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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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vous ! Je savais bien que vous me feriez la grâce de venir me visiter.
    – Glaucus en y comptant n’a fait que se rendre justice à lui-même, dit Nydia ; il a toujours été si bon pour la pauvre aveugle !
    – Qui pourrait agir autrement ? » répondit tendrement Glaucus avec l’accent d’un frère plein de compassion.
    Nydia soupira, garda un moment le silence et, sans répondre à son observation, poursuivit ainsi :
    « Il n’y a pas longtemps que vous êtes de retour ?
    – C’est aujourd’hui le sixième soleil qui se lève pour moi à Pompéi.
    – Êtes-vous en bonne santé ?… Ah ! je n’ai pas besoin de le demander : car celui-là ,qui voit la terre qu’on dit être si belle, ne peut mal se porter.
    – Je me porte bien ; et vous Nydia ?… Comme vous avez grandi !… l’année prochaine, vous aurez à penser à la réponse que vous ferez à vos amoureux. »
    Une nouvelle rougeur colora les joues de Nydia ; mais tout en rougissant elle fronça le sourcil. « Je vous ai apporté quelques fleurs » dit-elle, sans rien révéler de l’émotion qu’elle avait ressentie et après avoir cherché autour d’elle, une table qui était près de Glaucus, elle ajouta en y posant les fleurs de sa corbeille : « elles ont peu de prix mais elles sont fraîchement cueillies.
    – Vinssent-elles de Flore même, je ne les recevrais pas mieux, dit Glaucus avec bonté, et je renouvelle encore le vœu que j’ai fait aux Grâces de ne point porter d’autres guirlandes tant que vos mains m’en tresseront comme celles-ci.
    – Et comment trouvez-vous les fleurs de votre viridarium ? Elles ont prospéré ?
    – Admirablement ; les dieux lares eux-mêmes ont dû veiller sur elles.
    – Ah ! vous me faites plaisir, dit Nydia, car je suis venue aussi souvent que je l’ai pu pour les arroser et les soigner pendant votre absence.
    – Comment vous remercier, belle Nydia ? dit le Grec. Glaucus ne songeait guère qu’il eût laissé à Pompéi une surveillante si fidèle de ses fleurs favorites. »
    Les mains de la jeune fille tremblaient et son sein s’émut doucement sous les plis de sa tunique. Elle se détourna avec embarras :
    « Le soleil est bien chaud aujourd’hui pour les pauvres fleurs, dit-elle, et elles doivent croire que je les néglige ; car j’ai été malade et voilà neuf jours que je ne suis venue les arroser.
    – Malade, ma Nydia ! et pourtant vos joues ont plus d’éclat que l’année dernière.
    – Je suis souvent souffrante, reprit la pauvre aveugle d’un ton touchant, et à mesure que je grandis, je regrette davantage d’être privée de la vue. Mais pensons aux fleurs. »
    Aussitôt elle fit un léger salut de la tête et passant dans le viridarium s’occupa d’arroser les fleurs.
    « Pauvre Nydia, se dit Glaucus en la regardant, bien dur est ton destin ; tu ne vois ni la terre, ni le soleil, ni la lune, ni les étoiles ; bien plus tu ne peux pas voir Ione. »
    Ces derniers mots ramenèrent sa pensée à la soirée de la veille lorsqu’il fut de nouveau interrompu dans ses rêveries par l’entrée de Claudius. Une preuve de la vivacité avec laquelle son amour s’était accru et de la délicatesse de ses nouvelles impressions, c’est que bien qu’il n’eût pas hésité à confier à Claudius, le secret de sa première entrevue et l’effet qu’Ione avait produit sur lui par sa beauté, il éprouva actuellement une invincible aversion à prononcer son nom. Il avait vu Ione, belle, pure, sans tache, au milieu de la jeunesse légère et dissipée de Pompéi, forçant les plus débauchés au respect par le charme de sa personne et changeant les désirs les plus sensuels en une sorte de contemplation idéale, comme si par son pouvoir intellectuel et moral elle renversait la fable de Circé et transformait les animaux en hommes. Ceux, qui ne pouvaient comprendre son âme, se spiritualisaient en quelque sorte grâce à la magie de sa beauté ; ceux, qui n’avaient pas des cœurs capables d’apprécier sa poésie, avaient au moins des oreilles sensibles à la mélodie de sa voix. La trouvant aussi entourée, purifiant et éclairant tout par sa présence, Glaucus sentit lui-même pour la première fois la grandeur de sa nature propre : il sentit combien étaient peu dignes de la divinité et de ses songes et les compagnons de ses plaisirs passés et les occupations auxquelles il s’était abandonné. Un voile semblait tomber de ses yeux. Il vit

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