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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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craquer et s’entrouvrir ; et, quoique l’air fût lourd et tranquille, le vent sifflait et il s’y mêlait comme un bruit de roues sous la terre. Lorsque je me suis levée ce matin à la naissance du jour, j’ai regardé de nouveau dans l’abîme, et j’ai vu de nombreux fragments de pierres noires qui flottaient sur le courant, plus large, plus terrible, plus rouge encore que pendant la nuit. Alors je suis sortie, j’ai monté sur le sommet du rocher, et sur ce sommet j’ai aperçu une vaste crevasse que je n’avais pas encore remarquée, d’où s’élevait une obscure et légère fumée. Cette vapeur était mortelle. Je sentis une défaillance, comme si j’allais mourir. Je suis revenue chez moi, j’ai pris mon or et mes drogues ; j’ai quitté cette demeure où j’ai passé tant d’années car je me suis souvenue de cette prédiction étrusque, qui dit « Lorsque la montagne s’ouvrira, la cité tombera ; lorsque la fumée couronnera les sommets des champs brûlés, les enfants de la mer connaîtront le malheur et les larmes. » Maître suprême ! avant de quitter ces murs pour quelque asile éloigné, je viens à toi ; je suis assurée comme de mon existence, que le tremblement de terre qui a remué la cité, il y a soixante ans, jusque dans ses bases, n’était que le précurseur d’une catastrophe plus terrible. Les murs de Pompéi ont été bâtis sur le domaine de la mort et sur les rives de l’Enfer, qui ne connaît point de repos. Te voilà averti ! fuis !
    – Sorcière, je te remercie de l’intérêt que tu prends à un homme qui n’est pas ingrat. Sur cette table se trouve une coupe d’or ; prends-la, elle est à toi. Je ne croyais pas que, les prêtres d’Isis exceptés, il y eût une personne vivante qui songeât à sauver Arbacès de la destruction. Les signes que tu as vus dans le lit du volcan éteint, continua l’Égyptien pensif, indiquent assurément quelque imminent danger pour la cité, peut-être un tremblement de terre plus considérable que le premier. Quoi qu’il en puisse être, c’est une nouvelle raison pour moi de quitter ces murs. Demain je partirai. Fille d’Étrurie, de quel côté te diriges-tu ?
    – Je me rendrai aujourd’hui à Herculanum, et le long de la côte je chercherai une nouvelle demeure. Je reste sans amis, sans compagnons ; le renard et le serpent ne sont plus. Grand Hermès ! tu m’as promis vingt années additionnelles d’existence.
    – Oui, dit l’Égyptien, je te les ai promises. Mais, femme, ajouta-t-il en s’appuyant sur son bras et regardant sa figure avec curiosité, dis-moi, je t’en prie, pourquoi désires-tu vivre ? quelle douceur espères-tu découvrir dans la vie ?
    – Ce n’est pas la vie qui est douce, c’est la mort qui est terrible », répliqua la sorcière d’un ton brusque et pénétrant qui impressionna vivement le cœur de l’orgueilleux astrologue ; il frémit de la vérité de cette réponse, et ne souhaitant pas retenir davantage son étrange visiteuse :
    « Le temps passe, dit-il ; je dois me préparer pour le solennel spectacle de ce jour. Adieu, ma sœur ; amuse-toi tant que tu pourras avec les cendres de cette vie… »
    La sorcière, qui avait déjà caché le précieux cadeau d’Arbacès dans les longs plis de ses vêtements, se leva pour partir. Lorsqu’elle eut atteint la porte, elle se retourna et dit : « C’est peut-être le dernier instant que nous nous voyons sur la terre. Mais où s’en va la flamme lorsqu’elle quitte les cendres ? Errante de côté et d’autre, en haut, en bas, comme une exhalaison des marais, la flamme peut se retrouver sur les bords du lac inférieur : et la sorcière et le mage, le disciple et le maître, celui qui est grand, celui qui est maudit, se rencontreront de nouveau. Adieu donc !
    – Hors d’ici, vieille corneille ! » murmura Arbacès pendant que la porte se refermait sur les haillons de la sorcière ; et dans l’impatience de ses pensées, sans être encore tout à faire remis des frayeurs de son rêve, il appela ses esclaves.
    C’était la coutume d’assister aux solennités de l’amphithéâtre en habits de fête : Arbacès s’habilla ce jour-là avec plus de soin que d’habitude. Sa tunique était d’une éblouissante blancheur ; ses agrafes étaient composées des pierres les plus précieuses ; sur sa tunique flottait une large robe orientale, qui servait en même temps de manteau et qui brillait des plus

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