Les contrebandiers de l'ombre
souffle.
— En fait... je dois admettre que c'était pas mal du tout, Master Brady, considérant que vous n'étiez jamais monté à cheval.
— Vous croyez, lord Robin ? fit Conny, content de ce compliment.
— Sûr ! fit Robin, en imitant la grimace favorite de Conny. Et Butterick est le meilleur. Dans une semaine, vous sauterez les obstacles.
— Vraiment ? fit Conny avec méfiance.
Il n'était pas du tout convaincu. Les deux garçons sautèrent au sol en même temps.
— Alors, ça ne s'est pas trop mal passé... fit Alastair Marlowe.
— Oh, sûr, monsieur Marlowe. C'était pas difficile, hein ? répondit Conny avec un clin d'œil à l'adresse de Robin.
Ce dernier expliqua tous les aspects de l'ascension avec force détails. Revenu sain et sauf sur le plancher des vaches, il fit bénéficier ses cousins d'une description très colorée de la vue magnifique qu'on avait d'en haut.
Conduisant son cheval vers le château, à pied, Alastair Marlowe avait jugé plus habile de rentrer avec le petit groupe d'enfants. La demeure était imposante et il n'était pas trop sûr, même avec une invitation, de l'accueil qu'il y trouverait.
— Voici M. Marlowe, lord Robin, expliqua Conny. C'était le subrécargue du Dragon des mers, le meilleur ami du capitaine...
Alastair Marlowe avait considérablement amélioré son apparence vestimentaire depuis le retour du navire. Mais son beau costume gris et ses bottes neuves ne l'empêchèrent pas de se sentir embarrassé quand il attira sept paires d'yeux émerveillés et curieux.
— Tu exagères...
Alastair, qui avait toujours passé pour un homme courageux, fut désolé de voir la petite bande se disperser une fois dans le hall encombré de valets en livrées toutes différentes. Escorté jusqu'au salon chinois, le vaillant subrécargue attendit anxieusement, en priant pour que Conny aille plus vite que le chambellan. A aucun moment de sa vie pourtant mouvementée, Alastair ne s'était trouvé dans une telle atmosphère. Le grand bal s'ouvrait ce soir et la moitié de Londres était là.
— Alastair ! Vous êtes venu !
En se retournant, le jeune homme buta sur Rhea. Elle était divinement belle dans cette robe rose. Il en resta hébété.
— Comme c'est merveilleux de vous revoir enfin ! Alastair ?
— Pardonnez-moi, lady Rhea, s'excusa Alastair Marlowe. Mes souvenirs...
— Oui, je comprends. Moi aussi, ça me prend de temps en temps... Je pense aux beaux jours...
lui confia-t-elle.
— L'équipage serait ravi de voir que vous portez leur cadeau, et qu'ils n'ont pas été oubliés, fit-il en indiquant la broche.
Avant que Rhea pût répondre, la porte s'ouvrit et Dante Leighton apparut. Le capitaine vit parfaitement leurs mains se détacher subrepticement, et le regard légèrement coupable de son second. Il savait qu'Alastair n'avait pu empêcher une douce flamme de brûler en son cœur pour la femme de son capitaine.
— Capitaine ! Drôlement content de vous voir si-bien portant !
— Je ne suis plus capitaine, Alastair. As-tu oublié que je suis un homme respectable, maintenant ? lui demanda Dante en passant le bras autour de la taille de Rhea.
— Vous n'avez jamais cessé de l'être, à nos yeux, m'lord, répliqua le jeune homme avec emphase.
— Je ne suis pas non plus, « milord » pour mes amis, ordonna Dante d'une voix de capitaine.
Et je crois me souvenir d'un temps où tu ne me croyais pas suffisamment respectable pour convoler en justes noces avec Rhea. Je me trompe ? fit Dante avec un sourire taquin.
— Dante, vraiment... fit Rhea en gloussant.
— Comment pourrait-on résister à une telle beauté ? Malheureusement, la seule issue qui me reste est de composer des poèmes et de me désespérer dans un coin.
— J'ai eu la chance du diable, dirait-on, déclara Dante.
— Je ne vous contredirai pas sur ce point ajouta Alastair, plus tranquille. Puis-je vous présenter mes plus sincères félicitations pour la naissance de votre fils ? Je dois admettre que j'ai été surpris !
Il les dévisagea tous les deux tour à tour.
— Merci, répondit le père dont le visage reflétait la fierté extraordinaire qu'il avait ressentie lorsqu'il s'était trouvé pour la première fois en présence du jeune Christopher... Tu étais à Londres, ces derniers temps ? poursuivit-il, ressentant brusquement une certaine nostalgie pour son navire et son équipage. Ils sont tous partis ?
— Je crois bien. Je sais que Cobbs a acheté une maison dans le
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