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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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surveiller sa femme un peu mieux. C'est qu'il est difficile de se passer de Lacer qui est le meilleur b‚tisseur de ponts.
    Je l'envie ! Pour te faire plaisir, je vais soigner un peu les apparences mais cela me co˚te.
    La soirée se déroula calmement. Les amis, qui 284
    n'avaient pas été prévenus du retour de Calpurnia et de Terentia, ne se présentérent pas à l'heure du dîner.
    - Ce sera pour demain, dit Rabirius en esquissant un vague sourire. Ce soir je suis content que nous soyons entre nous. Moi qui aimais tant la compagnie, ajouta-t-il, je ne me supporte que dans la solitude.
    - Nous allons te rendre go˚t à la vie ! affirma Calpurnia d'une voix qu'elle se força à rendre énergique. Arrête de pleurer sur toi-même. Dés qu'on va te savoir libéré des travaux officiels, les clients privés vont affluer.
    Le repas terminé, Rabirius et Petronius se retirérent et les deux femmes restérent seules. Il faisait doux, elles s'installérent dans le jardin.
    - que penses-tu ? demanda Calpurnia. Comment l'as-tu trouvé ?
    - Désespéré. Il a fait des efforts pour nous donner le change mais il supporte mal son éviction. Il ne croit pas être victime de notre religion et souffre d'être injustement traité. Je n'ai pas osé lui demander si Apollodore était un bon architecte...
    - S˚rement. Trajan n'a pas pu se tromper. Rabirius, je crois, le connaît mal mais on en saura plus demain lorsque nos amis Martial et Juvénal viendront dîner. Je compte beaucoup sur eux pour guérir Rabirius de sa "
    bile noire1 ". Et je compte aussi sur toi ! Sois douce et gentille avec lui. Je te dis cela mais je sais que tu l'aimes beaucoup.
    - N'oublie pas, maman, que c'est moi qui vous ai mariés. Ou presque !
    Elles rirent. C'était la premiére fois depuis bien longtemps.
    Pline, retenu par sa charge, ne put assister au dîner du lendemain qui devait marquer, selon le dessein un peu forcé de Calpurnia, le réveil de la maison du Vélabre.
    1. L'une des quatre humeurs dont l'excés, selon la médecine de l'époque, poussait à la tristesse et au pessimisme. La dépression nerveuse n'épargnait pas les Anciens.
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    Chacun s'efforça de jouer son rôle, de faire comme si la cassure provoquée par l'éloignement des deux femmes n'avait pas eu lieu et que la vie, simplement, continuait avec ses rites, ses conversations animées, ses échanges convenus, fruits d'une amitié longtemps cultivée.
    Comment cependant ne pas s'apercevoir du malaise qui pesait sur l'atrium ?
    Les événements avaient déréglé les habitudes, alourdi l'atmosphére, rompu le charme qui avait jusque-là protégé le Vélabre. Rabirius était bien allé
    choisir, comme avant, le meilleur cru dans sa collection d'amphores mais le vin, autrefois source de joie, était devenu amer. Chacun se voyait brusquement confronté à une vérité difficile. L'architecte, malgré ses efforts, laissait percer sa mélancolie, Calpurnia, pourtant la plus forte, se trouvait affaiblie devant l'avenir incertain, et Terentia était désorientée. quant aux deux inséparables compéres des lettres romaines, ils n'étaient pas les derniers à constater qu'ils étaient devenus de vieux poétes ayant de plus en plus de mal à faire sourire la société romaine, surtout les jeunes. Martial, qui avait dépassé les soixante-dix ans, cachait cr‚nement la difficulté qu'il éprouvait à se déplacer mais parlait souvent de la mort. Juvénal, lui aussi, acceptait mal de vieillir et de ne plus mériter sa réputation de bourreau des cúurs. Par son enthousiasme, Petronius, seul tourné vers l'avenir, réveillait parfois la maison de ses angoisses.
    quand Martial et Juvénal furent partis, Calpurnia, en se cachant de son mari épuisé par la soirée, demanda à sa fille:
    - Ma chérie, c'est trés triste : la maison a perdu sa magie. La retrouvera-t-elle un jour ?
    - C'est Petronius qui la lui rendra. Le vieil atelier de Sevurus et de Celer se remplira de statues. Il en faudra pour garnir tous les palais et les maisons que nos architectes ont construits !
    - Merci, tu me mets du baume au cúur. Mais tu vois, avant que Petronius ne réveille la maison de ses coups de
    maillet, il faut que j'aie le courage de lutter pour qu'elle ne s écroule pas !
    Le temps passa, cicatrisant les plaies, gommant les couleurs, ranimant l'inspiration. Rabirius avait un
    -noment " travaillé le vide ", comme il disait : il s'enfer-
    -nait dans l'atelier et dessinait, pour garder la main, des orojets

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