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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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donna lieu à des fêtes grandioses. Les Grecs, peu avares en appellations divines, décernérent à Hadrien les titres d'Evergéte, d'Olympien, d'Epiphane, à peu prés les mêmes que ceux attri-415
    bues jadis à Néron. Hadrien, lui, n'emporta pas de statues dans ses bagages !
    A Samosate, l'Empereur réunit les principaux princes d'Orient, une politesse prétexte à de somptueux festins o˘ Antinous tint sa place. Abgar, roi d'Osroéne, les initia tous deux à l'art de la fauconnerie, et des battues précipitérent dans leurs rets des bardes d'antilopes.
    Comme l'hiver arrivait, Hadrien décida de se fixer à Antioche, la cité
    orientale qu'il aimait entre toutes. Là les légions l'avaient fait empereur, là se trouvaient les savants et les sorciers qui devaient éclairer son avenir et dont il recherchait d'autant plus la présence qu'il s'adonnait maintenant fébrilement à la poursuite des arts magiques.
    Antinous assista ainsi aux expériences macabres, aux jeux démoniaques, aux évocations de revenants sans manifester de trouble apparent ni d'intérêt particulier. Son destin était d'accompagner et de vénérer Hadrien. Cela suffisait à remplir sa vie.
    Toujours en quête de prodiges et de prophéties, l'Empereur décida, avant de quitter Antioche, de retourner sacrifier sur le mont Cassius o˘ s'élevait un temple réputé. A l'accomplissement du rite s'ajoutait le désir de revoir le soleil se lever sur la magnificence des plaines d'Asie.
    L'ascension, de nuit, fut rude et Hadrien ressentit pour la premiére fois de sa vie ses jambes lui manquer prés du sommet. Contraint à s'arrêter, il regarda, bouleversé, Antinous qui escaladait de son allure désinvolte les derniers rochers. Pourquoi songea-t-il à l'avenir sombre qu'avait prédit à
    Soriade un sorcier syrien ?
    A quelques pas du but, l'orage, qui luttait sourdement contre la nuit depuis le début de l'ascension, éclata, éclairant les prêtres venus sous la pluie à la rencontre des visiteurs. Deux secondes plus tard, la foudre fracassait l'autel, tuait le sacrificateur et le faon déjà offert à son poignard. Hadrien essaya de trouver une explication à cette terreur tombée du ciel. Antinous plus simplement
    murmura : " L'avenir n'a pas de sens, il est facile de mourir. "
    A Alexandrie, derniére étape du voyage avant le retour a Rome, l'Impératrice vint avec sa suite rejoindre la cour itinérante de son mari.

    Fatiguée, elle souhaitait, au seuil de l'hiver, profiter de la chaleur séche de l'Egypte. Elle ne quitta guére le Lycium o˘ elle s'était établie et sa présence ne modifia en rien les habitudes d'Hadrien. Lorsqu'il avait lu le courrier de Rome et donné ses ordres, l'Empereur recevait ou allait visiter les devins et les sorciers qui pullulaient en Egypte. Les prédictions de la sorciére de Canope, la plus célébre magicienne du pays, furent sinistres. Maladies graves, intrigues politiques, complots, tous les malheurs du monde étaient censés menacer l'Empire. Hadrien prenait ces prétendues révélations avec calme. Sa passion pour la magie orientale n'allait tout de même pas jusqu'à le soumettre aux délires verbaux des devins de pacotille !
    Pour échapper peut-être à l'atmosphére délétére que ces pratiques faisaient peser sur son entourage, Hadrien décida de remonter le Nil jusqu'à la premiére cataracte. Des felouques furent gréées d'immenses voiles et aménagées confortablement. Le vent soufflait plein sud et, les premiers jours, les équipages n'eurent pas à louvoyer. Installé à la poupe du bateau sur des peaux de bêtes rapportées de ses chasses, Hadrien regardait défiler l'Egypte pharaonique en caressant la main d'Antinous allongé à ses côtés.
    Parfois des litanies, portées par la brise, parvenaient jusqu'à la felouque. questionné par l'interpréte, l'homme de barre expliqua que les paysans riverains célébraient l'anniversaire de la mort d'Osiris, dieu des défunts, garant de la survie humaine.
    A ces mots, Antinous serra le poignet de son maître et répéta la phrase qu'il avait déjà prononcée : " Je veux mourir avant toi. "
    Cette fois, Hadrien le prit au sérieux :
    - quelle idée stupide ! s'écria-t-il. J'ai trente ans de 416
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    plus que toi et la nature veut que tu me survives. Je t'interdis de proférer de telles inepties !
    Il observa le jeune homme lové à ses pieds qui maintenant feignait de dormir. Soudain il eut peur. Et si les prédictions macabres du devin de

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