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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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de Glaucus, parla ainsi :
    « Est-ce que je ne mets pas trop de roses dans ta guirlande, Glaucus ? On dit que la rose est ta fleur favorite.
    – Et la fleur favorite, ma Nydia, de tous ceux qui ont l’âme ouverte à la poésie ; c’est la fleur de l’amour, la fleur des festins. C’est aussi la fleur que nous consacrons au silence et à la mort ; elle couronne nos fronts pendant la vie, tant que la vie vaut la peine d’être possédée ; on la sème sur nos sépulcres quand nous ne sommes plus.
    – Oh ! je voudrais bien, dit Nydia, au lieu de tresser cette périssable guirlande, dérober à la main des Parques la trame de tes jours, pour y glisser une rose !
    – Charmante Nydia, ton vœu est digne de la voix qui chante des airs si délicieux ; c’est l’esprit de la Musique qui te l’inspire, et, quelle que soit ma destinée, je te remercie.
    – Quelle que soit ta destinée ? N’est-elle pas la plus brillante, la plus belle de toutes ? Mon souhait est inutile : les Parques te seront aussi propices que je voudrais l’être moi-même.
    – Il n’en serait pas ainsi, Nydia, sans l’amour. Tant que la jeunesse dure, je puis oublier par moments ma patrie ; mais quel Athénien, parvenu à l’âge mûr, peut penser à ce qu’était Athènes, et se contenter d’être heureux, lui, lorsqu’elle est déchue, déchue, hélas ! à jamais ?
    – Et pourquoi à jamais ?
    – De même que les cendres ne peuvent plus se rallumer, que l’amour, une fois qu’il est mort, ne peut revivre ; de même la liberté qu’un peuple a perdue ne se retrouve plus. Mais ne traitons pas ces questions-là, qui ne sont pas faites pour toi.
    – Tu te trompes, elle sont faites pour moi. La Grèce a mes soupirs aussi : mon berceau a reposé au pied du mont Olympe ; les dieux ont délaissé la montagne, mais on y voit encore leurs traces ; elles se sont conservées dans le cœur de leurs adorateurs, dans la beauté du climat. On m’a dit qu’il était bien beau, et moi-même j’ai senti son air, auprès duquel l’air de ce pays est rude ; son soleil, auprès duquel celui-ci est froid. Oh ! parle-moi de la Grèce ! Pauvre insensée que je suis, je te comprends, et il me semble que, si j’étais demeurée sur ces rivages, si j’étais restée une fille grecque dont l’heureux destin eût été d’aimer et d’être aimée, j’aurais pu armer mon amant pour un autre Marathon ou une nouvelle Platée ! Oui, la main qui tresse maintenant des roses aurait pu tresser pour toi une couronne d’olivier.
    – Si un tel jour venait, dit Glaucus, emporté par l’enthousiasme de la Thessalienne, et en se levant à demi…, mais non. Le soleil s’est couché, et la nuit nous condamne à oublier, à égayer notre oubli… Continue à tresser tes roses. »
    Mais ce fut avec le ton d’une gaieté forcée où perçait la mélancolie, que l’Athénien prononça ces dernières paroles. Tombant dans une profonde rêverie, il n’en sortit que quelques minutes après, à la voix de Nydia, qui chantait à voix basse l’hymne suivant qu’il lui avait appris autrefois :
    L’APOLOGIE DU PLAISIR
    I
    Lauriers, votre guirlande sainte,
    Appartient aux vieux héros morts ;
    Leur tombe, dans sa froide enceinte,
    Conserve ces pieux trésors.
    Sa feuille est destinée au brave,
    Et non à ma profane main.
    La rose est faite pour l’esclave,
    Elle se flétrira demain.
    II
    Mais si la gloire est descendue
    Près de ceux dont elle est l’appui,
    Si la liberté s’est perdue,
    Si l’espoir loin de nous a fui,
    Qu’une autre couronne repose
    Sur nos fronts, ô lauriers vainqueurs !
    Notre héritage, c’est la rose,
    Héritage des faibles cœurs !…
    III
    Sur la montagne solennelle,
    Tout noble pas s’est arrêté ;
    Les cœurs, que la mémoire appelle,
    Ne battent plus dans la cité ;
    Les dieux ont oublié la Grèce,
    Ils ont délaissé ses enfants.
    Mais bannissons toute tristesse,
    Montrons-nous encor triomphants.
    IV
    On entend, le long du rivage,
    Murmurer de tendres accords.
    L’oiseau chante sous le feuillage,
    Le ruisseau voit fleurir ses bords ;
    L’Hymette donne un miel céleste
    Aux enfants comme à leurs aïeux ;
    Les dieux s’en vont, mais l’amour reste,
    Le premier, le dernier des dieux.
    V
    Tressez donc, oui tressez les roses ;
    La beauté nous sourit toujours.
    Rien n’a changé le cours des choses,
    La beauté charme encor nos jours.
    Roses, parlez-moi, je vous prie,
    De la Grèce aux

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