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Les croisades vues par les arabes

Les croisades vues par les arabes

Titel: Les croisades vues par les arabes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amin Maalouf
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une alliance, acceptée aussitôt par le sultan qui envoie un détachement de ses troupes afin de renforcer la garnison de Tibériade. L'armée de Jérusalem recule.
    Le 30 avril 1187, alors que les combattants arabes, turcs et kurdes continuent d’affluer sur Damas par vagues successives, Saladin dépêche à Tibériade un messager pour demander à Raymond, conformément à leur alliance, de laisser ses éclaireurs faire un tour de reconnaissance du côté du lac de Galilée. Le comte est embarrassé, mais ne peut refuser. Il a pour seule exigence que les soldats musulmans quittent son territoire avant le soir et promettent dene s'attaquer ni aux personnes ni aux biens de ses sujets. Pour éviter tout incident, il prévient toutes les localités des environs du passage des troupes musulmanes et demande aux habitants de ne pas sortir de chez eux. Le lendemain, vendredi 1er mai, à l'aube, sept mille cavaliers commandés par un lieutenant de Saladin passent sous les murs de Tibériade. Le soir même, quand ils refont ce même chemin en sens inverse, ils ont respecté à la lettre les exigences du comte, ils ne s'en sont pris ni aux villages ni aux châteaux, ils n'ont raflé ni or ni bétail et pourtant ils n'ont pu éviter l'incident. En effet, les grands maîtres des Templiers et des Hospitaliers se trouvaient tous deux, par hasard, dans une forteresse des environs, lorsque la veille un messager de Raymond est venu annoncer la venue du détachement musulman. Le sang des moines-soldats n'a fait qu'un tour. Pour eux, il n'y a pas de pacte avec les Sarrasins! Rassemblant à la hâte quelques centaines de chevaliers et de fantassins, ils ont donc décidé de courir à l'assaut des cavaliers musulmans, près du village de Saffouriya, au nord de Nazareth. En quelques minutes, les Franj ont été décimés. Seul le grand maître des Templiers est parvenu à s'échapper.
Apeurés par cette défaite, relate Ibn al-Athir, les Franj envoyèrent à Raymond leur patriarche, leurs prêtres et leurs moines, ainsi qu'un grand nombre de chevaliers, et lui reprochèrent amèrement son alliance avec Salaheddin. Ils lui dirent : « Tu t'es certainement converti à l'islam, sinon tu n'aurais pas pu supporter ce qui vient d'arriver. Tu n'aurais pas admis que les musulmans passent à travers ton territoire, qu'ils massacrent les Templiers et les Hospitaliers et qu'ils se retirent en emmenant des prisonniers sans que tu essaies de t'y opposer. » Les propres soldats du comte, ceux de Tripoli et de Tibériade, lui firent les mêmes reproches, et le patriarche menaça de l'excommunier et d'annuler son mariage. Soumis à ces pressions, Raymond prit peur. Il s'excusa et se repentit. Ils lui pardonnèrent, se réconcilièrent avec lui et lui demandèrent de mettre ses troupes à la disposition du roi et de participer au combat contre les musulmans. Le comte partit donc avec eux. Les Franj réunirent alors leurs troupes, cavaliers et fantassins, près d'Acre, puis ils marchèrent, traînant le pas, vers le village de Saffouriya.
    Dans le camp musulman, la débâcle de ces ordres religieux militaires, unanimement craints et détestés, donne un avant-goût de victoire. Désormais, émirs et soldats ont hâte de croiser le fer avec les Franj. En juin, Saladin rassemble donc toutes ses troupes à mi-chemin entre Damas et Tibériade : douze mille cavaliers qui défilent devant lui, sans compter fantassins et volontaires. Du haut de son destrier, le sultan a hurlé son ordre du jour, bientôt répété en écho par des milliers de voix enflammées : « Victoire sur l'ennemi de Dieu! »
    Pour son état-major, Saladin a analysé calmement la situation : « L'occasion qui s'offre à nous ne se reproduira sans doute jamais plus. A mon avis, l'armée musulmane doit affronter tous les infidèles en une bataille rangée. Il faut se lancer résolument dans le jihad avant que nos troupes ne se dispersent. » Ce que le sultan veut éviter, c'est que, la saison des combats se terminant en automne, ses vassaux et ses alliés ne rentrent chez eux avec leurs troupes avant qu'il ait pu remporter la victoire décisive. Mais les Franj sont des guerriers d'une extrême prudence. En voyant les forces musulmanes ainsi regroupées, ne vont-ils pas chercher à éviter le combat? 
    Saladin décide de leur tendre un piège, tout en priant Dieu pour qu'ils s'y laissent prendre. Il se dirige vers Tibériade, occupe la ville en une seule journée, ordonne d'y allumer de

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