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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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la multitude » ; la seconde : « L’homme digne de Dieu est un dieu parmi les hommes. » De même que le génie a donné aux ministres d’Égypte le culte, cet empire si fâcheusement déchu dans les derniers temps, de même il appartient au génie d’en rétablir la domination. J’ai trouvé en vous, Apaecidès, un disciple digne de mes leçons, un ministre digne de la grande œuvre que nous devons accomplir : votre énergie, vos talents ; la pureté de votre foi ; la promptitude de votre enthousiasme, tout vous préparait à cet emploi, qui demande de si hautes et de si ardentes qualités. J’ai donc excité vos désirs sacrés ; je vous ai encouragé à marcher dans la voie que vous aviez prise. Mais vous m’en voulez de ce que je ne vous ai pas fait connaître les petites âmes et les jongleries de vos compagnons. Si je l’avais fait, Apaecidès, j’aurais défait mon propre ouvrage ; votre noble nature se serait révoltée : Isis eût perdu un prêtre. »
    Apaecidès poussa un profond soupir. L’Égyptien continua sans prendre garde à cette interruption.
    « Je vous plaçai en conséquence, sans préparation dans le temple ; je vous laissais à vous-même le soin de découvrir les momeries, qui éblouissent la foule et de vous en formaliser ; je souhaitais que vous puissiez apercevoir de vos propres yeux les ressorts qui font jaillir les eaux rafraîchissantes où le monde puise la paix : c’était l’ancienne épreuve ordonnée autrefois par nos prêtres. Ceux qui s’accoutument aux impostures du vulgaire, on les laisse les pratiquer. Pour ceux, qui vous ressemblent et dont la nature plus haute demande un autre but, la religion leur dévoile ses mystères divins. Je suis heureux de rencontrer en vous le caractère que j’attendais. Vous avez prononcé vos vœux, vous ne pouvez reculer. Avancez, je serai votre guide.
    – Et qu’as-tu donc à m’apprendre encore, homme étrange et redoutable ? de nouvelles tromperies, de nouveaux…
    – Non. Je t’ai lancé dans l’abîme de l’incrédulité, je veux te ramener sur les hauteurs de la foi. Tu as vu les faux types, tu connaîtras maintenant les réalités qu’ils représentent. Il n’y a pas d’ombre, Apaecidès, qui n’ait son corps. Viens me voir cette nuit. Ta main ! »
    Ému, excité, fasciné par le langage de l’Égyptien, Apaecidès lui tendit la main et le maître et le disciple se séparèrent. Il était vrai que, pour Apaecidès, toute retraite était impossible. Il avait fait vœu de célibat ; il s’était consacré à une vie qui semblait maintenant lui offrir toutes les austérités du fanatisme sans les consolations de la foi. N’était-il pas naturel qu’il éprouvât le désir de se réconcilier avec son irrévocable carrière ? Le puissant et profond esprit de l’Égyptien reprenait son empire sur sa jeune imagination ; elle le poussait à de vagues conjectures et l’entraînait à des alternatives de crainte et d’espérance.
    Pendant ce temps, Arbacès se dirigeait d’un pas grave et lent vers la maison d’Ione. À son entrée dans le tablinum, il entendit du portique du péristyle une voix, qui tout harmonieuse qu’elle était, résonna mal à son oreille : c’était la voix du jeune et beau Glaucus et pour la première fois un frisson involontaire de jalousie fit tressaillir son cœur. Il trouva dans le péristyle Glaucus assis à côté d’Ione. La fontaine au milieu du jardin odorant jetait dans l’air son écume d’argent et répandait une délicieuse fraîcheur pendant les heures étouffantes du milieu du jour. Les femmes d’Ione qui restaient invariablement près d’elle, car dans la liberté de sa vie, elle gardait la plus délicate retenue, se tenaient à peu de distance ; aux pieds de Glaucus était une lyre sur laquelle il venait de jouer pour Ione un air lesbien. La scène, le groupe placé devant Arbacès étaient empreints de cet idéal poétique et plein de raffinement, que nous regardons encore et avec raison comme le caractère particulier des anciens ; on voyait les colonnes de marbre, les vases de fleurs, la statue blanche et tranquille au bout de chaque perspective ; et par-dessus tout cela, les deux formes vivantes, qui auraient fait l’inspiration ou le désespoir d’un sculpteur.
    Arbacès s’arrêtant aussitôt, regarda le beau couple avec un front d’où venait de fuir toute sa sérénité accoutumée. Il fit un effort sur lui-même et s’approcha

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