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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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dire avec raison ; l’enfer est sous nos pieds, répondit la sorcière en montrant la terre de son doigt osseux, et je veux bien te dire un secret. Les êtres ténébreux d’ici-bas vous menacent de leur colère, vous qui habitez là-haut… vous tous, jeunes, imprévoyants et beaux.
    – Tu n’as que de mauvaises paroles, peu convenables à l’hospitalité, reprit Glaucus, et à l’avenir j’affronterai l’orage plutôt que ta présence.
    – Tu feras bien. Nul ne devrait entrer chez moi, excepté les malheureux.
    – Et pourquoi les malheureux ? demanda l’Athénien.
    – Je suis la magicienne de la montagne, répliqua la sorcière avec un terrible sourire ; mon métier est de donner de l’espérance à qui n’en a plus ; j’ai des philtres pour les gens contrariés dans leurs amours ; des promesses de trésors pour les avaricieux ; des potions vengeresses pour les méchants ; pour les heureux et les bons, je n’ai que ce que la vie a elle-même, des malédictions. Ne me trouble pas davantage. »
    Après cela, la terrible hôtesse de la caverne reprit son attitude silencieuse, sans que Glaucus pût l’engager dans une plus ample conversation. Aucune altération de ses traits rigides et immobiles n’indiquait même qu’elle l’entendît. Par bonheur, l’orage, aussi calme qu’il avait été violent, commençait à passer, la pluie tombait avec moins de force ; et, à mesure que les nuages se dissipaient, la lune se montrait dans le ciel en flamme, et jetait une claire lumière dans cette demeure sinistre : jamais peut-être elle n’avait éclairé un groupe plus digne d’être reproduit par l’art du peintre. La jeune, la toute belle Ione, était assise près du foyer grossier ; son amant, qui avait déjà oublié la présence de la sorcière, était couché à ses pieds, les yeux tournés vers elle et lui murmurant de douces paroles ; l’esclave, pâle et effrayée, se tenait à peu de distance, et la sorcière, au formidable aspect, les surveillait du regard. Cependant, ces deux êtres si beaux avaient repris leur sérénité (car tel est le pouvoir de l’amour). Ils paraissaient sans inquiétude, et on les aurait pris pour des êtres d’un ordre supérieur, descendus dans cette mystérieuse et sombre caverne. Le renard les contemplait de son coin, avec des yeux perçants et sauvages ; Glaucus, en se retournant vers la sorcière, aperçut pour la première fois, sur le siège qu’elle occupait, le regard étincelant et la tête courroucée d’un large serpent ; il se peut que les vives couleurs du manteau de l’Athénien, jeté sur les épaules d’Ione, eussent attiré la colère du reptile ; sa tête se dressa, il sembla se préparer à s’élancer sur la Napolitaine. Glaucus s’empara sur-le-champ d’un tison du foyer, et, comme si cette action augmentait la fureur du serpent, il sortit de sa retraite et se dressa sur sa queue jusqu’à la hauteur du Grec.
    « Sorcière, s’écria Glaucus, rappelle ce serpent à toi, ou tu vas le voir tomber mort.
    – Il a été dépouillé de son venin, dit la sorcière, réveillée par cette menace ; mais avant que ces paroles fussent échappées de ses lèvres, le serpent s’était élancé sur Glaucus. L’agile Grec, qui était sur ses gardes, se jeta précipitamment de côté, et frappa un coup si violent et avec tant d’adresse sur la tête du serpent, que l’animal tomba sans force, parmi les cendres brûlantes du foyer.
    La sorcière bondit et se plaça en face de Glaucus, avec un visage qui aurait convenu à la plus horrible des Furies, tant il y avait de colère et de rancune dans son expression, quoiqu’elle conservât, même dans son horreur et dans son redoutable aspect, des contours et des traces de beauté. Elle n’offrait rien, en effet, comme nous l’avons dit, de cette laideur ridicule et grotesque dans laquelle les imaginations du Nord ont cherché la source de la terreur.
    « Tu as, dit-elle d’une voix lente et ferme, qui contrastait par son calme avec l’expression de son visage, tu as trouvé un abri sous mon toit, tu t’es réchauffé à mon foyer, tu m’as rendu le mal pour le bien ; tu as frappé et peut-être tué l’être qui m’aimait et qui m’appartenait, bien plus, la créature consacrée entre toutes aux dieux, et que les hommes regardent comme vénérable {51}  ; sache quelle punition t’attend. Par la Lune, qui est la protectrice de la magicienne, par Orcus, qui est le

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