Les dîners de Calpurnia

Vespasien soutient les talents et les arts. On le dit avare mais il est le premier à assurer sur le trésor public une pension aux rhéteurs. quintilien en profite, comme les poétes, bien que la poésie ne semble pas beaucoup toucher notre César. Et comme Zénodore qui a reçu un riche cadeau pour avoir changé la tête de Néron en soleil ! quant à Terphus et Diodore, les joueurs de cithare, ils ont eu droit chacun à deux cents grands sesterces.
    - Il est finalement plus généreux que Néron. Les b‚tis-1. Ce curieux impôt constituera aux yeux de la postérité le plus clair de la popularité d'un empereur qui a rendu tant de services éclatants à son pays.
    2. Magistrature secondaire considérée comme une sorte de noviciat préparant à la carriére sénatoriale.
    3. C'est à cette époque que se situe le célébre Dialogue des Orateurs qui sera publié plus tard.
    seurs de l'amphithé‚tre n'ont pas à se plaindre, dit à son tour Celer qui ne révéla pas pour autant le montant de la récompense qu'il avait touchée.
    - Les seuls à ne pas bénéficier des largesses de César sont les philosophes, remarqua Tacite. Un édit vient de chasser les stoÔciens et les cyniques en même temps que les astrologues.
    - C'est vrai, mais Néron e˚t été moins clément. Il les aurait supprimés purement et simplement, dit Martial. Au moment o˘ Vespasien installe sa dynastie familiale, les stoÔciens réclament un souverain élu. quant aux cyniques, leurs théories politiques et sociales aboutissent à la négation de toute idée de gouvernement et de société. Leurs prédications populaires tendent à faire passer Vespasien pour un tyran aux yeux de l'opinion et il n'est pas étonnant que l'Empereur en soit irrité.
    - Il paraît que le cynique Demetrius et le stoÔcien Tuti-lus Hostilianus, relégués plus sévérement dans les îles, poursuivent là-bas leurs attaques contre le régime impérial, précisa Tacite.
    - Et l'Empereur laisse faire ? demanda Calpurnia.
    - Il a dit : Demetrius fait l'impossible pour me contraindre à lui ôter la vie mais je ne tue pas un chien qui aboie.
    Vus de l'extérieur, les trois premiers étages de l'amphithé‚tre étaient maintenant achevés. Il avait été convenu que l'édifice en resterait là
    durant quelques années et que l'inauguration aurait lieu sans attendre l'installation de la quatriéme forme prévue, une sorte de grand attique percé de quarante petites fenêtres carrées.
    A l'intérieur, le travail se poursuivait fébrilement. Le systéme architectural des couloirs et des voies d'accés aux gradins était tellement compliqué que les travaux avaient pris du retard. On n'en finissait pas d'élever entre les colonnes porteuses des murs en moellons de péperin et de mortier qu'il fallait ensuite revêtir de brique. L'Empereur, comme il l'avait promis, ne montrait pas
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    son impatience mais le nouveau curator, Attius Felicia-nus, savait qu'il comptait les jours et ne tarderait sans doute pas à lui demander des explications. Inquiet et maladroit, il pressait chaque jour Celer un peu plus :
    - Tu aurais d˚ prévoir un délai plus long. Vespasien est un homme d'ordre, méthodique et précis. quand on lui donne une date, il s'y tient.
    - Mais je n'ai jamais pris d'engagement ! Je lui ai dit au contraire qu'un chantier comme celui-ci était soumis continuellement à des impondérables...
    Je suis prêt à recommencer et suis certain qu'il comprendra. C'est un homme de guerre qui sait que toutes les batailles réservent des surprises !
    Les remarques du curator, plus impérial que l'Empereur, agaçaient Celer qui faisait tout ce qui était en son pouvoir pour accélérer le travail. On avait mis deux mille prisonniers juifs de plus à sa disposition mais il s'était vite avéré que l'augmentation du nombre des incompétents, loin d'améliorer le rendement, gênait les ouvriers qualifiés et retardait plutôt le travail.
    Un jour o˘ Felicianus lui demandait pour la vingtiéme fois quand Vespasien pourrait inaugurer son amphithé‚tre, Celer, excédé, répondit :
    - quand les travaux seront terminés. Et si vous trouvez un architecte plus diligent que moi, engagez-le, je lui céderai volontiers la place.
    L'incident avait eu des témoins et le chantier avait grondé dans ses murailles. L'ensemble des architectes, des décorateurs et des contremaîtres manifesta même son soutien à Celer, lui proposant, pour ramener Felicianus à la raison, d'arrêter le