Les disparus
pauvres, et il a une très bonne
opinion et sympathie de la part des citoiliens chrétiens et c'était très
important pour lui et pour toute la ville. Mais il est mort très jeune dans le
siècle il était avec Rachel pour prendre un repos et il est devenu une crise
cardiaque c'était un tragédie pour toute la ville et famille.
Il m'a fallu un peu de temps pour comprendre que citoiliens, c'était citoyens. Rachel, ai-je réalisé avec un frisson, était la
sœur aînée de mon grand-père, celle qui était morte une semaine avant de se
marier, était morte parce qu'elle aussi, je l'ai appris par la suite, avait
le cœur en mauvais état.
Parce que je savais que Miriam et son mari étaient restés à
Bolechow jusque dans les années 1930, j'ai eu l'audace de lui poser des
questions sur Shmiel aussi. Je me souviens de l'obscure émotion ressentie quand
j'ai écrit la lettre dans laquelle je lui demandais ce qui leur était arrivé
exactement, une lettre dont je n'ai rien dit à mon grand-père. Mais sur ce
sujet, Tante Miriam était plus hésitante et n'a pu me dire que la chose
suivante, dans un aérogramme daté du 20 janvier 1975 :
La
date de Onkel Schmil et de sa famille quand ils sont morts personne ne peut me
dire, 1942 les Allemands tuaient tante Ester avec 2 filles. La fille aînée
était avec les partisans dans les montagnes et elle est morte avec eux. Onkel
Schmil et 1 fille Fridka les Allemande les ont tués 1944 à Bolechow, dit à moi
un homme de Bolechow personne sait ce qui est vrai.
S'il s'est avéré que ce n'était pas tout à fait comme elle
m'en avait averti (comme je peux le voir à présent), ce n'était vraiment pas de
sa faute. Elle ne faisait que répéter ce qu'elle avait entendu dire.
Un peu plus tard, quand j'ai appris qu'il ne fallait pas
trop attendre de ces réponses, et que j'ai commencé à tirer fierté de mon
efficacité en tant que chercheur, fierté d'avoir mis au point une certaine
méthode, j'ai commencé à écrire aussi aux institutions et aux agences
gouvernementales, le genre de lettres auxquelles on vous recommandait de
joindre « une enveloppe pré-affranchie », des lettres aux archives de
New York City contenant des mandats postaux pour le règlement des photocopies
officielles de certificats de naissance et de décès (cinq dollars pièce, à
l'époque), des lettres aux cimetières (mes préférées) avec des noms du genre
Mount Zion ou Mount Judah (« la tombe réservée à Mina Spieler reste non
réclamée à ce jour »), des lettres à des endroits portant des noms comme The
Hebrew Orphan Asylum, des lettres à des archives aux acronymes à la
sonorité sinistre, comme AGAD, dans des pays qui étaient alors fermés par le
Rideau de Fer, et dont vous n'entendiez plus jamais parler en dépit du fait que
vous aviez joint le mandat postal international. Problèmes qui m'ont conduit,
deux décennies plus tard, vers des outils plus sophistiqués. Il y avait
désormais les recherches sur Internet et les sites de généalogie, sur le Social
Security Death Index et sur genealogy.com et jewishgen.org ,
sur la banque de données d'Ellis Island, où j'ai appris la date précise de
l'arrivée de Shmiel à New York en 1913, un endroit qui ne lui portait pas
chance, avait-il décidé. Il y avait désormais les comités de Family Finder.
J'avais désormais des correspondances sans fin avec des inconnus parfaits,
incroyablement différentes de ces laborieux échanges par aérogrammes que
j'avais eus au cours de mon adolescence, des requêtes par e-mail auprès de gens
en Californie, dans le Colorado, au pays de Galles et au Danemark qui
promettaient une instantanéité complète et une aisance linguistique totale. Ce
qui, finalement, m'a conduit à voyager, au cours d'une année, dans une douzaine
de villes, de Sydney à Copenhague et Beer Sheva, à m'embarquer sur des avions
et des ferries, à monter dans des trains bondés de filles et de garçons juifs
en uniforme, avec des armes en bandoulière sur leurs corps minces. A aller,
pour finir, jusqu'à Bolechow pour parler avec les quelques survivants qui
avaient vu ce qui avait été fait.
Le temps passant, quand
je suis devenu un jeune homme d'une vingtaine d'années, je me plongeais de
temps en temps dans les dossiers que j'avais constitués, poussais ma recherche
un peu plus loin, écrivais quelques lettres de plus à telles ou telles
archives, apprenais quelques faits supplémentaires. A l'époque
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