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Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
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Domitien, les Romains savaient beaucoup de choses et c'étaient surtout des infamies. Personne n'avait oublié son attitude alors que Rome attendait l'arrivée de son pére proclamé César par l'armée d'Orient. Maître provisoire, il avait usé de son titre consulaire d'une maniére tyrannique aprés s'être piteusement comporté dans la guerre de Vitellius. On se souvenait aussi qu'à la mort de l'Empereur il n'avait pas craint d'annoncer que Vespasien l'avait associé à l'Empire avec son frére mais que le testament avait été falsifié. On n'ignorait pas non plus, surtout dans un milieu comme le Vélabre, qu'il n'avait cessé durant tout le régne de Titus d'agir contre lui. Enfin, Pline donna le coup de gr‚ce en racontant comment Domitien n'avait même pas attendu le décés de son frére, qu'il avait peut-être sciemment provoqué par le bain glacé, pour rentrer à
    Rome se faire reconnaître par les cohortes prétoriennes.
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    - Rome a mangé son pain blanc, la nuit retombe sur elle, dit Tacite. Enfin, on a déjà vu des prétendants de mauvaise réputation devenir de bons empereurs. quoi qu'il arrive, il va falloir vivre avec le maître que le destin nous envoie.
    - Dommage, murmura Rabirius, Titus me faisait confiance. Maintenant je vais devoir rallier à ma cause ce Domitien que l'on dit bête et féroce. Je ne vois pas un tel individu s'intéresser à de grands travaux.
    - Ce n'est pas s˚r, dit Pline. Domitien n'est pas sot. Peut-être, en pensant à Néron, cultive-t-il les lettres grecques et s'intéresse-t-il aux beaux-arts ?
    - Il s'intéresse surtout aux mouches ! s'exclama Juvé-nal.
    Comme l'on s'étonnait de cette curieuse interruption, le satiriste poursuivit :
    - Vibrius Crispus m'a raconté que, pour se distraire, Domitien s'enfermait tous les jours et s'amusait à capturer des mouches et à les transpercer à

    l'aide d'un poinçon.
    - Est-ce plus cruel que de livrer dans l'aréne des bêtes sauvages à la boucherie des venatores1 ?
    - Les lions et les tigres peuvent se venger sur les condamnés qu'on leur donne en p‚ture et sur les bestia-rii2 qui n'ont pour se défendre qu'un javelot. Les mouches, non.
    On s'amusa ainsi un moment à rechercher les tares du nouveau César dont, à
    vrai dire, personne sous ce toit n'attendait grand-chose. Puis on se sépara. Calpurnia esquissa un sourire lorsque Martial, prenant congé de Rabirius, lui glissa d'un air entendu : " Ah, c'est vrai ! Tu as droit au toit. Nous n'avons, nous, que le bénéfice du dîner. "
    Lorsque tout le monde fut parti, Rabirius et Calpurnia 1. Les venatores combattaient les bêtes avec l'armure noble, l'épée et le bouclier.
    2. Les bestiarii, condamnés de droit commun, n'étaient vêtus que d'une tunique, et leur arme, un javelot, se montrait dérisoire face aux fauves.
    Leur destin était d'être dévorés.
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    s'installérent dans l'atrium comme ils le faisaient chaque soir.
    L'architecte lui racontait comment la journée s'était passée au chantier, lui confiait ses soucis et aimait lui faire partager ses succés. La jeune femme, qui avait baigné depuis sa tendre jeunesse dans le milieu des b
    ‚tisseurs, comprenait. Elle était même une interlocutrice de bon conseil.
    Ils parlaient souvent de Celer, Calpurnia disait qu'il les entendait du royaume du ciel et qu'il était s˚rement fier de son éléve. L'expression "
    royaume du ciel " n'était pas courante à Rome et confortait Rabirius dans son idée que Calpurnia était, sinon chrétienne, du moins proche en pensée des adorateurs du Christ. Il avait plusieurs fois tenté de la questionner à
    ce propos mais elle s'était toujours défilée.
    Ce soir-là, Rabirius hasarda une réflexion plus personnelle :
    - Il me semble q\ie notre ami Martial se moque ouvertement de mon hébergement au Vélabre. N'as-tu pas ressenti son ton piquant lorsqu'il m'a dit au revoir ?
    - que veux-tu, Martial pense en épigrammes. Il mordille mais il n'est pas méchant, surtout avec ses amis.
    Elle laissa passer un instant puis ajouta sur un ton badin :
    - Peut-être est-il jaloux ? Sans doute croit-il que notre intimité va plus loin qu'il ne paraît ! Si c'est le cas, son avis m'indiffére. Avons-nous, mon petit Rabirius, quelque chose à nous reprocher ?
    Cela l'agaçait qu'elle l'appelle " mon petit Rabirius ". Il était plutôt bien b‚ti et en tout cas plus grand que Celer. Mais cette fois il ne remarqua rien, tout à la pensée de ce que venait de dire Calpurnia.

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