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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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vie ? Dévoiler les mystères auxquels il avait été associé… avilir les autels qu’il avait servis, dénoncer la déesse dont il avait été le ministre, déchirer la robe qu’il portait encore ! Il ne se dissimulait pas la haine et l’horreur qu’il inspirerait aux personnes pieuses, alors même qu’il réussirait ; si le succès lui manquait, quel châtiment n’attirerait pas sur lui une offense jusqu’alors inconnue, et pour laquelle aucune loi pénale même n’existait, tant elle était imprévue… On chercherait sans doute dans l’arsenal de la vieille législation quelque loi cruelle, tombée en désuétude, pour lui faire expier son crime. Ses amis… sa sœur, sa compagne d’enfance… auraient peut-être pitié de lui ; mais lui rendraient-ils justice ?… Cet acte brave et héroïque ne serait-il pas considéré par leurs yeux, que le paganisme aveuglait, comme une odieuse apostasie ?
    Il oserait tout néanmoins ; il renoncerait à toute chose de ce monde, pour s’assurer l’éternité dans cet autre monde, qui lui avait été si soudainement révélé ! Pendant que ses pensées assaillaient d’un côté son cœur, de l’autre son courage, son orgueil, sa vertu, se mêlant au désir de se venger des indignes supercheries auxquelles il avait participé, au dégoût que lui inspirait la fraude, conspiraient ensemble pour l’élever et le soutenir.
    Le conflit était dur et pénible ; mais ses nouveaux sentiments triomphaient des anciens. Un puissant argument en faveur de ceux qui rompent avec la consécration des anciennes idées, et des formes héréditaires, peut être tiré de l’exemple victorieux de ce jeune prêtre. Si les premiers chrétiens avaient été plus soumis à la solennelle autorité des coutumes, s’ils avaient été moins démocrates dans la plus pure acception de ce mot, dont on a si souvent perverti le sens, le christianisme aurait péri dans son berceau. Comme chaque prêtre devait passer à son tour plusieurs nuits dans le temple, le service d’Apaecidès n’était pas encore terminé, et lorsqu’il se fut levé de son lit, qu’il eut revêtu, comme d’habitude, sa robe de ministre d’Isis et quitté sa chambre, il se trouva seul devant les autels du temple.
    Épuisé par ces dernières émotions, il avait dormi plus tard que d’habitude, et le soleil vertical lançait déjà ses plus chauds rayons dans l’enceinte sacrée.
    « Salve, Apaecidès, dit une voix dont l’aspérité naturelle se déguisait sous un ton de douceur artificieuse et déplaisante ; tu parais tard ce matin. La déesse s’est-elle révélée à toi dans tes visions ?
    – Que ne peut-elle se révéler telle qu’elle est au peuple, Calénus, l’encens ne fumerait plus sur ces autels.
    – Cela est peut-être vrai, répondit Calénus ; mais la déesse est assez sage pour ne se communiquer qu’aux prêtres.
    – Un temps pourra venir où son voile lui sera ôté malgré elle.
    – Cela n’est pas probable ; elle a triomphé durant des siècles sans nombre ; et ce qui a duré si longtemps succombe rarement à l’amour de la nouveauté ! Mais prends-y garde, jeune prêtre, ces paroles me paraissent bien indiscrètes.
    – Ce n’est pas à toi de leur imposer silence, répondit Apaecidès avec hauteur.
    – Voilà qui est bien vif… mais je ne veux pas me quereller avec toi… Comment, mon cher Apaecidès, l’Égyptien ne t’a-t-il pas convaincu de la nécessité de notre union à tous ? Ne t’a-t-il pas convaincu qu’il est sage de tromper le peuple et de jouir de la vie ?… S’il ne l’a pas fait, frère, il n’est pas si grand magicien que je le présumais.
    – Alors tu as écouté ses leçons, reprit Apaecidès avec un dédaigneux sourire.
    – Oui ; mais j’en avais moins besoin que toi. La nature m’avait libéralement doué de l’amour du plaisir et de l’envie d’obtenir richesse et pouvoir. Le chemin qui conduit le voluptueux aux austérités de la vie est long, mais il n’y a qu’un pas des plaisirs du péché à une hypocrisie commode. Crains la vengeance de la déesse, si l’on vient à découvrir combien ce pas est court !
    – Et toi, redoute le moment où la tombe sera ouverte et la corruption visible, répondit Apaecidès d’un air solennel. Vale. »
    Après avoir prononcé ces paroles, il laissa le flamine à ses méditations. Lorsqu’il eut fait quelques pas, il retourna la tête. Calénus avait déjà disparu dans la salle

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