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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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tant
d’épreuves… tu le sais, sans me dérober à ma dignité d’épouse de César. Y
compris de ne pas pouvoir te donner d’enfant, d’héritier. Mais ça, non. »
    Elle fondit en pleurs.
    Le dictateur sortit du bassin et s’enroula dans un drap de
bain en lin. Il caressa la tête de sa femme. « Ne pleure pas, je t’en
prie. Nous sommes tous très fatigués et je me sens seul. Silius a disparu. Cela
fait plusieurs jours que je suis sans nouvelles de Publius Sextius. Viens,
essayons de dormir. »
    Un coup de tonnerre retentit au-dessus du palais et le ciel
ouvrit ses cataractes. Une averse de grêle et d’eau s’abattit sur le toit, et
l’on entendit peu après le ruissellement des gouttières. Les antéfixes vomirent
un jet d’eau trouble, les éclairs jetèrent une lumière blême sur les masques
ricaneurs des satyres.
    Dans le lit nuptial, Calpurnia se rapprocha de son époux,
passa le bras sur sa poitrine et posa la joue sur son épaule. Elle attendit que
sa respiration se fasse plus profonde et régulière, signe qu’il dormait, pour
s’abandonner à son tour au sommeil, bercée par le bruit de la pluie.
     
     
    Romae,
in Domo Publica, Id. Mart., tertia vigilia
    Rome,
demeure du grand pontife, 15 mars,
    troisième
tour de garde, deux heures du matin
     
    La représentation en marbre de Jules César, à l’entrée du
palais, brillait sous la pluie. Le dictateur à vie brandissait le bras en un geste
d’orateur, et le marbre gris de sa cuirasse avait des allures de métal. Un
éclair l’illumina, et aussitôt après la foudre s’abattit sur la statue, la
désintégrant. Les morceaux roulèrent avec fracas sur les marches. Il ne resta
sur le piédestal que les jambes tronquées sous les genoux et les pieds
enveloppés dans les courroies des sandales militaires.
    Réveillée en sursaut par ce vacarme, Calpurnia s’aperçut que
les battants de la fenêtre s’étaient décrochés et qu’ils claquaient contre le
mur extérieur. À la vue de la statue en pièces, elle poussa un cri aigu. César
la serra contre lui.
    « Calme-toi. C’est juste une fenêtre qui claque.
    — Non ! Regarde, ta statue a été frappée par la
foudre, elle s’est brisée. C’est un terrible présage… »
    Elle se leva et courut à la fenêtre, suivie par César qui
avait tenté en vain de la retenir.
    César jeta un coup d’œil à l’extérieur. La statue était
toujours là.
    « Ce n’était qu’un rêve, dit-il. Il ne s’est rien
passé. La statue est intacte. »
    Calpurnia s’approcha, hésitante, comme si elle craignait de
regarder. Son époux avait raison. Dressée sur son piédestal, la statue brillait
sous la pluie.
    « Recouche-toi, maintenant. Essaie de te calmer. »
    Tandis qu’il prononçait ces mots, le dictateur, pris de
sueurs froides, pressentit l’arrivée d’une crise. Il descendit au
rez-de-chaussée sous un prétexte et gagna la chambre d’Antistius. Mais il se
ravisa au dernier moment.
    Ce n’était qu’une impression. Peut-être un cauchemar, comme
celui de Calpurnia.
    Il pénétra dans son cabinet où brûlaient encore les lampes à
huile pendues à un grand candélabre en bronze. Son regard se posa sur sa table.
Le rouleau de ses Commentarii de bello Gallico y était étalé. Il le
déroula des deux côtés. Il posa les yeux par hasard sur le chapitre qui relatait
la grande bataille menée contre les Nerviens. La scène se présenta à sa mémoire
avec tant d’intensité qu’il crut entendre les cris et sentir l’odeur âcre du
sang.
    Il se battait en première ligne. Un Gaulois gigantesque le
frappait de sa hache, brisait son bouclier. Il se défendait à l’aide de son
épée, mais glissait sur le terrain couvert de sang et tombait à genoux. Au
moment où il allait être tué, Publius Sextius, blessé à plusieurs reprises, se
lançait sur son ennemi, le transperçant de son glaive. Le centurion lui tendait
ensuite la main et l’aidait à se relever.
    « Nous nous en tirerons, mon général !
    — Nous nous en tirerons, centurion ! »
    Une voix retentit dans son dos : « César… Que
fais-tu ici ? J’ai entendu du bruit… Pourquoi n’essaies-tu pas de
dormir ? Je te prépare un peu de potion ?
    — Antistius… Non, je suis descendu prendre un gobelet
d’eau et je me suis arrêté… pour éteindre les lampes.
    — Comment te sens-tu ?
    — J’ai cru qu’une crise venait. Mais non, je vais bien.
    — Des nouvelles de

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