Les disparus
les extrêmes du
bien et du mal humains, comme il est écrit dans parashat Vayeira, « Et
II Est Apparu » : car c'est là que nous voyons comment, à Sodome et
Gomorrhe, il découvre le rejet total de la loi morale de Dieu, et sur le mont
Moriah il est lui-même appelé à accepter sans réserve la loi de Dieu, même si
cette loi doit lui coûter son propre fils.
Je dois admettre que je ne suis
jamais allé au-delà de parashat Vayeira dans mon programme
d'auto-éducation hébraïque. Mais, naturellement, je sais comment finissent les
cinq livres que j'avais commencé à lire, il y a vingt ans : comment Joseph, le
descendant préféré d'Abraham, a été rejeté par ses frères, abandonné et en
définitive chassé vers l'Egypte, où sa tribu a fini par prospérer – même
si l'Egypte serait, au bout du compte, le pays d'où cette ramille, cette tribu,
entamerait son long, ardu, inimaginable voyage vers un « foyer » qui,
dans la mesure où aucun ne le connaissait en réalité, ne devait pas du tout
donner l'impression d'être un loyer.
Comme je l'ai dit, la première
chose qui se passe dans parashat Bereishit n’est pas, comme beaucoup le pensent, le fait que Dieu a créé le ciel et la
terre, mais plutôt qu'au début de sa création du ciel et de la terre, quand
tout n'avait été qu'un vide stupéfiant, il ait dit, « Que la lumière
soit ». C'est là, en réalité, le premier acte de création dont nous
entendions parler dans Bereishit. Mais, pour moi, ce qui est
intéressant, c'est le fait que chaque acte de création qui suit — la lumière et
les ténèbres, la nuit et le jour, la terre ferme et les océans, les plantes et
les animaux, et finalement l'homme à partir de la poussière – est décrit
comme une action de séparation. Qu’a fait Dieu quand il a vu que la lumière
était « bonne » ? Il l'a séparée des ténèbres, et il a continué à
séparer jusqu'à ce que les éléments qui composent les parties du cosmos aient
trouvé leur place adéquate et satisfaisante.
Rachi consacre relativement peu
d'espace à ce fait, et il se préoccupe essentiellement des ramifications
morales de cette séparation initiale de la lumière des ténèbres : « Selon
sa signification simple, écrit-il de la séparation par Dieu de la lumière et
des ténèbres, explique-le comme suit : Il vit que c'était bien et qu'il n'était
pas convenable que la lumière et l'obscurité fonctionnent dans ce fatras, et II
a donc assigné sa sphère à l'une pendant le jour, et à l'autre sa sphère
pendant la nuit. » Et pourquoi Dieu a-t-il fait ça ? Parce que la lumière,
comme dit Rachi, « ne mérite pas que les méchants s'en servent, et Il l'a
réservée aux justes pour qu'ils s'en servent dans l'avenir». Les implications
morales de la capacité de « séparer » de cette manière conduisent,
bien entendu, à une conclusion d'un point de vue narratif, à la fin de la
Genèse, chapitre 3, qui est le point culminant de l'histoire de la Création :
l'histoire d'Adam et Eve mangeant le fruit défendu de l'Arbre de la
Connaissance. L'histoire commence avec la Création, qui est, comme nous l'avons
vu, l'histoire des actes de distinction d'une chose par rapport à une autre ;
elle s'achève en faisant allusion à la plus cruciale de toutes les
distinctions, la distinction du Bien et du Mal, une distinction qui devient
compréhensible pour les êtres humains uniquement en mangeant à l'Arbre de la
Connaissance, un arbre dont la Torah nous dit qu'il était (comme la lumière)
« bon », qu'il était un « délice pour les yeux » d'Eve et qu’il
était « désirable pour la compréhension », et que c'était en raison
de cette bonté, de cette délectation, de cette désirabilité qu’Eve y avait
mangé.
Je veux m'attarder un instant
auprès de cet Arbre étrange, dont le fruit, aussi bon fût-il, s'est révélé,
comme nous le savons, empoisonné pour l'humanité ; puisque c'est le fait de le
manger, selon Bereishit, qui a entraîné
l'expulsion des êtres humains hors du Paradis, qui les a contraints finalement
à faire l'expérience de la mort. Mais c'est le plaisir et le délice de l'Arbre
de la Connaissance que je veux explorer brièvement, parce que les liens
établis, dans Bereishit, entre créativité, distinction, connaissance et
plaisir sont, pour moi, absolument naturels. Enfant, j'avais déjà un curieux
penchant intellectuel : le désir à la fois de connaître et de mettre
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