Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
Vom Netzwerk:
ce Glaucus lui-même se vantait ouvertement, oui, dans les bains publics, de votre amour pour lui. Il s’amusait, disait-il, des progrès qu’il faisait sur votre cœur. Je dois lui rendre justice, il louait votre beauté : qui pourrait la nier ? Mais il riait dédaigneusement lorsque son Claudius ou son Lépidus lui demandait s’il vous aimait assez pour songer à vous épouser et si l’on suspendrait bientôt des guirlandes à sa porte.
    – C’est impossible. Où avez-vous recueilli cette calomnie infâme ?
    – Voudriez-vous que je vous rapportasse tous les commentaires des fats insolents qui ont répandu cette histoire dans la ville ? Soyez assurée qu’au premier abord je n’y ai pas ajouté foi et qu’il m’a fallu me convaincre par le grand nombre des témoins de la vérité de ce que je ne vous apprends qu’à regret. »
    Ione s’affaissa sur son siège et sa figure était plus blanche que le pilier contre lequel elle s’appuya pour ne pas tomber à la renverse.
    « J’avoue, poursuivit Arbacès, que j’éprouvai une vive irritation, un profond dépit, de voir que votre nom courait aussi légèrement de lèvre en lèvre comme celui de quelque danseuse. J’attendais avec impatience cette matinée pour venir vous trouver et vous avertir. J’ai rencontré Glaucus ici et j’ai perdu tout empire sur moi-même. J’avais peine à cacher mes sentiments. Oui j’ai manqué de politesse en sa présence. Pardonnez-vous à votre ami, Ione ? »
    Ione prit sa main dans la sienne sans dire un mot.
    « Ne parlons plus de cela, dit-il ; mais que ma voix soit entendue et qu’elle vous fasse réfléchir à la prudence commandée par votre position. Vous n’en souffrirez qu’un moment, Ione, car un être aussi frivole que Glaucus ne saurait avoir obtenu de vous une pensée sérieuse. Ces insultes ne blessent que lorsqu’elles viennent d’une personne que nous aimons ; bien différent est celui que la superbe Ione daignera aimer.
    – Aimer, murmura Ione, avec un rire convulsif ; ah ! oui aimer ! »
    Il n’est pas sans intérêt d’observer que dans ces temps lointains et dans un système social si différent du nôtre les mêmes petites causes troublaient et interrompaient « le cours de la passion ». C’étaient la même jalousie inventive, les mêmes calomnies artificieuses, les mêmes commérages fabriqués par l’oisiveté ou la méchanceté, qui viennent encore de nos jours briser quelquefois les liens d’un tendre amour et contrecarrer les circonstances en apparence les plus favorables. Lorsqu’une barque s’élance sur les plus douces eaux, la fable nous assure qu’un poisson de la plus petite espèce peut s’attacher à sa quille et l’arrêter dans sa marche : il en a toujours été ainsi avec les grandes passions du cœur humain ; et nous ne reproduirions que bien imparfaitement la vie si même dans les temps qui se prêtent le plus au roman, dont nous usons si largement nous-mêmes, nous ne décrivions pas aussi le mécanisme de ces ressorts domestiques que nous voyons tous les jours à l’œuvre dans nos maisons et dans nos âmes. C’est à l’aide de ces petites intrigues de la vie que nous nous reconnaissons dans le passé.
    L’Égyptien avait attaqué avec beaucoup d’adresse le côté faible d’Ione ; il avait habilement dirigé son dard empoisonné contre son orgueil ; il crut qu’il avait porté une mortelle atteinte à ce qu’il regardait d’après le peu de temps que Glaucus et Ione se connaissaient, comme une fantaisie naissante ; et se hâtant de changer de sujet, il mit la conversation sur le chapitre du frère d’Ione. L’entretien ne fut pas long. Il la quitta bien résolu à ne plus se fier autant à l’absence mais à la visiter et à la surveiller chaque jour.
    À peine l’ombre d’Arbacès eut-elle disparu de cette demeure, que tout orgueil, toute dissimulation de femme abandonna la victime de ses desseins ; la superbe Ione versa un torrent de larmes passionnées.

Chapitre 7
  La vie oisive à Pompéi. Tableau en miniature des bains de Rome
     
    Lorsque Glaucus quitta Ione, il lui sembla qu’il avait des ailes. Dans l’entrevue, dont elle l’avait favorisé, il avait compris distinctement pour la première fois que son amour n’était pas mal accueilli et qu’il pourrait en obtenir la douce récompense. Cette espérance le remplissait d’un ravissement tel que la terre et le ciel lui paraissaient trop étroits pour

Weitere Kostenlose Bücher