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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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manteau violet et coiffé d'une curieuse calotte à
    deux pointes. Le corps de Calpurnia repose dans un sépulcre de pierre façonné à la h‚te. Je vais diriger la priére puis je prononcerai l'éloge de notre súur. Aprés, le corps sera placé dans le tombeau des justes, creusé
    dans la pierre. Ainsi Calpurnia restera-t-elle prés de nous. Tu suivras nos implorations comme tu l'entendras. N'hésite pas à ajouter ta voix à nos priéres.
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    La cérémonie fut longue, entrecoupée de chants, de litanies et d'une poignante oraison de Colosseo qui arracha des larmes à toute l'assistance.
    A la fin, Petronius fut invité à se joindre à ceux qui poussaient le mince sarcophage dans le tombeau. Lorsque la dalle fut refermée, Colosseo se tourna vers lui :
    - Trouves-tu que Calpurnia a eu des obséques décentes ? Ce sont en tout cas celles qu'elle souhaitait.
    - Je n'oublierai jamais cette cérémonie. Puis-je encore te demander une faveur ?
    - Naturellement, mon frére.
    - J'aimerais sculpter un vrai tombeau de marbre pour Calpurnia.
    - Et comment le transporteras-tu jusqu'ici sans que cela se remarque ? Non, laisse ta grand-mére reposer en paix avec celles et ceux qui la rejoindront dans les profondeurs de l'amphithé‚tre. Mais pourquoi ne sculpterais-tu pas un buste que nous ench‚sserions dans le mur ? Nous pourrions ainsi mieux conserver le souvenir radieux de notre súur. La communauté lui doit bien cela car sans elle nous n'aurions jamais retrouvé la trace de cette caverne dont nous avons fait notre église. Maintenant, en dehors de cet hommage filial, si tu éprouves un jour le besoin de te rapprocher de Calpurnia, n'hésite pas à frapper à la porte de Dieu. Tu sais o˘ me trouver, sous le sable de l'aréne.
    Solitaire, Petronius retrouva le Vélabre. Il joua durant deux semaines la triste comédie du séjour de Calpurnia aux eaux d'Astura puis s'absenta deux jours de la maison avant d'annoncer aux serviteurs, à Juvénal qui ne sortait presque plus de chez lui et aux voisins amis que sa grand-mére était décédée subitement au cours des soins qu'on lui prodiguait et qu'il avait été assister sur place à l'incinération de son corps. Personne ne parut étonné, à part Juvénal qui regarda Petronius et dit : " J'espére que les amis de Calpurnia ont pu lui faire des funérailles chré-407
    tiennes. " Petronius répondit simplement que ses désirs avaient été
    exaucés.
    Deux bustes de Calpurnia, l'un à l'entrée de l'atelier, l'autre dans l'atrium, perpétuaient le sourire moqueur de la Dame du Vélabre. Il en commença un troisiéme destiné à la crypte. Ce fut pour lui un travail facile : l'amour guida son ciseau et le respect son talent.
    Durant des mois, Petronius vécut en marge de la société. Seul le fidéle Juvénal venait parfois partager son repas. C'est par lui qu'il rencontra la veuve d'un tribun, assez jolie personne dont il devint l'amant éphémére. Sa liaison était terminée quand Tullia poussa un jour sans prévenir la porte de l'atelier. Il faisait trés chaud à Rome et il ne portait qu'un pagne noué autour de la taille.
    - Ta visite me fait plaisir, dit-il. Mais laisse-moi enfiler une tunique.
    - Pourquoi ? Je ne porte moi-même qu'un mince linge de lin et je te trouve plus beau dénudé. Tiens, je ne te savais pas aussi musclé, tu ferais une belle statue, un faune par exemple !
    Et elle laissa glisser sa robe. Petronius, médusé, la trouva vraiment trés belle.
    - Je te préfére femme plutôt que jeune fille évaporée, dit-il en la prenant dans ses bras. (Et il ajouta, en le regrettant aussitôt :) Le mariage te réussit.
    Elle sourit en avançant ses lévres :
    - Tu es toujours aussi mufle mais je te prends comme tu es. Il y a assez longtemps que j'attends ce moment ! Essaie tout de même de ne pas le g
    ‚cher.
    Ses mains un peu rugueuses d'homme de la pierre parcoururent son visage, son dos, ses seins. Elle tressaillit sous la caresse avant de se détacher :
    - Emméne-moi dans ta chambre, toutes ces têtes qui ont l'air de me regarder m'effraient.
    - Il y en a pourtant une qui te ressemble, dit-il. Tiens, regarde.
    Il lui montra le portrait qu'il avait fait d'elle et elle se mit à pleurer comme une enfant :
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    - Tu m'as sculptée, tu m'as sculptée et je ne le savais pas. Je n'ai pourtant jamais posé devant toi. Il mentit :

    - L'amour donne de la mémoire. Ils s'aimérent longtemps et la nuit tombait quand elle dit:
    - Il me faut partir avant qu'on

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