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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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tout de même de prier pour toi ?
    - Oui, dans ta chambre, aprés avoir fermé toutes les portes !
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    Mort d'un architecte
    Au bout de quelques semaines, Pline jugea que l'éloi-gnement de Calpurnia et de Terentia n'était plus indispensable. Aprés leur avoir fait promettre d'être prudentes et de ne jamais participer aux célébrations collectives de leur culte, il leur permit à toutes deux de rentrer au Vélabre.
    Le voyage d'aller vers les Laurentes avait été marqué par l'inquiétude, celui du retour l'était par le découragement et la tristesse. Ballottées dans le cisium de Pline qui les ramenait pourtant dans leur chére maison, elles se parlérent à peine, insensibles aux attraits du paysage et craintives face à un avenir qu'elles avaient si souvent évoqué dans leur retraite et qui leur échappait, elles s'en rendaient compte en approchant de Rome. Ce renoncement n'était pas étonnant de la part de Terentia qui avait souvent manqué de caractére mais il était surprenant chez Calpurnia, femme résolue et obstinée. Les derniers événements, la dénonciation et la disgr‚ce de Rabirius avaient eu raison de ses forces. Elle savait qu'elle aurait encore la volonté de faire bonne figure devant son mari humilié mais elle n'ignorait pas que le lien magique qui avait uni durant tant d'années famille et amis au sein de la maison du Vélabre était rompu.
    - Rien ne sera plus comme avant, finit-elle par dire as? fille. Ne regrette pas de retourner bientôt auprés de tor
    t
    mari. Moi qui ai toujours partagé avec ceux que j'aimais une certaine qualité de vie, je suis aujourd'hui, vois-tu, accablée de pressentiments.
    Je devrais être joyeuse de rentrer à la maison mais j'ai peur d'arriver dans une demeure qui ne sera plus la mienne. J'ai rêvé la nuit derniére que le jardin du bonheur avait été dévasté, la terre remuée, les fleurs arrachées, les cendres de Sevurus et de Celer profanées...
    - Mais non, maman, tu vas voir, la vie va reprendre son cours et nous allons retrouver nos belles soirées. D'abord, il ne faut pas se laisser impressionner par les songes. Abandonnons ces superstitions aux fanatiques des vieux cultes. Nous, chrétiennes...
    - Oui, nous sommes chrétiennes mais il n'en est pas moins difficile de rompre avec les coutumes familiéres et les traditions. J'ai beau me dire que je ne crois pas aux augures ni aux songes, je ne peux m'empêcher de penser que je suis Romaine, que Sevurus, si fin, si intelligent, croyait aux dieux de la cité. Vois-tu, mon cúur est à Jésus mais mon esprit n'est pas complétement détaché du passé.
    - Si l'on te condamnait au supplice pour ta foi chrétienne, irais-tu en chantant comme l'ont fait certains fréres ?
    - Je ne le pense pas. Et toi ?
    - qui sait ce que l'on devient et ce que l'on peut être amené à faire en pareil cas ?
    - Bon. Assez discuté d'un avenir aussi tragique. Pensons à aujourd'hui.
    Nous voilà au Tuscus, nous allons bientôt être chez nous.
    Le chemin du Vélabre était désert à cette heure et personne ne vit arriver le cisium qui pénétra sous la vo˚te avant de s'arrêter devant le portail o˘
    veillait Regus. Tandis que celui-ci s'occupait des bagages, les deux femmes pénétrérent lentement, comme intimidées, dans \'atrium, o˘ seul le bruit du jet d'eau dans l'eau calme du bassin rompait le silence.
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    - Tu vois, dit Terentia, rien n'a changé. La maison est toujours celle de Sevurus.
    Par l'ouverture du fond on apercevait le jardin et deux grands lis blancs qui se balançaient au vent venu de l'ouest, comme pour dire bonjour aux voyageuses.
    - Allons voir si Rabirius est dans l'atelier. J'ai h‚te de voir comment il supporte son exclusion. C'est sa réaction qui m'inquiéte, me plonge dans la tristesse et l'angoisse...
    Elles découvrirent Rabirius somnolant dans le vieux fauteuil recouvert d'une peau de mouton qui avait si longtemps accueilli Sevurus lorsque le maître était fatigué de s'être penché sur les papyrus pour y dessiner quelque vo˚te ou s'y livrer à des calculs que lui seul pouvait comprendre.
    Tout de suite, Calpurnia constata que son mari ne s'était pas rasé depuis plusieurs jours, lui qui souvent, le soir, aprés le bain, demandait à son tonsor de repasser la lame sur son visage pour accueillir ses amis. Elle pensa que ce n'était pas bon signe et caressa doucement les joues hérissées de poils grisonnants. Rabirius ouvrit alors les yeux et murmura :
    - C'est toi,

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