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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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fleuries ", c'est le pauvre Sénéque qui a dit cela. Il est vrai que j'aime le rouge pourpre ou vermillon, le bleu tendre, le vert d'eau et le jaune d'or. Je m'en suis donné à cúur joie en peignant la vo˚te : des tableaux encadrés de stuc blanc ou d'imitations de pierres précieuses. Mais venez donc un jour voir tout cela avec Sevurus ou Celer. Ils vous feront entrer et j'espére que vous aimerez le motif central qui représente au milieu des nuages un épisode des amours de Jupiter1...
    - Vois-tu, dit Sevurus, j'admire que tu n'aies rien emprunté aux Grecs.
    - Toi non plus. Mais rendons justice à César : c'est lui qui a voulu une Domus Aurea d'inspiration romaine. Je me demande si la postérité lui en saura gré...
    - Les dieux nous ont permis de terminer notre besogne, ou presque. Espérons qu'ils veilleront sur l'entreprise impériale !
    Aprés avoir remercié ses hôtes, Fabulus reprit au moment de partir l'attitude compassée que lui connaissaient les Romains. Il se drapa dans sa toge et pria séchement les quatre porteurs de sa litiére de le ramener chez lui.
    - quel curieux homme ! dit Valerius. Détendu, agréable toute la soirée, parfois même drôle, il retrouve sur le pas de la porte une morgue qui est en contradiction
    1. La grande composition est aujourd'hui presque effacée mais les artistes de la Renaissance ont pu la voir intacte. Francesco d'Olanda en a peint une reproduction à l'aquarelle.
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    compléte avec la peinture légére et fluide qu'il nous a décrite.
    - Joue-t-il un personnage ? demanda Calpurnia.
    - Je ne le crois pas. Il y a plusieurs hommes en lui. Mais n'est-ce pas le lot de tous les créateurs ?
    Tandis que la Domus se couvrait d'or, à l'intérieur comme à l'extérieur, et que le géant impérial dressé sur le péristyle se voyait doté d'yeux de saphir, le pouvoir faisait ses comptes. Le bilan de la répression n'était finalement pas excessif eu égard au danger encouru par l'Empereur. On comptait dix-sept condamnations à mort, douze envois en exil et trois suicides volontaires. Enfin, fait inouÔ qui sidéra Rome, Tigellin voyait sa vigilance récompensée par les " Honneurs du Triomphe " et Michilus, l'affranchi dénonciateur, devenait trés riche et était autorisé à ajouter "

    le sauveur " à son nom ! Pourtant, le complot laissait des traces. Sur Néron d'abord, en proie à une inquiétude morbide, qui abandonnait sa défense à Tigellin dont l'influence grandissait encore.
    L'épreuve changeait l'homme qui, à vingt-sept ans, prenait de l'embonpoint, affichait un visage bouffi et des chairs flasques, ce qui ne l'empêchait pas de montrer à nouveau son talent en public. Le chant ne lui suffisant plus, il avait fait installer dans une carriére de la colline du Vatican une piste o˘ il conduisait char et chevaux en présence de ses courtisans.
    Bientôt le peuple avait été admis à venir admirer son prince cravacher les chevaux blancs d'Apollon. Un spectacle qui le réjouissait mais laissait atterrés le Sénat et les vieux Romains.
    Fabulus avait donné ses derniers coups de pinceau, les jardiniers avaient nettoyé les pelouses et taillé les arbustes. Le temps était venu, avait dit Sevurus, de songer à l'inauguration de la Domus Aurea. Il avait demandé à
    Néron quand il comptait s'installer dans le nouveau palais mais n'avait reçu qu'une réponse évasive. L'Empereur retardait sans cesse ce moment qu'il avait tant espéré. Certains disaient qu'il avait vu en songe un aigle noir foncer sur sa statue et que les augures lui avaient conseillé de se méfier. D'autres pensaient qu'il se sentait olus en sécurité au Palatin dont il connaissait tous les
    -étours que dans l'immense Domus o˘ personne n'avait encore habité. Sevurus lui avait bien dit que c'était le Palatin, rempli de fantômes et sali du sang de tous ceux qui y avaient trouvé la mort, qui portait le poids du naléfice, alors que la Domus Aurea était vierge de toute souillure, mais Néron s'était contenté de hocher la tête. Pour l'instant, son esprit était ailleurs. Valerius rapporta son étrange et derniére lubie qui faisait l'objet de toutes .es conversations au palais :
    - Néron a accordé du crédit à une espéce de fou, Cesel-hus Bassus, un Carthaginois qui a réussi à se faire introduire auprés de lui et lui a raconté une histoire incroya-ole. Dans un champ voisin de Carthage, il prétendait avoir découvert l'entrée d'une caverne trés profonde qui renfermait

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