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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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lieu, Antistius remarquait les litières
d’un certain nombre de sénateurs qu’il avait appris à identifier. Plus
traditionalistes, d’autres membres du sénat s’y rendaient à pied, d’autres
encore, fatigués par l’âge, s’appuyaient sur une canne ou sur l’épaule d’un fils.
    Le médecin aperçut Licinius Celer, Aurelius Cotta, Publius
Cornelius Dolabella, un sénateur âgé, ami de Cicéron, Popilius Laenas, Gaius
Trebonius et bien d’autres. Il hâta le pas afin de les précéder. Une fois à
destination, il jeta un regard circulaire et constata que les sénateurs étaient
presque tous présents. Il ne parvenait pas à distinguer Cicéron ; en
revanche, il entrevit Decimus Brutus et, un peu plus tard, Marcus Junius
Brutus, l’air torve.
    Il gagna la table du sénateur chargé de rédiger le procès-verbal
de la séance et lui communiqua le message suivant : « César ne pourra
être présent aujourd’hui. Il est souffrant, fiévreux, et il a passé une nuit
agitée. Il te prie de présenter ses excuses à l’assemblée. »
    C’est alors que survint Decimus Brutus. « Que se
passe-t-il, Antistius ?
    — César ne se sent pas bien. Il ne pourra venir au
sénat ce matin.
    — Comment ? Ce n’est pas possible !
    — C’est pourtant vrai. Il a passé une mauvaise nuit, il
a de la fièvre. Il a demandé à repousser la séance. »
    Decimus Brutus lança au greffier : « Ne transmets
aucune communication tant que je ne serai pas rentré. »
    Antistius était troublé par la froideur de l’homme, qui
n’avait même pas demandé de quoi souffrait son chef et ami. Il rebroussa
chemin, intrigué.
    Un bruissement parcourait les groupes des sénateurs qui se
consultaient peut-être sur les thèmes à aborder au cours de la journée. Ils
auraient maintenant un nouveau motif de discussion. Nombre d’entre eux
semblaient inquiets. Certains allaient de groupe en groupe, d’autres
murmuraient quelque chose à l’oreille d’un confrère, qui opinait gravement du
bonnet ou manifestait de la surprise, des soucis, du trouble.
    Il traversa le grand portique et repartit en toute hâte vers
la Domus Publica en évitant de rejoindre Decimus Brutus qui le
précédait. Il entra dans la demeure juste après lui. Aussitôt, il entendit
s’élever sa voix et celle de César.
    « César, le sénat t’attend, que se
passe-t-il ? »
    Il entra à son tour et découvrit César allongé sur un divan,
le visage sombre. Il s’adressa alors au sénateur : « Je crois avoir
déjà répondu à cette question. Ne vois-tu donc pas que César est
souffrant ? »
    Sans même se retourner, Decimus Brutus déclara :
« Son état ne me semble pas si grave…
    — C’est moi qui en décide. Il a eu une crise d’asthme.
Il faut qu’il se repose. »
    Decimus Brutus maîtrisa à grand-peine son indignation face à
ce petit Grec qui osait s’opposer à lui. Il l’ignora ostensiblement et
poursuivit : « César, tu as convoqué le sénat. Ton absence sera
interprétée comme une insulte envers sa dignité. Au nom des dieux,
ravise-toi ! Nous avons assez de problèmes comme ça. »
    C’est alors que Calpurnia fit son apparition. « Il est
malade. Dis au sénat que César n’est pas en mesure de présider la séance. Il ne
se sent pas bien. Un aveugle le verrait.
    — Ne pas se présenter serait pire que ce petit effort.
Il s’y rendra en litière. Il n’a qu’à faire acte de présence : saluer le
sénat, manifester son respect, prier les membres de l’assemblée de l’excuser.
Il sera de retour dans une heure. Repousser cette séance serait une colossale
erreur politique. Cela alimenterait toutes sortes de racontars, de méchancetés
et de calomnies. »
    César se redressa. « Decimus a raison. J’y demeurerai
le temps de me montrer et d’échanger quelques mots avec les membres de
l’assistance. Je serai de retour très vite. Après quoi nous dînerons ensemble,
Calpurnia, ne t’inquiète pas. »
    Il s’approcha et ajouta d’un ton affectueux : « Tu
n’as aucune raison de te faire du souci, crois-moi. »
    Calpurnia le dévisagea, accablée, résignée. Elle comprenait
quelle avait perdu. Immobile sur le seuil, Antistius regarda le dictateur
s’éloigner en compagnie de Decimus Brutus en direction de la curie de Pompée.
     
     
    Romae,
in aedibus Brutus, Id. Mart., hora tertia
    Rome,
demeure de Brutus, 15 mars, huit heures du matin
     
    L’assistant d’Antistius gagna

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