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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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qu’il respirât à son aise. Sans se douter qu’il venait de laisser un ennemi derrière lui et oubliant non seulement les insultes mais même la propre existence d’Arbacès Glaucus traversa de joyeuses rues en fredonnant, dans l’ivresse de son âme, la musique de l’air qu’Ione avait écouté avec tant d’intérêt. Il entra dans la rue de la Fortune qui était garnie d’un haut trottoir et dont les maisons peintes au dehors et au dedans laissaient voir de tous côtés leurs fresques éclatantes ; au bout de chaque rue s’élevait un arc de triomphe.
    Au moment où Glaucus arrivait devant le temple de la Fortune le portique avancé de ce magnifique temple (qu’on suppose avoir été bâti par un des membres de la famille de Cicéron, peut-être par l’orateur lui-même) prêtait un caractère vénérable et imposant à une scène plus brillante d’ailleurs que majestueuse. Ce temple était un des plus gracieux modèles de l’architecture romaine. Il était élevé sur un podium assez considérable et l’on voyait l’autel de la déesse entre deux escaliers conduisant à une plate-forme. De cette plate-forme un autre escalier allait joindre le portique aux colonnes cannelées auquel étaient suspendues des guirlandes de fleurs. Aux deux extrémités du temple on voyait deux statues dues à l’art de la Grèce ; et à peu de distance du temple, l’arc de triomphe se dressait avec une statue équestre de Caligula flanquée de trophées en bronze. Une foule animée était rassemblée dans l’espace qui précédait le temple : les uns assis sur des bancs et discutant la politique de l’empire ; les autres s’entretenant du prochain spectacle de l’amphithéâtre. Un groupe de jeunes gens faisait l’éloge d’une beauté nouvelle ; un autre s’occupait des mérites de la dernière pièce de théâtre ; un troisième groupe d’un âge plus respectable calculait les chances du commerce d’Alexandrie ; celui-là était particulièrement composé de marchands en costume oriental aux robes flottantes avec pantoufles ornées de pierreries. Leur maintien sérieux formait un frappant contraste avec les tuniques serrées et les gestes expressifs des Italiens : car ce peuple impatient et aimable avait alors comme à présent un langage distinct de la parole, langage de signes et de mouvements des plus vifs et des plus significatifs ; ses descendants l’ont conservé et le savant Jorio a composé un très intéressant ouvrage sur cette espèce de gesticulation hiéroglyphique.
    Glaucus en pénétrant d’un pas léger dans cette foule se trouva bientôt au milieu de ses amis les plus gais et les plus dissipés.
    « Ah ! dit Salluste, il y a un lustre que je ne vous ai vu.
    – Et comment avez-vous passé ce lustre ? quels nouveaux mets avez-vous découverts ?
    – J’ai donné mon temps à la science, répondit Salluste, et j’ai fait des expériences sur la manière de nourrir les lamproies. J’avoue que je désespère de les amener au point de perfection que nos ancêtres romains avaient obtenu.
    – Malheureux Salluste ! Et pourquoi ?
    – Parce que, reprit-il en soupirant, il n’est plus permis de leur donner quelque esclave à manger. J’ai été souvent tenté malgré cela de jeter dans mon réservoir un gros maître d’hôtel que je possède ; je suis sûr que sa chair donnerait au poisson la plus exquise saveur. Mais les esclaves ne sont plus des esclaves aujourd’hui et n’ont plus de sympathies pour les intérêts de leurs maîtres ; sans quoi Davus se livrerait lui-même aux lamproies pour m’obliger.
    – Quelles nouvelles de Rome ? dit Lépidus, en s’approchant du groupe d’un air languissant.
    – L’empereur a donné un splendide souper aux sénateurs, répondit Salluste.
    – C’est un bon prince, dit Lépidus ; on assure qu’il ne renvoie jamais personne sans lui accorder sa requête.
    – Peut-être me laisserait-il jeter un esclave dans mon réservoir, se hâta d’ajouter Salluste.
    – Cela se pourrait bien, dit Glaucus, car pour faire une faveur à un Romain il faut d’abord que ce soit toujours aux dépens d’un autre. Soyez certain que chaque sourire de Titus a causé bien des larmes.
    – Longue vie à Titus ! » cria Pansa, en entendant prononcer le nom de l’empereur au moment où il s’avançait d’un air protecteur dans la foule ; « il a promis une place de questeur à mon frère qui a perdu sa fortune.
    – Et qui souhaite de la

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