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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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ne s'inquiéte chez moi. Il l'embrassa une derniére fois :
    - J'oubliais que tu avais un mari.
    - Cesse donc de parler de mon mari ! Je ne l'aime pas assez pour m'interdire de le tromper mais je ne voudrais pour rien au monde lui faire de la peine et encore moins le quitter.
    - Tu as raison. Excuse-moi. Mais je ne veux pas te laisser rentrer seule, je vais te raccompagner.
    Sur le chemin qu'il avait si souvent emprunté avec Rufa pour la reconduire, Tullia se pressait contre lui et il repensa soudain à celle qui était loin.
    A l'aiguillon qui le piqua au cúur, il se rendit compte qu'il n'avait rien oublié.
    En marchant, la jeune femme parlait. Pas d'elle mais de son frére qui l'inquiétait par sa nonchalance, son dilettantisme ; de son pére, persuadé
    de s'être haussé dans l'échelle sociale gr‚ce au mariage de sa fille et qui venait d'acheter une nouvelle centuria ' de terre pour cultiver ses herbes.
    Elle parla aussi de Rufa :
    - De temps en temps elle m'écrit. Elle pense revenir bientôt car son mari va accéder au tribunal. Je devine au ton de ses lettres qu'elle ne doit pas être trés heureuse.
    Elle serra fort le bras de son compagnon et ajouta :
    - Je voudrais bien la revoir. C'est mon amie de toujours. Bien plus qu'une súur. Pourtant j'appréhende son retour.
    - Pourquoi ?
    - Parce que, le jour o˘ elle reviendra, je te perdrai. Nous venons d'être heureux ensemble, nous le serons
    1. Surface d'environ cinquante hectares (contenance de 200
    arpents).
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    peut-être encore, mais je sais que tu ne m'aimes pas. Tu me désires, c'est différent. Les liens qui t'unissent à Rufa, malgré la séparation, sont trop forts pour que j'aie une chance de te garder lorsqu'elle sera de retour.
    C'est comme cela, il vaut mieux le savoir et ne pas se faire d'illusions.
    Petronius, ému par cette franchise, fut soudain pris d'un grand élan de tendresse. H se rapprocha et dit :
    - Tullia, tu es une femme exceptionnelle, une amante merveilleuse. Moi aussi je veux que dure notre bonheur.
    La Gréce et l'Orient attiraient également Hadrien. En cette année 124, il séjournait en Bithynie, la riche province voisine du Pont-Euxin o˘ Pline avait longtemps représenté Trajan. Il visitait l'Asie Mineure en maître soucieux d'y parachever la conquête romaine et en voyageur cultivé et curieux d'étudier les pays et leurs peuples. De Pruse à Nicée, de Nicomédie à Chalcédoine, il parcourait le territoire légendaire jadis soumis par Crésus, roi de Lydie. Partout il restaurait, il embellissait, il construisait. Dans un bourg de Phrygie, il se recueillit sur le tombeau d'Alcibiade et l'orna d'une colonne. En Mysie, il agrandit une ville aux environs de laquelle il avait tué une ourse et la baptisa Hadrianotherae, pour rappeler l'heureuse journée.

    L'événement majeur de ce voyage de travail et d'agrément ne devait pourtant rien aux vieilles pierres ni à la chasse. A Nicomédie, ville d'histoire et de savoir, il avait fait la rencontre de sa vie.
    Ce jour d'été, hôte du procurateur, il écoutait des sophistes de passage en compagnie de quelques lettrés. Les jardins de Pompeius Proculus, éventés par la brise venue de la Propontide1, sentaient l'origan et le jasmin.
    Hadrien écoutait d'une oreille distraite les arguments des philosophes errants et surtout, jouissait du calme bonheur du soir. C'est alors que son regard s'attarda sur un
    1. Aujourd'hui mer de Marmara.
    adolescent, presque encore un enfant. Accoudé à la marée lie d'une fontaine, il semblait prendre des notes sur une u blette. Parfois il mordillait son style tenu du bout de ses _ ->igts fins et ce geste lui donnait une gr‚ce nonchalante , ji émouvait le maître du monde.
    Le jeune homme était beau, mais Hadrien avait connu : autres visages attirants, ceux des petits bergers d'Atys
    j des jeunes guides de Melissa, entre autres. Celui-là rossédait aussi le charme irradiant d'une distinction
    nattendue, l'élégance d'un seigneur, l'éclat d'un dieu. C'était cela, l'enfant ne pouvait être qu'un enfant-dieu. César fondait devant cette gr
    ‚ce juvénile. Comment ^urait-il pu savoir que cette apparition allait enchanter
    -a vie avant de la ruiner ? Sur la priére d'Hadrien, Proculus envoya quérir des
    ï enseignements sur le jeune garçon. Il s'agissait du fils d'un esclave grec affranchi mais pauvre, pensionnaire chez un parent, armateur à
    Nicomédie.
    A la fin de la soirée, l'Empereur lui demanda de rester ores de

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