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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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l’éloquence du Grec ne tarissait jamais. Il lui dépeignit les bosquets d’oliviers aux teintes argentées, qui environnaient encore les temples déjà dépouillés d’une partie de leurs splendeurs, mais si beaux toujours même dans leur décadence. Il jeta un regard sur la mélancolique cité d’Harmodius le Libre et de Périclès le Magnifique du haut de ces souvenirs, qui font une vaste lumière des plus sombres obscurités. Il avait vu la terre de la poésie justement à l’âge poétique de sa jeunesse ; et le sentiment patriotique s’associait dans son cœur à cette effusion du printemps de la vie. Ione l’écoutait, absorbée et muette ; ces accents et ces descriptions avaient plus de douceur pour elle que les adulations prodiguées par ses nombreux adorateurs. Était-ce une faute d’aimer un compatriote ? Elle aimait Athènes en lui ; les dieux de sa race, la terre de ses songes, lui parlaient dans sa voix. À partir de ce moment, ils se virent chaque jour. Dans la fraîcheur de la soirée, ils allaient se promener sur une mer tranquille. Ils se retrouvaient encore sous les portiques ou dans les appartements d’Ione. Leur amour fut subit mais puissant. Il remplit toutes les sources de leur vie : cœur, cerveau, sens, imagination furent à la fois prêtres et ministres de cette passion. Si l’on enlève l’obstacle qui séparait deux objets disposés à une attraction naturelle, ils se joignent, ils se réunissent sur-le-champ. Ils ne s’étonnaient que d’une chose, c’était d’avoir vécu si longtemps loin l’un de l’autre. Et leur amour était bien naturel : même jeunesse, même beauté, même origine, même âme, quelle poésie dans leur union ! Ils se figuraient que les cieux souriaient à leur tendresse. De même que ceux que l’on persécute cherchent un refuge aux pieds des autels ainsi l’autel de leur amour leur semblait un asile contre les chagrins de la terre ; ils le couvraient de fleurs ; ils ne soupçonnaient pas que des serpents pussent se cacher sous ces fleurs.
    Un soir le cinquième à dater de leur première rencontre à Pompéi, Glaucus et Ione, avec une société peu nombreuse d’amis choisis, revenaient d’une excursion autour de la baie ; leur barque glissait légèrement sur les eaux dont le brillant miroir n’était brisé que par leurs rames ruisselantes : pendant que le reste de la compagnie s’entretenait gaiement, Glaucus couché aux pieds d’Ione n’osait la regarder. Elle rompit la première le silence :
    « Mon pauvre frère ! dit-elle en soupirant ; comme il aurait savouré les délices de cette heure !
    – Votre frère, dit Glaucus, je ne l’ai pas vu. Occupé de vous seule, je n’ai pensé à aucune autre chose. Sans cela, je vous aurais demandé si ce n’était pas votre frère, ce jeune homme pour lequel vous m’avez quitté en sortant du temple de Minerve à Néapolis.
    – C’était lui.
    – Et il est ici ?
    – Il y est.
    – À Pompéi et sans être constamment avec vous ? Impossible.
    – Il a d’autres devoirs, répondit Ione avec tristesse : il est prêtre d’Isis.
    – Si jeune encore, prêtre d’un culte si sévère, au moins dans sa règle, dit le Grec, dont le cœur était ardent et généreux et le ton de ses paroles marquait autant de surprise que de pitié. Qui a pu le conduire là ?
    – Il était enthousiaste et plein d’une ferveur toute religieuse ; l’éloquence d’un Égyptien, notre ami et notre tuteur, éveilla en lui le pieux désir de consacrer sa vie à la plus mystérieuse de nos divinités. Peut-être, dans l’ardeur de son zèle, la sévérité même de ce culte eut-elle pour lui une attraction toute particulière.
    – Et il ne se repent pas ?… Je pense qu’il est heureux. »
    Ione soupira profondément et baissa son voile sur ses yeux.
    « Je désire, dit-elle après un instant de silence, qu’il ne se soit pas trop hâté. Peut-être, comme ceux qui attendent beaucoup, n’a-t-il pas pu réaliser toutes ses espérances.
    – Alors, il n’est pas heureux dans sa nouvelle condition. Et cet Égyptien était-il prêtre lui-même ? avait-il intérêt à recruter pour la troupe sacrée ?
    – Non. Son seul intérêt était notre bonheur. Il croyait faire celui de mon frère. Nous étions orphelins.
    – Comme moi » dit Glaucus avec une voix profondément émue. Ione jeta les yeux sur lui en ajoutant :
    « Arbacès a voulu remplacer notre père ; vous le connaîtrez,

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