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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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les yeux, qu’il distinguait plus clairement, se fixaient sur lui avec une impitoyable immobilité.
    « Qui es-tu ? demanda de nouveau involontairement la voix de l’Égyptien.
    – Je suis celui que ta science a reconnu ; » et le spectre se mit à rire : « mon nom est le DESTIN.
    – Où me conduis-tu ?
    – À l’inconnu.
    – Au bonheur, ou à l’affliction ?
    – Ce que tu as semé, tu le moissonneras.
    – Sombre créature ! Il n’en doit pas être ainsi. Si tu es le guide de la vie, mes crimes sont les tiens, non les miens.
    – Je ne suis que le souffle de Dieu, répondit le vent redoutable.
    – Alors ma science est vaine, murmura le dormeur.
    – Le laboureur accuse-t-il la destinée, lorsque après avoir semé des chardons il ne récolta point de blé ? Tu as semé le crime, n’accuse pas le destin si tu ne recueilles pas la moisson de la vertu.
    La scène changea soudain. Arbacès se trouva dans un cimetière rempli d’ossements humains, au milieu desquels on distinguait un crâne qui, conservant toujours les cavités décharnées de ses yeux, prit peu à peu, dans la mystérieuse confusion du songe, la figure d’Apaecidès ; de ses mâchoires entrouvertes sortit un petit ver qui se mit à ramper jusqu’aux pieds d’Arbacès. L’Égyptien essaya de mettre le pied dessus et de l’écraser, mais le ver devenait plus large et plus long à chaque effort tenté pour le détruire : il s’agrandit et s’enfla si bien qu’il prit la forme d’un gros serpent qui se serra autour des membres d’Arbacès ; il lui broyait les os ; il élevait jusqu’à son visage ses yeux étincelants et ses dents empoisonnées ; Arbacès luttait en vain contre lui ; il se flétrissait ; il s’épuisait sous l’influence de la dégoûtante haleine du serpent ; il se sentait mourir. Alors, le reptile, qui continuait à porter la figure d’Apaecidès, fit résonner ces mots à son oreille ivre de crainte :
    « Ta victime est ton juge. Le ver que tu as voulu écraser est devenu le serpent qui te dévore. »
    Arbacès se releva en poussant un cri de colère, de douleur et de résistance désespérée ; ses cheveux s’étaient dressés sur sa tête, son front était baigné de sueur, ses yeux étaient fixes et égarés, tout son corps frissonnait, comme celui d’un enfant, sous la pénible impression de ce songe. Il s’éveilla donc, il se recueillit, il remercia les dieux, dans lesquels il ne croyait pas, de ce que ce n’était qu’un songe. Il jeta les yeux autour de lui, il vit les rayons du jour naissant pénétrer à travers sa haute et étroite croisée : c’était le jour où il devait triompher… Il se réjouit, il sourit ; mais, en baissant les yeux, il aperçut à côté de lui la figure sépulcrale, les regards mornes, les lèvres livides de la sorcière du Vésuve.
    « Ah ! cria-t-il en posant ses mains sur ses yeux comme pour fuir cette sombre vision, est-ce que je dors encore ?… et suis-je toujours avec les morts ?
    – Non, non, puissant Hermès, tu es avec l’image de la mort, mais non avec la mort. Reconnais ton amie et ton esclave. »
    Il y eut un long silence. Les frissons qui avaient passé sur les membres de l’Égyptien diminuèrent peu à peu : il reprit son calme à la fin.
    « C’était bien un songe, dit-il. Allons-y, n’y songeons plus, sans quoi les plaisirs du jour ne compenseraient pas les angoisses de la nuit. Femme, comment es-tu venue ici, et pourquoi ?
    – Je suis venue pour t’avertir, répondit la voix sépulcrale de la sorcière.
    – M’avertir !… Le songe ne mentait donc pas ?… Et de quel péril ?
    – Écoute-moi. Quelque grand danger menace la cité. Fuis pendant qu’il en est temps. Tu sais que j’habite cette montagne sur laquelle la vieille tradition a placé les feux du Phlégéthon. Il y a dans ma caverne un vaste abîme, et j’y ai remarqué depuis peu un ruisseau rouge et sombre qui monte avec lenteur. J’ai entendu souvent des sons terribles sifflant et mugissant dans les ténèbres. La dernière nuit, j’ai voulu voir, et j’ai vu que le ruisseau n’avait plus rien de sombre, qu’il était flamboyant, lumineux ; et pendant que je regardais, l’animal qui vit avec moi, et qui tremblait à mon côté, poussait de sourds gémissements, s’étendait sur le sol et mourait {86} . Sa gueule était toute couverte d’écume. Je remontai dans ma tanière ; mais j’entendis distinctement toute la nuit le roc

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