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Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
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acheté notre billet et commencé notre périple à travers l'exposition
permanente, qui s'ouvre avec la reproduction d'un bas-relief du soi-disant arc
de triomphe de Titus à Rome, lequel décrit le retour triomphal des légions romaines
ayant conquis la Judée en 70 après J.-C. et détruit le Second Temple. On y
voit, parfaitement reconnaissable, une menorah, le grand candélabre
utilisé dans le Temple, emportée sur les épaules de solides Romains. C'est une
introduction assez sombre à ce que la littérature du musée décrit comme le
désir de son fondateur « de souligner les aspects positifs et créatifs de
l'expérience de la Diaspora ». Ces derniers sont nettement plus
remarquables au moment où l'on passe le bas-relief et où l'on entre dans l'exposition
proprement dite. Comme dans le Zentralfriedhof à Vienne, votre expérience du
Beth Hatefutsoth est organisée autour d'une série de « portes », même
si elles sont ici métaphoriques ; la porte de la Famille, la porte de la
Communauté, la porte de la Foi, la porte de la Culture, et ainsi de suite. Nous
les avons toutes passées, en regardant attentivement. J'ai été particulièrement
captivé, alors que nous franchissions ces diverses portes, par la splendeur de
la taille et la richesse étonnante des détails des maquettes et des dioramas
grâce auxquels les créateurs du Beth Hatefutsoth avaient cherché à évoquer tous
les aspects de la vie juive à travers des siècles d'errance. Il y a, par
exemple, de remarquables maquettes de synagogues dans le monde entier, depuis
la double synagogue de Kaifeng en Chine, au XVIII e siècle, qui
n'était pas différente pour mon œil non éduqué de n'importe quel autre bâtiment
chinois que j'avais pu voir, avec ses avant-toits relevés et ses minces
colonnes peintes, jusqu'au Tempio Israelitico à Florence, édifice mauresque à
dôme grandiose qui me rappelait quelque chose, quand je me suis retrouvé devant
– une autre restauration, un peu pomponnée, d'un grand lieu de prière juif
pour l'édification des visiteurs attentifs, sinon juifs –, jusqu'à ce que
je me rende compte que c'était à la Synagogue espagnole de Prague que je
pensais.
    Il y avait aussi une re-création en miniature,
magnifiquement détaillée, de la Grande Synagogue de Vilna, en Lituanie, qui
avait été construite en 1573, à peu près à l'époque où les premiers Juifs
étaient arrivés à Bolechow, et qui consistait en un vaste ensemble d'écoles, de yeshivas et de lieux de prière – ce qui était parfaitement
approprié, quand on y pense, puisque la Jérusalem du Nord s'enorgueillissait, à
un moment donné, du fait que trois cent trente-trois érudits prétendaient être
capables de réciter le Talmud par cœur –, vaste ensemble qui avait été
détruit en 1942, l'année où la plupart des Juifs de Bolechow avaient disparu.

     
    (Après notre départ d'Israël, Froma et moi, nous nous sommes
envolés pour Vilnius, comme on l'appelle aujourd'hui, et c'est vers la fin de
la semaine que nous avons passée là-bas, à la recherche des dernières traces de
la plus grande ville de l'érudition juive européenne, que nous avons visité la
tombe du fameux Gaon de Vilna, un homme si renommé pour son savoir pendant sa
vie au cours du XVIII e siècle que des congrégations aussi éloignées
que celles du Portugal attendaient fébrilement mais patiemment ses réponses à
leurs questions concernant les Écritures ou la Loi. Et c'est pendant que nous
nous tenions devant la tombe de ce grand homme que notre guide nous a informés
qu'étaient enterrés, dans cette même tombe, les os d'un catholique polonais,
fils d'une famille aristocratique richissime, un comte, un Graf, qui
s'était converti au judaïsme sous la tutelle du Gaon et, pour cette raison,
avait été condamné à brûler sur le bûcher par les autorités catholiques. Nous
avons poliment scruté l'inscription en polonais sur la tombe et j'ai lu à voix
haute, le souffle court, le nom de ce Graf, en le prononçant
phonétiquement. Potaki ? ai-je dit, un peu hésitant, et le guide a souri et a
dit, Non, non, le c est une sifflante sourde, ça se prononce Pototski.)
    Selon moi, il y a plus merveilleux encore que les maquettes
: les magnifiques dioramas tout aussi riches en détails, comme celui qu'on peut
voir, par exemple, dans la section de l'exposition permanente appelée
« Parmi les Nations », qui décrit le grand sage babylonien du X e siècle après

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