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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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fruits, annonça Calpurnia.
    - Ne pourrait-on pas dire aussi...
    - Martial improvisa quatre vers qui célébraient ces mets délicats et tout le monde applaudit.
    - Voilà, lança Valerius, un bel exemple de ta " poésie 70
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    alimentaire ", puisque c'est ainsi que quelques beaux esprits, égratignés par ton ironie, qualifient ta poésie.
    - Hélas ! mes amis, ils n'ont pas tort ! Je me nourris de rimes et préférerais occuper mon temps à un genre littéraire plus prestigieux.
    Ovide, avec son Art d'aimer et ses Métamorphoses, a su toucher le plus grand nombre et est toujours aussi célébre cinquante ans aprés sa mort. Et ne parlons pas de notre prince, le grand, l'inégalable Virgile...
    - Crois-tu mon sort préférable ? coupa Valerius. Ma poésie est plus prétentieuse, pour plaire à Néron, mais je n'en suis pas plus fier !
    - Avez-vous fini, messieurs les poétes, de dénigrer votre propre talent !
    Vous n'êtes pas Virgile, soit, mais vous êtes les meilleurs de votre temps et ce n'est pas si mal ! lança Calpurnia.
    On évita de parler de politique jusqu'au dessert, ce choix de conversation débouchant presque toujours sur des horreurs ou tout au moins des drames.
    Comment, pourtant, ne pas commenter le récent suicide de Pétrone ? Martial savait tout sur la fin de l'ami et confident de Néron :
    - Pétrone, notre " arbitre des élégances ", avait pris trop d'ascendant sur l'Empereur. Celui-ci le consultait sans doute trop souvent aux yeux de l'affreux Tigellin. Mais comment se débarrasser d'un homme aussi célébre, recherché par toute la haute société et si proche de Néron ? Son nom n'a jamais été prononcé au cours de l'affaire Pison et il semblait à tous bien éloigné d'une action subversive. Tigellin a donc eu recours à sa méthode habituelle : payer un dénonciateur. Il trouva un esclave de Pétrone qui s'acquitta de cette t‚che et l'Empereur, une fois de plus indigné de la trahison d'un proche, décida sans chercher à en savoir plus que son ami devait mourir.

    - Il s'est suicidé ? demanda Calpurnia.
    - Oui, hier, au cours d'un dernier banquet offert à ses amis. Tandis que tout le monde festoyait il s'est ouvert
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    discrétement les veines et s'est effondré sur son voisin qui ne s'était aperçu de rien.
    - Etait-il seulement le débauché que tout le monde prétendait ?
    - Non, dit Sevurus. J'ai travaillé pour lui et l'ai bien connu. Sa réputation était, il est vrai, détestable mais il avait été un grand magistrat, proconsul en Bithynie, puis consul à Rome. C'était un être complexe et cultivé, un bon écrivain aussi, son Satiricon n'est pas prés d'être oublié.
    - Pour parler d'événements plus réjouissants, dit Valerius, savez-vous que Rome va recevoir le roi des Parthes ? Néron m'a demandé d'écrire des discours, des poémes, des piéces thé‚trales qui seront déclamés et joués au cours de cette réception qui s'annonce grandiose. Je pense, bien que l'Empereur ne se soit pas encore décidé, que la Domus Aurea va enfin servir à quelque chose. C'est là que doivent se dérouler les cérémonies qui coÔncideront donc avec l'inauguration de votre úuvre, chers Sevurus et Celer.
    - Et quand auront lieu ces réjouissances ? demanda Sevurus, intéressé.
    - Je ne sais pas. Il paraît que Tiridate, le roi des Parthes, battu par notre général Corbulon, mais content, est en route depuis huit mois avec sa famille, ses domestiques et sa garde personnelle de deux mille hommes.
    - Huit mois ? s'étonna Calpurnia.
    - Oui. Car tout ce monde voyage par terre. Les princes de là-bas ne se hasardent jamais sur la mer !
    Martial révéla quelques épigrammes inédites, Valerius récita ses derniers poémes et Calpurnia chanta en s'accompagnant de la lyre que Celer lui avait offerte pour son anniversaire. Sevurus, lui, s'était endormi, sa belle tête blanche reposant sur un coussin.
    Il était temps de se séparer. Calpurnia objecta qu'il n'était pas prudent de traverser Rome à cette heure de la nuit et proposa à Martial et à
    Valerius de dormir dans la piéce du fond de la maison. Les deux invités une fois
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    installés, elle monta à l'étage, o˘ se trouvaient les chambres, en compagnie de Celer qui l'aida à gravir les derniéres marches car elle était un peu grise. Sur le pas de sa porte, il se pencha pour l'embrasser comme à
    l'accoutumée mais, au dernier moment, la jeune fille tourna la tête et les lévres de Celer glissérent jusqu'à celles de

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