Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les dîners de Calpurnia

Les dîners de Calpurnia

Titel: Les dîners de Calpurnia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Diwo
Vom Netzwerk:
fascinée par ce jeune chef, superbe dans son habit rouge de légat de légion. Il se rappelait encore les chants entiers d'Homére qu'il lui avait récités, les poémes qu'il avait improvisés pour elle et comment, devenue en quelques jours la dame de ses pensées, elle lui avait apporté d'inoubliables moments de bonheur.
    Combien de fois avait-il regretté, lorsqu'il devait prendre des décisions difficiles, l'absence de cette femme exceptionnelle qui lui av"it donné, quand elle était à la cour, tant de conseils opportuns ? Mais c'était justement cette influence qui avait déplu aux Romains. L'impopularité de Bérénice avait rompu l'alliance sans effacer l'amour. Pourtant Titus, sans Bérénice, avait continué de faire, magnifiquement, son travail de César.
    Peut-être même mieux que son pére qui avait su rendre à Rome sa dignité.
    Titus, paré de toutes les vertus, régnait depuis deux ans et sa gloire, qui était celle de l'Empire, lui semblait assurée pour de longues années. Mais le destin est aussi cruel pour les grands que pour les faibles. L'Empereur, qui gouvernait en paix, sans craindre l'un de ces complots qui avaient éliminé tant de ses prédécesseurs, celui dont on louait la force, la beauté
    et la santé, tomba brusquement malade, terrassé par une fiévre qui lui consumait les poumons et contre laquelle la médecine demeurait 214
    impuissante. Le seul espoir restait, au bout de quinze jours, une source thermale des environs de Reate qui, disait-on, faisait parfois des miracles. Reate, les Flaviens connaissaient. La famille y possédait une maison de campagne o˘ Vespasien avait passé sa jeunesse et o˘ il était mort.
    Va pour les eaux ! L'imposant cortége qui encadrait la litiére impériale se mit en branle vers les monts Sabins. N'e˚t été le roi du monde mourant sur ses coussins d'écarlate, l'escorte des cavaliers rouges de la garde prétorienne, celle des ministres, des amis, des conseillers, tous aussi jeunes que César, aurait ressemblé avec ses ors, ses couleurs et ses chevaux d'apparat à un défilé de gala. Mais on était dans la montagne, les porteurs essayaient d'amortir les secousses imposées à la litiére par la route cahoteuse, les chevaux glissaient sur les pierres et la plupart des participants à cette procession de la douleur se rappelaient la scéne qu'ils avaient vécue deux ans auparavant : au même endroit, en haut du col, le divin Vespasien, qui avait voulu venir mourir chez lui, était descendu de litiére pour voir de haut, une derniére fois, la vallée de son enfance.
    Titus, lui, n'eut pas la force de sortir, seulement celle de commander qu'on ouvrît le rideau. Il resta immobile un long moment, avant de donner le signal du départ. Le préfet, un jeune chevalier qui se trouvait prés de la litiére, l'entendit prononcer faiblement le nom de Bérénice puis se plaindre de mourir jeune sans raison puisqu'il n'avait à se repentir d'aucun de ses actes... sauf d'un peut-être.
    En chevauchant, le chevalier fit part aux autres officiers de la confession qu'il avait surprise et chacun se demanda quel pouvait être ce seul acte que regrettait l'Empereur. quelqu'un hasarda qu'il avait peut-être fait allusion à des relations intimes qu'il aurait eues avec la femme de son frére Domitien...
    A l'arrivée, l'Empereur fut conduit aussitôt aux thermes o˘ on lui fit prendre des bains tiédes dans l'espoir de faire tomber la fiévre.
    Déception : l'eau de Reate n'eut
    215
    aucun effet sur le mal qui ne faisait qu'empirer. C'est alors que survint Domitien à la tête d'un groupe de prétoriens. Il se rendit aussitôt au chevet de son frére :
    - Un messager a porté à Rome d'affligeantes nouvelles. Je crois bien, Titus, que les faiseurs de miracles sont en train de te tuer.
    Titus le remercia d'un regard et Domitien s'adressa à la suite impériale :
    - Abandonnez tout de suite le traitement de ces incapables. Je me suis renseigné : mon frére est atteint de la maladie qui, au même ‚ge, a affecté
    Auguste. Musa, le grand médecin, lui a ordonné des bains glacés et il a guéri ainsi son abcés au foie. qu'on aille sur les sommets chercher de la neige !
    Titus fut ainsi plongé dans une baignoire de neige fondue. C'est dans ce bain glacial et mortel qu'expira, le 13 septembre 81, l'un des meilleurs et des plus justes des Romains.
    Au Vélabre, on pleura Titus comme on avait pleuré Vespasien. Et l'on se fit du souci quant à sa succession. De

Weitere Kostenlose Bücher