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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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j’ai à conférer avec vous relativement à lui et sur d’autres matières ; pouvez-vous m’admettre dans quelque appartement moins sacré ?
    – Assurément » répondit le prêtre, en le conduisant vers une des cellules qui entouraient la porte ouverte.
    Là, ils s’assirent devant une petite table, qui leur présentait des fruits, des œufs, plusieurs plats de viandes froides et des vases pleins d’excellents vins. Pendant que les deux compagnons faisaient cette collation, un rideau tiré sur l’entrée du côté de la cour, les dérobait à la vue mais les avertissait par son peu d’épaisseur qu’ils eussent à parler bas ou à ne pas trahir leur secret. Ils prirent le premier parti.
    « Vous savez, dit Arbacès d’une voix qui agitait à peine l’air tant elle était douce et légère, vous savez que j’ai toujours eu pour règle de m’attacher à la jeunesse… Les esprits flexibles et non encore formés deviennent mes meilleurs instruments. Je les travaille, je les tisse, je les moule selon ma volonté. Je ne fais des hommes que des serviteurs ; mais des femmes…
    – Vous en faites des maîtresses, dit Calénus, dont le sourire livide enlaidissait encore les traits disgracieux.
    – Oui, je ne le nie pas : la femme est le premier but, le grand désir de mon âme ; de même que vous autres, vous engraissez les victimes pour le sacrifice, moi j’aime à élever les amantes consacrées à mes plaisirs. J’aime à cultiver, à mûrir leurs esprits, à développer la douce fleur de leurs passions cachées, afin de préparer un fruit à la hauteur de mon goût. Je déteste vos courtisanes toutes faites et trop accomplies. C’est dans le progrès (progrès qui s’ignore lui-même) de l’innocence au désir que je trouve le charme véritable de l’amour ; c’est ainsi que je défie la satiété : en contemplant la fraîcheur des sensations chez les autres, je conserve la fraîcheur des miennes. Les jeunes cœurs de mes victimes, voilà les ingrédients que je jette dans la chaudière, où je puise un rajeunissement perpétuel. Mais c’est assez : venons à notre sujet. Vous savez que j’ai rencontré, il y a quelque temps à Néapolis, Ione et Apaecidès, frère et sœur, enfants d’Athéniens, qui étaient venus demeurer dans cette cité. La mort de leurs parents, qui me connaissaient et m’estimaient, me constitua leur tuteur ; je ne négligeai rien de ma charge. Le jeune homme docile et d’un caractère plein de douceur céda sans peine à l’impression que je voulus lui donner. Après les femmes, ce que j’aime, ce sont les souvenirs de mon pays natal ; je me plais à conserver, à propager dans les contrées lointaines (que ses colonies peuplent peut-être encore) nos sombres et mystiques croyances. Je trouve, je crois, autant de plaisir à tromper les hommes qu’à servir les dieux. J’appris à Apaecidès à adorer Isis. Je lui révélai quelques-unes des sublimes allégories que son culte voile ; j’excitai dans une âme particulièrement disposée à la ferveur religieuse cet enthousiasme dont la foi remplit l’imagination. Je l’ai placé parmi vous chez un des vôtres.
    – Il est à nous, dit Calénus ; mais en stimulant sa foi, vous l’avez dépouillé de la sagesse. Il s’effraye de ne plus se sentir dupe. Nos honnêtes fraudes, nos statues qui parlent, nos escaliers dérobés le tourmentent et le révoltent. Il gémit, il se désole et converse avec lui-même ; il refuse de prendre part à nos cérémonies. On l’a vu fréquenter la compagnie d’hommes suspects d’attachement pour cette secte nouvelle et athée qui renie tous nos dieux et appelle nos oracles des inspirations de l’esprit malfaisant, dont parlent les traditions orientales. Nos oracles, hélas ! nous savons trop, où ils puisent leurs inspirations.
    – Voilà ce que je soupçonnais, dit Arbacès rêveur, d’après les reproches qu’il m’a adressés la dernière fois que je l’ai rencontré ; il m’évite depuis quelque temps. Je veux le chercher ; je veux continuer mes leçons. Je l’introduirai dans le sanctuaire de la sagesse, je lui enseignerai qu’il y a deux degrés de sainteté : le premier la foi ; le second la fraude ; l’un pour le vulgaire, le second pour le sage.
    – Je n’ai jamais passé par le premier, dit Calénus, ni vous non plus, je pense, Arbacès.
    – Vous êtes dans l’erreur, répliqua gravement l’Égyptien ; je crois encore aujourd’hui

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