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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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portiques. L’air était limpide et frais.
    Avec le lever du soleil, le ciel s’était
éclairci : seuls quelques nuages effilochés voguaient sur le bleu vif.
Au loin, vers l’est, les cimes des monts étaient enneigées.
    César se préparait à sortir après sa collation. Vêtu d’un latus
clavus, une tunique à larges bandes pourpres descendant jusqu’aux pieds, il
regardait dans l’atrium les serviteurs qui achevaient de l’habiller. L’un d’eux
bouclait sa ceinture, un deuxième lui laçait d’élégantes sandales, deux autres
drapaient sa toge ornée de pourpre sur ses épaules et autour de son bras
gauche.
    À l’écart, Calpurnia l’observait, l’air inquiet. Dès que les
esclaves se furent éclipsés, elle reprit le discours qu’elle avait interrompu à
leur arrivée. « J’ai fait de terribles cauchemars, qui sont des
prémonitions inquiétantes. J’ai d’abord vu ta statue brisée, puis j’ai rêvé que
je te tenais dans mes bras, blessé, mourant… Ne pars pas, je t’en prie. Ne sors
pas.
    — Calpurnia, tu es une femme cultivée et intelligente.
Tu ne peux pas croire les rêves. Ce ne sont que le reflet de nos angoisses de
la journée, de nos peurs ou de nos désirs. Les rêves nous présentent ce que nous
avons déjà vécu, non ce que nous devons encore vivre. Sais-tu pourquoi tu as
fait ces cauchemars ? Parce que tu prêtes attention à certains racontars
et parce que j’ai eu la mauvaise idée de te parler de Spurinna et de sa
vaticination. Voilà tout. »
    Les yeux embués de larmes, Calpurnia ne parvenait pas à
chasser ses cauchemars de son esprit. Et les mots de César ne les dissipaient
pas.
    « Que devrais-je faire selon toi ? poursuivit-il.
Envoyer quelqu’un dire au sénat que je n’assisterai pas à la séance que j’ai
moi-même convoquée parce que ma femme a fait de mauvais rêves ?
    — Tu ne te portes pas bien. Tu as de la fièvre et tu
n’as pas assez dormi. C’est évident.
    — Hors de question. Que penserait-on de moi ? Je
demande aux sénateurs d’approuver l’octroi d’allocations importantes à mes
vétérans, et je ne me présente pas au sénat parce que je suis légèrement
souffrant ? »
    Calpurnia se tordait les mains et tentait d’essuyer les
larmes qui coulaient sur ses joues. « Que puis-je faire pour t’empêcher de
quitter cette demeure ? Dois-je te rappeler que tu m’es redevable ?
Que je n’ai jamais prononcé un mot de reproche ni modifié ma conduite alors que
tout le monde savait que tu me trompais ? Que je me suis toujours occupée
de ta demeure avec dévouement, y compris quand la reine d’Égypte t’a donné un
fils, et maintenant encore, alors qu’elle continue, j’en suis persuadée, de
t’envoyer d’ardents messages d’amour ? »
    César se tourna vers elle d’un mouvement brusque, le regard
empli de colère. Mais Calpurnia s’obstina : « Oui, tu peux me
maudire, pester, me mépriser, mais fais quelque chose pour moi, une seule
chose ! Ne quitte pas ces murs sacrés en ce jour funeste. Je ne t’ai
jamais rien demandé, je ne te demanderai jamais plus rien. Je te laisserai
partir, les yeux secs quand viendra le moment. Fais-le pour ton épouse
légitime, voilà tout ce que je te demande. »
    Troublé par ses pleurs, César finit par céder. « Soit.
J’essaierai de trouver un prétexte qui ne me ridiculise pas. Et maintenant, je
t’en prie, laisse-moi. »
    Une fois qu’elle fut sortie, il appela son médecin.
    « Me voici, César.
    — Envoie un messager au sénat. Qu’il annonce que je ne
peux pas assister à la séance. Invente une excuse plausible.
    — Tu ne te portes pas bien, César. Cela ne suffit-il
pas ?
    — Non. Mais tu trouveras certainement des arguments
plus graves.
    — Bien sûr, et je n’ai pas besoin de les inventer.
    — Alors, va. Je ne peux pas faire attendre les
sénateurs. »
    Antistius jeta une cape sur ses épaules et se dirigea vers le
Champ de Mars. En traversant le Forum, il vit passer sur le côté nord de la
place Cassius Longinus, Tillius Cimbrus, Publius Servilius Casca et des hommes
qu’il ne connaissait pas. Ils avançaient ensemble d’un pas rapide. Cassius
était accompagné d’un garçon, probablement son fils, qui devait revêtir la toge
virile ce jour-là.
    La tramontane soufflait et le ciel était presque dégagé, le
soleil brillait sur la ville. Au fur et à mesure qu’il se rapprochait de la
curie de Pompée où la séance aurait

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