'œil, au cas où quelqu'un surveillerait. Elle se mit à trembler. Enroulant un châle autour de ses épaules, elle calma ce mouvement involontaire. Ses dents se serraient...

    Lady Bess se réveilla, son cœur cognant dans sa poitrine, comme fou. C'était trop calme.
    Qu'est-ce qui l'avait éveillée ? Elle avait tiré le grand fauteuil près de la cheminée... Elle venait d'entendre l'heure sonner. Rien ne s'était encore passé. Elle respira profondément, puis déroula ses jambes pour chercher ses pantoufles. Son pied toucha un objet froid, métallique.
    Dans la pénombre, elle attrapa cet objet : c'était le cadenas qu'elle avait posé sur la porte de l'écurie principale, plus tôt dans la soirée...
    — Tu pensais vraiment qu'ça me gênerait, lady Bess ? fit une voix éraillée derrière elle.
    Le hurlement de lady Bess mourut dans sa gorge. Un homme était négligemment couché sur son lit, un verre de brandy dans sa grosse main calleuse. Immense, il était large d'épaules et mince de hanches. Il portait des culottes de cuir et un manteau sombre en drap. Il ressemblait

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