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Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
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auparavant ;
c'était l' Aktion que la vieille Olga que nous avions rencontrée en
Ukraine avait pu voir depuis la fenêtre de sa salle de séjour. À ce Moment-là,
a dit Jack, il est devenu évident que même les travailleurs
« utiles » n'avaient pas une importance cruciale, après tout.
    Oui, a dit Meg d'une voix lente. Il y a soixante ans
exactement, toutes mes amies avaient disparu.
    Bob a dit, Tous les W ont été exterminés.
    Je me suis dit que, de toute évidence, ce que représentait
le W était, en fin de compte, hors de propos pour les Allemands aussi.
    Et les R, a poursuivi Bob, ont été gardés jusqu'en
août 1943.
    Soudain, Jack a dit, Ça me rappelle qu'il y a eu une autre Aktion. Ils avaient emmené à Stryj les Juifs qui n'allaient pas dans lescamps.
Mais en mars 1943, pour une raison bizarre, ils ont ramené à Bolechow des gens
du ghetto de Stryj, quatre-vingt-dix ou cent anciens habitants de Bolechow.
Parmi eux, il y avait notre oncle Dovcie Ehrmann. Et vingt-quatre heures,
peut-être quarante-huit heures après, ils les ont emmenés au cimetière et les
ont tués.
    Désolé, Jack, je ne me souviens pas du tout de ça, a dit
Bob.
    Je n'y peux rien, a répliqué Jack, ça a eu lieu.
    Je sais, je sais. Je sais que les W étaient dans le
camp là-bas, chez les Adler, ils ont été emmenés en mars 1943...
    Alors c'était peut-être en avril, a concédé Jack. Mais ils
ont été emmenés, quatre-vingt-dix ou cent personnes.
    Mars, avril : peu importe, à ce moment-là, Frydka et Lorka
n'étaient plus, pour autant que pouvaient s'en souvenir ces gens, à Bolechow.
Ensemble ou séparément, avec l'aide d'un garçon polonais probablement, les deux
sœurs avaient réussi à s'échapper de Bolechow. Elles ont disparu et plus personne
ne les a jamais revues.
    Du moins, c'est ce que nous pensions alors.
    C'est la dernière chose que quiconque à Sydney ait pu me
raconter à propos des Jäger. Il se trouve que c'est aussi la dernière chose
dont nous ayons parlé. Tout à coup, la conversation a perdu toute énergie.
Chacun, et pas seulement les personnes âgées, s'est senti épuisé, anéanti.
     
     
    En fait, ce n'est
pas tout à fait vrai. La dernière personne à qui j'aiparlé cet
après-midi-là a été Boris Goldsmith, qui était resté silencieux pendant la plus
grande partie de la conversation, puisqu'iln'avait pas été présent
pendant la guerre, n'avait pas vu ce que lesautres avaient vu ou
entendu dire. C'était cela qu'il voulait rendre parfaitement clair pour moi,
quand la conversation avait pris fin.
    Je ne peux rien vous dire, a-t-il dit, en me regardant et en
écartant ses grandes mains, parce que je n'étais pas là, j'étais à l'armée.
Dans l'armée russe.
    Je sais, ai-je dit sur un ton que j'espérais rassurant. Mais
envoulant lui donner l'impression d'avoir été utile, en voulant l'inclure
dans la conversation alors qu'il n'avait pas été inclus dans les événements
dont je venais d'entendre parler, j'ai ajouté, Alors que s'est-il passé après
la fin de la guerre ? Vous êtes revenu ?
    Boris a ri et a secoué la tête. Non, a-t-il dit, je ne suis
pas revenu parce que j'ai rencontré quelqu'un quand j'étais à l'hôpital dans le
Caucase -– il a prononcé Cow-casse — et c'est là que j'ai fait sa
connaissance. Quelqu'un en uniforme français, et je me suis approché de lui, et
il avait l'air d'être juif.
    L'idée que ce Juif d'une minuscule ville de Pologne ait pu
rencontrer quelqu'un qui lui avait semblé familier et sympathique, à des
milliers de kilomètres de chez lui, au fin fond du Caucase, m'a fait l'effet
d'une chose aussi drôle qu'improbable, et j'ai souri. Il y avait en effet
quelque chose d'assez amusant dans la façon dont Boris Goldsmith racontait
cette histoire, comme si c'était le début d'une plaisanterie. En fait, je
pouvais même imaginer mon grand-père commençant une de ses histoires de la même
manière. Alors pense un peu à ça : j'étais là, dans le Caucase, au milieu de
nulle part, et qui fait son entrée? Un Juif vêtu d'un uniforme français...
    Il ressemblait à quelqu'un de Juif, a poursuivi Boris, et
donc je me suis approché de lui et je lui ai demandé, Alors, qu'est-ce qu'il
faut faire, retourner à Bolechow ?
    Et qu'est-ce qu'il a répondu ? ai-je demandé immédiatement,
exactement comme je l'aurais fait avec mon grand-père.
    Et Boris m'a dit alors ce que le Juif en uniforme français
lui avait répondu au cours de cet

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