Les derniers jours de Jules Cesar
d’argent sur moi, mais j’ai ça, répondit
Publius Sextius en pliant son bâton de vigne, symbole de son rang.
— À quoi ça me servirait ? Tu ne me fais pas peur,
cela fait longtemps que j’exerce ce métier.
— Je ne repartirai pas sans avoir entendu ce qui
m’intéresse. On m’a dit que tu me livrerais des renseignements importants, et
je les aurai. Comment ? C’est à toi d’en décider. »
Nebula garda le silence un moment puis reprit sur un autre
ton : « Donne-moi tout ce que tu peux, je t’en prie, j’en ai besoin.
Pour obtenir ce renseignement, j’ai dépensé une somme énorme et risqué ma vie.
J’ai dû emprunter de l’argent. Si je ne le rends pas, on me tuera.
— Combien veux-tu ?
— Huit mille. »
Publius Sextius ouvrit une des besaces fixées au
harnachement de son cheval et lui remit une bourse. « Cinq mille. C’est
tout ce que j’ai. Mais si tu me donnes tes informations, tu en recevras autant.
— Publius Sextius a la réputation d’être un homme de
parole.
— C’est la pure vérité.
— Il y a six mois, à Narbonne, après la bataille de
Munda, alors que César était encore en Espagne, une conjuration s’est formée
pour le tuer.
— En effet, j’en ai entendu parler.
— Oui, mais j’en ai la preuve. Et il est possible que
les conjurés soient encore actifs.
— Des noms.
— Gaius Trebonius.
— Je le connais. Qui d’autre ?
— Cassius Longinus et Publius Casca. Son frère aussi,
peut-être… C’est tout ce que je sais. De toute façon, César est sans doute au
courant, ou tout au moins a des soupçons, même s’il ne le montre pas. Il ignore
toutefois un détail, un détail qui m’a coupé le souffle. À Narbonne, Trebonius
a proposé à Marc Antoine de faire partie du complot.
— Attention, Nebula, les mots sont aussi pesants que
les pierres.
— Ou les poignards. Quoi qu’il en soit, Antoine a
refusé et n’en a parlé à personne.
— Comment peux-tu l’affirmer ?
— Si Antoine avait parlé, crois-tu que Trebonius serait
encore en vie ?
— Exact. Je veux savoir si les conjurés sont toujours
actifs. Ce bruit circule, César ne peut pas l’ignorer. Ce que tu m’as révélé à
propos d’Antoine m’inquiète. Sais-tu ce qui s’est passé aux Lupercales ?
— Tout le monde est au courant.
— Bien. Ce que tu m’as dit éclaire d’une autre lumière l’attitude
d’Antoine. Il a offert publiquement la couronne royale à César, ce qui
constitue à mes yeux une provocation. Pis, un piège. La réaction de César le
confirme. Antoine n’est pas stupide, il n’aurait pas pu accomplir ce geste sans
raison. Une chose est certaine : César l’en aurait empêché s’il avait été
averti.
— On pourrait approfondir la question, mais cela
demanderait du temps.
— Rien ne dit que nous en ayons, répliqua Publius
Sextius. La situation pourrait basculer d’un moment à l’autre.
— C’est possible.
— Alors ?
— Il existe une solution. Rapproche-toi de Rome selon
un itinéraire qui me permettra de t’adresser des messages ou des
renseignements.
— Improbable. Je serai trop rapide.
— Je possède les moyens nécessaires, répondit Nebula.
— Comme tu veux.
— Entre-temps, je chercherai d’autres confirmations.
— As-tu une idée précise ?
— Oui. Mais il ne s’agit pour l’heure que d’hypothèses.
Quoi qu’il en soit, j’ai besoin d’une information de grande importance pour
entrer en action.
— Laquelle ?
— Qui t’envoie ? Pour qui
travailles-tu ? »
Publius Sextius hésita un instant avant d’affirmer :
« Pour lui, pour César.
— Quelle est ta mission ? Démasquer les
conjurés ?
— Non. Prendre contact avec des officiers qui ont placé
des espions à la cour du roi des Parthes, communiquer aux états-majors des
renseignements concernant l’expédition et ramener à Rome un document secret.
— Dans ce cas, de quoi parlons-nous ?
— J’ai un double mandat. Vérifier s’il y a une
conjuration et apprendre l’identité de ses membres.
— Pour le compte de César ?
— Non, même si cela peut te paraître étrange. Disons
qu’une personne de très haut rang s’intéresse de près à la santé de César. Moi
aussi, du reste. Je donnerais ma vie pour lui.
— Bien. Cet intérêt prouve que la conjuration existe
bien et qu’elle pourrait à tout moment déboucher sur une action.
— César prépare son
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