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Les croisades vues par les arabes

Les croisades vues par les arabes

Titel: Les croisades vues par les arabes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amin Maalouf
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poursuit :
Après avoir prononcé ces paroles, le sultan sortit, monta à cheval, puis s'éloigna, laissant les captifs en proie à la terreur. Il supervisa le retour des troupes, puis il revint vers sa tente. Là, il fit amener Arnat, avança vers lui en tenant son sabre et le frappa entre le cou et l'omoplate. Lorsque Arnat tomba à terre, on lui coupa la tête, puis on traîna le corps par les pieds devant le roi, qui commença à trembler. Le voyant ainsi secoué, le sultan lui dit d'un ton rassurant : « Cet homme n'a été tué qu'en raison de sa malfaisance et de sa perfidie! »
    De fait le roi et la plupart des prisonniers seront épargnés, mais les Templiers et les Hospitaliers subiront le sort de Renaud de Châtillon. 
    Saladin n'a pas attendu la fin de cette mémorable journée pour rassembler ses principaux émirs et les féliciter de leur victoire qui a rétabli, dit-il, l'honneur trop longtemps bafoué par les envahisseurs. Désormais, estime-t-il, les Franj n'ont plus d'armée, et il faut en profiter sans aucun délai pour leur reprendre les terres qu'ils ont injustement occupées. Dès le lendemain, qui est un dimanche, il attaque donc la citadelle de Tibériade où l'épouse de Raymond sait qu'il ne sert plus à rien de résister. Elle s'en remet à Saladin qui, bien entendu, laisse partir les défenseurs avec tous leurs biens sans qu'ils soient inquiétés. 
    Le mardi suivant l'armée victorieuse marche sur le port d'Acre, qui capitule sans résistance. La cité a acquis, au cours des dernières années, une importance économique considérable, puisque c'est par elle que passe tout le commerce avec l'Occident. Le sultan essaie d'engager les nombreux marchands italiens à demeurer, promettant de leur offrir toute la protection nécessaire. Mais ils préfèrent partir vers le port voisin de Tyr. Tout en le regrettant, il ne s'y oppose pas. Il les autorise même à transporter toutes leurs richesses et leur offre une escorte pour les protéger des brigands. 
    Jugeant inutile de se déplacer lui-même, à la tête d'une si puissante armée, le sultan charge ses émirs de réduire les diverses places fortes de Palestine. Les uns après les autres, les établissements francs de Galilée et de Samarie se rendent, en quelques heures ou en quelques jours. C'est notamment le cas de Naplouse, de Haïfa et de Nazareth, dont les habitants se dirigent tous vers Tyr ou vers Jérusalem. Le seul accrochage sérieux a lieu à Jaffa, où une armée venue d’Egypte, sous le commandement d’al-Adel, frère de Saladin, se heurte à une farouche résistance. Quand il parvient à l'emporter, al-Adel réduit l'ensemble de la population en esclavage. Ibn al-Athir raconte qu'il a lui-même acheté dans un marché d'Alep une jeune captive franque venue de Jaffa.
Elle avait un enfant d'un an. Un jour, pendant qu'elle le portait dans ses bras, il tomba et s'égratigna le visage. Elle éclata en sanglots. Je cherchai à la consoler en lui disant que la blessure n'était pas grave et qu'il ne fallait pas pleurer ainsi pour si peu de chose. Elle me répondit : « Ce n'est pas pour cela que je pleure, mais à cause du malheur qui s'est abattu sur nous. J'avais six frères qui ont tous péri; quant à mon mari et à mes sœurs, je ne sais pas ce qu'ils sont devenus. » De tous les Franj du littoral. Précise l'historien arabe, seuls les gens de Jaffa ont subi un tel sort.
    De fait, partout ailleurs, la reconquête se fait en douceur. Après son court séjour à Acre, Saladin se dirige vers le nord. Il passe devant Tyr, mais, décidant de ne pas s'attarder au pied de sa puissante muraille, il entame une marche triomphale le long de la côte. Le 29 juillet, après soixante-dix-sept ans d'occupation, Saïda capitule sans coup férir, suivie, à quelques jours d'intervalle, par Beyrouth et Jbail. Les troupes musulmanes sont désormais toutes proches du comté de Tripoli, mais Saladin, qui croit n'avoir plus rien à craindre de ce côté-là, revient vers le sud, pour s'arrêter à nouveau devant Tyr, se demandant s'il ne devrait pas l'assiéger.
Après quelque hésitation, nous dit Bahaeddin, le sultan y renonça. Ses troupes étaient dispersées un peu partout, ses hommes étaient fatigués par cette trop longue campagne, et Tyr était trop bien défendue car tous les Franj du littoral y étaient maintenant rassemblés. Il préféra donc attaquer Ascalon, qui était plus aisée a prendre.
    Un jour viendra où Saladin regrettera

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