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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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petit pied avec une certaine violence ; vous me tirez les cheveux comme si vous arrachiez de mauvaises herbes.
    – Triple bête ! continua la maîtresse de cérémonie, ne savez-vous pas combien votre maîtresse est délicate ?… vous n’avez pas affaire aux crins de la veuve Fulvia. Maintenant, le ruban. C’est cela. Belle Julia, regarde-toi dans ton miroir. As-tu jamais vu quelque chose de plus aimable et de plus charmant que toi ? »
    Lorsque, après d’innombrables commentaires, des difficultés et des retards, la tour capillaire eut été parachevée, la préparation qui suivit fut de donner aux yeux une douce expression de langueur, produite au moyen d’une poudre foncée qu’on appliquait sur les paupières et sur les sourcils ; une petite mouche taillée en forme de croissant, placée adroitement près des lèvres rosées, attirait l’attention sur les fossettes et sur les dents, dont l’art s’était déjà exercé à augmenter la blancheur naturelle.
    Une autre esclave, qui jusque-là s’était tenue à l’écart, s’approcha alors pour arranger les joyaux, les boucles d’oreilles de perles (deux à chaque oreille), les massifs bracelets d’or, la chaîne formée d’anneaux du même métal, à laquelle était suspendu un talisman en cristal ; la gracieuse agrafe sur l’épaule gauche, qui renfermait un camée représentant Psyché ; la ceinture de ruban pourpre richement brodé en fil d’or, et attachée par des serpents entrelacés ; enfin les différentes bagues pour chacun des doigts délicats et effilés de la Pompéienne. La toilette était achevée selon la dernière mode de Rome. La belle Julia se regarda avec un dernier coup d’œil de satisfaction personnelle, et, se renversant sur son siège, commanda languissamment à la plus jeune de ses esclaves de lui lire les vers amoureux de Tibulle. Cette lecture avait déjà commencé, lorsqu’une esclave introduisit Nydia auprès de la maîtresse de la maison.
    « Salve, Julia, dit la bouquetière, en s’arrêtant à quelques pas de l’endroit où Julia était assise, et en croisant ses bras sur sa poitrine ; j’ai obéi à vos ordres.
    – Tu as bien fait, bouquetière, répondit Julia ; approche, assieds-toi. »
    Une des esclaves plaça un tabouret près de Julia, et Nydia s’y assit.
    Julia considéra quelques instants la Thessalienne d’un air embarrassé. Elle fit signe à ses esclaves de sortir et de fermer la porte. Lorsqu’elle fut seule avec Nydia, elle lui dit en la regardant, et en oubliant que son interlocutrice ne pouvait observer sa physionomie :
    « Tu sers la Napolitaine Ione ?
    – Je suis chez elle en ce moment.
    – Est-elle aussi belle qu’on le dit ?
    – Je ne sais pas ; comment pourrais-je juger de sa beauté ?
    – Ah ! j’aurais dû me rappeler… mais tu as des oreilles, si tu n’as pas d’yeux. Tes compagnes, les autres esclaves, disent-elles qu’Ione est belle ? Les esclaves dans leur intimité oublient de flatter même leur maîtresse.
    – On me dit qu’elle est belle, très belle !
    – Ah ! Est-elle grande ?
    – Oui.
    – C’est comme moi. A-t-elle des cheveux noirs ?
    – Je l’ai entendu dire.
    – J’ai des cheveux noirs aussi. Et Glaucus va-t-il la voir souvent ?
    – Tous les jours.
    – Tous les jours dis-tu ; et la trouve-t-il belle ?
    – Je le pense, puisqu’ils vont bientôt se marier.
    – Se marier ! » s’écria Julia, dont on eût pu voir la pâleur soudaine, même à travers les fausses couleurs répandues sur ses joues.
    Elle se leva brusquement. Nydia ne pouvait s’apercevoir de l’émotion que ses paroles avaient causée. Julia se tut quelque temps ; mais son sein oppressé et ses yeux pleins de flamme auraient facilement appris à qui aurait eu d’autres yeux que ceux de Nydia, combien sa vanité était blessée.
    « On prétend que tu es Thessalienne ? dit-elle, rompant enfin le silence.
    – On dit vrai.
    – La Thessalie est la terre de la magie des magiciennes, des talismans et des philtres amoureux, reprit Julia.
    – On l’a toujours, en effet, regardée comme le pays des nécromanciens, répondit Nydia timidement.
    – Connais-tu, toi, aveugle thessalienne, quelque charme qui fasse aimer ?
    – Moi ! répliqua la bouquetière en rougissant, comment en connaîtrais-je ?… Assurément non, je n’en connais pas.
    – Tant pis pour toi ; je t’aurais donné assez d’or pour acheter ta liberté, si tu avait été plus

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