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Les contrebandiers de l'ombre

Les contrebandiers de l'ombre

Titel: Les contrebandiers de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurie McBain
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ce soir. N'est-ce pas, maman ?
    — Que veux-tu dire, mon enfant ?
    — Oh, maman, tu n'as pas besoin de faire l'innocente ! Je ne suis plus une enfant ! Regarde Lucy Widdons, elle s'est mariée à mon âge, et elle avait un bébé...
    — C'est une fille de village, et non une Seacombe ! lui rappela lady Bess, tranchante.
    — Je ne vois pas en quoi le fait d'être une Seacombe change quoi que ce soit ! Nous avons plus de mal à mettre du pain sur la table que le plus miséreux des villageois ! Et je sais que c'est pour cela que tu laisses les contrebandiers se servir de nos chevaux. Papa en serait mort s'il avait appris ça. Enfin...
    Lady Bess ouvrit la bouche. Elle voulait nier cette accusation, mais elle se ravisa. A quoi bon
    ? C'était inutile de mentir, surtout maintenant qu'elle s'était décidée à résister.
    — Ton père, ma petite, aurait vendu son âme pour une caisse de cognac de contrebande. Mais rassure-toi, il pourra dormir tranquille ce soir, dans sa tombe, car je ne vais pas laisser les contrebandiers utiliser mes chevaux. Et même; j'irai à la foire de Westlea Abbot, samedi prochain, avec plusieurs d'entre eux, déclara lady Bess, bien qu'elle hésitât encore.
    — Mais, maman ! Tu ne peux pas ! Tu ne te souviens pas de ce qui est arrivé aux Webber, l'an dernier? Charles a dit que c'était parce qu'ils ne voulaient pas donner leurs chevaux aux contrebandiers ! s'écria Anne d'une voix blanche.
    — Combien de fois vous ai-je dit, à toi et à Charles, de ne pas écouter les racontars !
    s'exclama lady Bess avec colère. Charles ne sait pas de quoi il parle. En plus, ils n'oseraient pas franchir ces portes ! A qui croient-ils s'adresser ? Des gens du commun ? Des trouillards ?
    (Lady Bess essayait en vain de dompter sa peur.) Il y a une chose que ton père a eu le bon sens de m'apprendre, c'est à tirer, et je peux me servir d'un pistolet comme n'importe quel homme ! Qu'ils viennent seulement essayer de flanquer le feu !
    — J'espère que tu as raison, maman, répondit Anne, songeuse.
    Elle doutait sérieusement que des rideaux mités puissent empêcher un quelconque intrus d'entrer.
    — Bien sûr que j'ai raison ! conclut lady Bess en se forçant à sourire. Maintenant, va dire à Mme Bickham de mettre le dîner en marche. Nous allons manger plus tôt, ce soir.
    Lady Bess était décidée à envoyer tout le monde au lit avant que ne viennent les visiteurs de minuit.
    — Maman ? Je crois avoir entendu la cloche de la porte.
    — Qui viendrait à cette heure ? fit lady Bess avec un mouvement d'humeur.
    Un instant après, Bickham, leur maître d'hôtel, cocher et jardinier, annonça avec un peu trop d'emphase :
    — Deux gentilshommes désirent vous voir, m'lady.
    — Leurs noms, Bickham ?
    — Capitaine sir Morgan Lloyd et lieutenant Handley. Dois-je leur dire que vous allez les recevoir ? fit le maître d'hôtel en remarquant avec une désapprobation non dissimulée les chandelles toujours éteintes.
    Il était dans ses fonctions depuis cinquante ans, bien avant l'arrivée de lady Bess.
    — M mm, très bien, mais donnez-moi un instant! ordonna lady Bess. Allume les chandelles, Anne !
    — Mais je croyais que...

    — Anne, pour l'amour de Dieu, cesse de poser des questions tout le temps ! Que veulent-ils de moi ? Qui est ce Lloyd ? fit-elle en tournant en rond frénétiquement. Le nom me semble familier. Je connais Handley, pourtant. Et puis, il fallait vraiment que ce soit ce soir ! Si on les voit venir ici !... Exactement ce qu'il me fallait !
    Lady Bess se remémora avec frayeur tous ceux qui avaient été assez malchanceux pour qu'on les suspecte d'avoir parlé. Avec un peu plus de concentration, elle arrangea les plis de sa robe pour cacher les lambeaux de tissu de son fauteuil.
    — Allez, dis à Bickham de les faire entrer.
    — Maman... Ils ne sont pas venus pour t'arrêter, hein ?
    Lady Bess sursauta. Cette idée ne lui était même pas venue à l'esprit.
    — Bien sûr que non, bécasse ! souffla-t-elle, mais son œil erra tristement sur les dentelles de sa robe, importées illégalement. Fais ce que je t'ai dit. Nos hôtes patientent depuis trop longtemps.
    Jamais lady Bess n'avait vu visage plus sinistre que celui du plus gradé des officiers qui entrèrent dans le salon. Elle croisa son regard d'acier et ne put s'empêcher de frissonner.
    — Messieurs, asseyez-vous, je vous prie. A quoi dois-je le plaisir de votre visite ? déclara-telle avec une courtoise désinvolture, un

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