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Les croisades vues par les arabes

Les croisades vues par les arabes

Titel: Les croisades vues par les arabes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amin Maalouf
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marcher sans tarder à la tête d'une puissante armée et de secourir Alep. Quand, à son retour, Ibn al-Khachab informe Redwan du succès de sa mission, le roi, tout en priant pour qu'il n'en soit rien, feint de se réjouir. Il fait même savoir à son cousin sa hâte de participer au jihad à ses côtés. Mais au moment où on lui annonce en juillet que les troupes du sultan approchent réellement de sa ville il ne cache plus son désarroi. Faisant barricader toutes les portes, il arrête Ibn al-Khachab et ses principaux partisans et les enferme dans la prison de la Citadelle. Les soldats turcs sont chargés de quadriller jour et nuit les quartiers de la ville pour empêcher tout contact entre la population et « l'ennemi ». La suite des événements va justifier en partie sa volte-face. Privées du ravitaillement que le roi aurait dû leur procurer, les troupes du sultan se vengent en pillant sauvagement les environs d'Alep. Puis. à la suite de dissensions entre Mawdoud et les autres émirs, l'armée se désintègre sans qu'aucun combat soit livré.
    Mawdoud revient en Syrie deux ans plus tard, chargé par le sultan de rassembler tous les princes musulmans, à l'exception de Redwan, contre les Franj. Alep lui étant interdite, c'est tout naturellement dans cette autre grande ville qu'est Damas qu'il installe son quartier général, afin de préparer une offensive d'envergure contre le royaume de Jérusalem. Son hôte, l'atabek Toghtekin, fait mine d'être comblé par l'honneur que le délégué du sultan lui témoigne, mais il est tout aussi terrorisé que l'était Redwan. Il craint que Mawdoud ne cherche à s'emparer de sa capitale, tout geste de l'émir est ressenti comme une menace pour l'avenir. 
    Le 2 octobre 1113, nous dit le chroniqueur de Damas, l'émir Mawdoud quitte son camp, situé près de la porte de Fer, l'une des huit entrées de la ville, pour se rendre comme chaque jour à la mosquée omayyade en compagnie de l'atabek boiteux.
Quand la prière fut terminée et que Mawdoud eut fait quelques dévotions supplémentaires, ils s'en allèrent tous deux, Toghtekin marchant devant pour faire honneur à l'émir. Ils étaient entourés de soldats, de gardes et de miliciens portant toutes sortes d'armes; les sabres affilés, les épées pointues, les cimeterres et les poignards nus donnaient l'impression d'une broussaille épaisse. Tout autour d'eux, la foule se pressait pour admirer leur apparat et leur magnificence. Lorsqu'ils atteignirent la cour de la mosquée, un homme sortit de la foule et s'approcha de l'émir Mawdoud comme pour prier Dieu en sa faveur et lui demander l'aumône. Soudain, il saisit la ceinture de son manteau et le frappa de son poignard par deux fois au-dessus du nombril. L'atabek Toghtekin fit quelques pas en arrière et ses compagnons l'entourèrent. Quant à Mawdoud. très maître de lui, il marcha jusqu'à la porte nord de la mosquée puis s’écroula. On fit venir un chirurgien qui réussit à coudre une partie des blessures, mais l'émir mourut au bout de quelques heures, Dieu lui fasse miséricorde!
    Qui a tué le gouverneur de Mossoul à la veille de son offensive contre les Franj ? Toghtekin s'empressa d'accuser Redwan et ses amis de la secte des Assassins. Mais, pour la plupart des contemporains, seul le maître de Damas a pu armer le bras du tueur. Selon lbn al-Athir, le roi Baudouin, choqué par ce meurtre, aurait envoyé à Toghtekin un message particulièrement méprisant : Une nation , lui dit-il, qui tue son chef dans la maison de son dieu mérite d'être anéantie! Quant au sultan Mohammed, il hurle de colère quand on lui apprend la mort de son lieutenant. S'estimant person- nellement insulté par ce forfait, il décide de mettre définitivement au pas tous les dirigeants syriens, aussi bien ceux d'Alcp que ceux de Damas, lève une armée de plusieurs dizaines de milliers de soldats, commandée par les meilleurs officiers du clan seldjoukide, et ordonne sèchement à tous les princes musulmans de venir la rejoindre pour accomplir le devoir sacré du jihad contre les Franj.
    Quand la puissante expédition du sultan arrive en Syrie centrale au printemps 1115, une surprise de taille l'attend. Baudouin de Jérusalem et Toghtekin de Damas sont là, cóte à côte, entourés de leurs troupes, ainsi que de celles d'Antioche, d'Alep et de Tripoli. Les princes de Syrie, aussi bien musulmans que francs, se sentant également menacés par le sultan, ont décidé de se

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