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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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un trésor colossal ; des barres d'or pur que la Phénicienne Didon aurait jadis enfouies pour que cette richesse immense n'amollît pas son peuple et, surtout, ne donn‚t pas aux rois numides l'idée de l'attaquer. Sans se renseigner, sans mettre en doute ces paroles fantasques, Néron avait déjà dépensé une fortune pour dépêcher sur place ses meilleurs vaisseaux, ses meilleurs rameurs. L'escadre est arrivée pour constater que Bassus avait remué son champ, bouleversé les terrains alentour sans
    ï.rouver la moindre trace du trésor promis à Néron. Sans doute craignit-il la réaction violente de César : il a préféré se donner la mort. Demain, Rome tout entiére va être au courant de la crédulité de son prince et l'incident n'est pas de nature à lui faire retrouver un prestige déjà bien entamé par ses apparitions sur un char et sur les scénes publiques. Sevurus leva les bras au ciel :
    - Je voudrais me tromper mais je crois bien qu'une fois encore Rome va assister au déclin de son Empereur. Je te bénis, Calpurnia, d'avoir insisté
    pour que nous demandions le paiement de nos honoraires. Néron ne nous a pas 66
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    tout versé mais, quoi qu'il advienne, Celer est riche et j'ai, moi, arrondi la fortune que je vous léguerai bientôt.
    - Bientôt ? Mais, cher oncle, te voilà enfin libéré de ton fardeau et tu vas pouvoir profiter encore longtemps de ta maison et de la douceur de ton jardin ! s'exclama Calpur-nia.
    - Je voudrais te croire, ma chérie, mais le poids des ans se fait de plus en plus lourd et mon dernier travail, s'il a passionné l'architecte, a beaucoup éprouvé l'homme.
    Ce n'est pourtant pas le vieillard qui partit rejoindre les dieux. La période des jeux était à peine terminée que l'on apprit la mort subite de l'Impératrice. En ville, ce fut la stupeur et tout de suite les mauvais bruits circulérent. Le palais, depuis l'avénement de Claude, avait été le thé‚tre de trop de drames sanglants pour que la rumeur, entretenue par les sénateurs frustrés, n'incrimine pas Néron.
    Dans le petit cercle de la maison du Vélabre, on contesta naturellement ces accusations.
    - Certains, rapporta Valerius, avancent que, dans un accés de colére, Néron aurait frappé Poppée enceinte d'un coup de pied mortel. Mais c'est ridicule : Néron aimait son épouse et se réjouissait d'attendre un enfant.
    Sa douleur est si grande que son caractére excessif le porte à la frénésie.
    - Tu as raison, dit Sevurus. Néron n'est pas physiquement violent... S'il est responsable de cette mort, ce ne peut être qu'en ayant obligé sa femme, épuisée par sa grossesse, à assister aux fêtes qui se succédent au palais.
    Poppée a d˚ mourir d'un accouchement avant terme.
    Deux jours plus tard, Sevurus et Valerius, qui connaissaient l'Impératrice, se joignirent à la procession qui accompagna le corps jusqu'au forum. Néron tint à monter lui-même à la tribune qui dominait un océan de toges rouges et blanches pour prononcer l'éloge de son épouse. Dans la foule, les mieux renseignés racontaient comment l'Empereur n'avait pu se résoudre à faire incinérer le corps, selon la coutume romaine, et l'avait fait embaumer par des spécialistes égyptiens. C'est en effet une
    -nomie que le cortége convoya jusqu'au mausolée d'Auguste, seul tombeau jugé digne par Néron d'accueillir Poppée.
    C'est encore Valerius, décidément grand pourvoyeur de nouvelles, qui apprit un mois plus tard à ses amis que \~eron vénérait tellement la mémoire de sa femme qu'il avait remplacée par un beau jeune homme dont le isage rappelait celui de la morte. Son épouse disparue, Empereur, libéré de toute retenue, se laissa aller en effet _ i tous les excés sexuels. Rome était loin d'être pudibonde ï -nais les débauches quasi publiques de Néron étaient de nlus en plus mal acceptées. Le Sénat, qui comptait beau-oup de libertins, commençait même à s'indigner. Sous a toge, on accusait Tigellin d'encourager l'Empereur dans ses go˚ts dépravés et d'amplifier en même temps les oérils qui le menaçaient pour mieux asseoir sa fortune. Tout cela n'était pas faux : la banqueroute du régne commençait alors que le petit peuple continuait d'aimer cet empereur qui n'avait que vingt-huit ans. Ses déborde-Tients touchaient peu la foule. Elle admirait au contraire s on amour du faste, sa conception de l'urbanisme dans la econstruction des vieux quartiers et, surtout, sa familia-i ité et sa

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