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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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et une sorte d'éclair ,ui traversa le cr
    ‚ne. Pour ne pas tomber elle s'accrocha au rideau, lequel s'écroula sous son poids et l'entraîna dans sa chute.
    Terentia et Rabirius se dressérent d'un bond et la découvrirent évanouie dans les plis de la tenture. Hébétés, ils restaient muets tandis que la situation qu'ils avaient créée leur apparaissait soudain dans toute sa cruauté.
    - Il faut relever Calpurnia et l'étendre, finit par dire Rabirius, devenu trés p‚le.
    Terentia tremblait et était incapable de faire un mouvement. Elle s'écroula sur le banc en répétant :
    - Je vais me tuer, je vais me tuer...
    Rabirius trouva enfin la force de porter Calpurnia dont les yeux s'entrouvraient. D'évidence, la malheureuse ne comprenait pas encore ce qui lui était arrivé et montrait sa tête en disant qu'elle avait mal.
    - Son cr‚ne a heurté le marbre ! cria Rabirius à Terentia. Cours vite chercher des serviettes mouillées. Elle obéit et murmura en sanglotant :
    - Mon Dieu, qu'avons-nous fait !
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    - Peu de chose mais assez pour briser la famille ! répondit Rabirius.
    Calpurnia, qui s'était redressée, retrouvait peu à peu le sens du réel. A l'image de sa fille et de son mari qui pleuraient tous les deux et n'osaient pas la regarder se substituait celle entrevue lorsqu'elle avait écarté le rideau. Elle avait mal, le dégo˚t la gagnait, elle avait envie de battre, de tuer les deux êtres qui lui étaient le plus proches. Ce qu'elle fit fut peut-être plus terrible. Elle les toisa et dit sans élever la voix :
    - Vous m'avez trahie, vous m'avez volé ma raison de vivre et ma famille. Je vous méprise, vous n'êtes que des esprits médiocres. Si vous en avez le courage, poursuivez vos ébats, moi je me retire dans ma chambre pour réfléchir, douloureuse mais fiére comme doit l'être une femme romaine !
    C'était peut-être un peu grandiloquent, ce fut néanmoins efficace.
    Durant un mois, elle n'adressa la parole ni à sa fille ni à son mari. Elle se fit servir ses repas dans sa chambre, cessa de donner des ordres aux esclaves, ne s'occupa pas de la maison. Tous les aprés-midi elle allait aux thermes ou rendait visite à Martial, malade, et à Juvénal, le seul auprés de qui elle pouvait s'épancher. Calpurnia avait fini par tout lui raconter, et l'ami de toujours, stupéfié par cette confession, essayait de l'aider en l'engageant à parler et en opposant à ses ressentiments les sages conseils des philosophes ou les propos d'Ovide qui avait si bien analysé les détours de l'amour.
    Ces conversations étaient devenues un jeu. La culture de Juvénal, habilement distillée, faisait merveille et Calpurnia convenait que L'Art d'aimer était une excellente thérapie. " Ne prends pas la morale commune trop au sérieux, lui disait Juvénal. Tiens, je crois que c'est dans les Heroides qu'Ovide prête à Phédre cette réplique : "A l'idée que l'on me verrait, belle-mére, unie à mon beau-fils, que ces vains mots n'épouvantent pas ton esprit." " Calpurnia souriait et disait que l'exemple n'était pas approprié.
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    Juvénal, qui se faisait un devoir de résoudre la crise qui déchirait la famille du Vélabre et lui interdisait la maison, revenait sans cesse sur l'idée qu'il s'agissait de la part de Terentia et de Rabirius d'un faux pas sans gravité, ce qui lui valait chaque fois une belle colére de son interlocutrice.
    Durant tout ce temps, les tentatives d'explications proposées parles coupables étaient demeurées sans résultat. Calpurnia tenait bon et regardait maigrir Rabirius qui se tuait au travail pour moins penser, ce qui s'avérait tout de même le résultat inattendu mais positif de son égarement. Heureusement pour Terentia, Julius Lacer, revenu d'Espagne pour consultation, s'apprêtait à y retourner avec elle, ce qui évita sans doute à la jeune inconsciente de faire une grave bêtise. Julius n'avait naturellement pas été mis au courant des motifs de la tempête qui bouleversait la maison et se disait que, décidément, il était entré dans une curieuse famille.
    Calpurnia, encouragée par Juvénal, choisit la veille du départ de sa fille pour lui faire savoir, ainsi qu'à Rabirius, qu'elle était prête à les rencontrer et à écouter ce qu'ils avaient à lui dire. L'absence de Lacer, occupé par les préparatifs du voyage, facilita les choses, bien que la réunion dans la chambre du fond, à l'abri des oreilles indiscrétes, début‚t dans une atmosphére

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