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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Pluton. Mais si je meurs,
tout est terminé, ne l’oublie pas.
    — Suis-moi à l’extérieur », coupa court son
interlocuteur, un vétéran de la guerre civile qui avait soutenu Pompée et dont
les bras, couverts de cicatrices, évoquaient les pattes d’un loup tombé dans un
piège.
    Ils gagnèrent une charrette que surveillaient deux
énergumènes à la mine patibulaire, certainement armés.
    « Tu peux mettre l’argent sur mon mulet », déclara
Nebula en exhibant une copie de l’itinéraire qu’il avait donné à Publius
Sextius.
    L’homme le glissa dans sa ceinture. « Après réflexion,
deux cents devraient te suffire.
    — Tu crois vraiment pouvoir enculer Nebula ? Un
idiot de ton espèce ? »
    Le vétéran cessa de ricaner.
    « Puisque tu as voulu jouer au plus fin, tu me donneras
cet argent jusqu’au dernier as. Une clé est nécessaire pour lire cet itinéraire,
et elle est en possession d’un type qui travaille pour vous à la Mutatio ad
Medias. Il a une tête de rat, et on l’appelle Mustela. Nous formons
toutefois une société. Tant que tu ne lui auras pas présenté mon reçu, que tu
trouveras à l’endroit habituel, il n’ouvrira pas le bec. À ce moment-là, je
serai loin. Mustela est compris dans le prix. C’est lui qui continuera. Vous,
vous n’y arriverez jamais. »
    Furibond, l’ancien partisan de Pompée chargea la somme sur
le mulet de Nebula, lequel sauta sur le bât et s’éloigna au trot.
    « J’oubliais… Dès que tu auras le reçu, file aussi vite
que tu le peux, car il y a une heure que l’homme est parti ! »
     
     
    Romae,
in Domo Publica, Nonis Mart., hora quinta
    Rome,
demeure du grand pontife, 7 mars,
    dix
heures du matin
     
    L’orage s’était apaisé. Silius réunit ses documents et gagna
le cabinet de César.
    « J’ai besoin de ta signature, mon général.
    — De quoi s’agit-il ? »
    César détourna les yeux du rouleau qu’il remplissait
lui-même, contrairement à ses habitudes. En effet, Silius l’avait toujours vu
dicter ses écrits. Pendant la campagne de Gaule, il l’avait même entendu
dicter, à cheval, deux lettres destinées à deux destinataires différents.
Depuis qu’il était rentré d’Espagne, il corrigeait lui-même ses Commentarii.
    « Des actes à soumettre à l’approbation du sénat :
décrets, allocations, indemnités pour l’armée, un financement particulier pour
le pavage d’une route en Anatolie… Comme d’habitude. Il y a aussi du
courrier. »
    Le dictateur lui ayant adressé un regard interrogateur,
Silius poursuivit : « Non, rien de lui, général. Sois-en certain, dès
que je recevrai un message, je te le communiquerai où que tu sois.
    — De qui est-ce, alors ? interrogea César qui se
repencha sur ses travaux.
    — De Pollion, à Cordoue.
    — Bien.
    — De Plancus, en Gaule…
    — Y a-t-il des procédures d’urgence ?
    — Oui. En Espagne, la situation est toujours
compliquée.
    — Montre. »
    L’aide de camp remit à César la lettre de Pollion partie dix-sept
jours plus tôt. Le grand pontife brisa le sceau et la parcourut, le front
plissé.
    « Rien de grave, j’espère ? demanda Silius.
    — La situation est grave en Espagne. Les partisans de
Pompée sont encore forts et aguerris, malgré tout. À Munda, j’étais au bord du
suicide.
    — Je le sais, mon général. J’y étais. Mais nous avons
fini par l’emporter.
    — Que de morts… On ne me le pardonnera jamais. Trente
mille Romains mis en pièces par mes hommes.
    — Ils l’avaient cherché, César.
    — Je vois que cette phrase te plaît.
    — C’est la vérité.
    — Non. C’est une phrase remarquable en matière de
propagande, mais qui ne résiste pas à une analyse approfondie. Personne n’a
envie de mourir. La disparition de ces vaillants guerriers constitue un gâchis
insupportable. S’ils étaient vivants… s’ils pouvaient partir avec moi en guerre
contre les Parthes… ou veiller sur les frontières d’un monde pacifié… »
    L’homme d’État entreprit de tracer des signes sur une
tablette à l’aide du stylet en argent et ambre que lui avait offert Cléopâtre.
    « Vois-tu, j’ai tenté d’établir un bilan ces derniers
temps.
    — À quel sujet ?
    — Au sujet des soldats romains morts au combat contre
d’autres Romains au cours des guerres civiles : Marius contre Sylla,
Pompée contre Sertorius, moi contre Pompée puis contre Scipion et Caton à
Thapsus, contre les

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