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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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s’agit-il, alors ?
    Il garda le silence. Son regard passa du commissaire au sergent, puis revint vers le commissaire, comme s’il espérait lire sur son visage les conséquences de sa réponse. Enfin, il poussa un soupir et dit :
    — Mrs. Bennet et moi entretenons une relation que son mari, ma femme et le Saint-Siège doivent à tout prix ignorer. Je lui ai d’ailleurs rendu visite après avoir raccompagné Mlle Slataper chez elle. Vous avez découvert, j’imagine, que je n’étais rentré à l’hôtel qu’à onze heures passées ?
    Tron sourit.
    — En effet. Nous savons aussi que vous avez acheté des propriétés à San Luis Potosí dont vous profiteriez si Juárez restait au pouvoir.
    L’ambassadeur s’appuya contre le dossier de son fauteuil et expira un nuage de fumée.
    — D’où vous déduisez que je le soutiens, n’est-ce pas ?
    — Parfaitement.
    Il esquissa un sourire las.
    — Je suppose que cette information provient du père Calderón ?
    Le commissaire fit un geste ambigu de la main, qui pouvait signifier oui ou non.
    — Je peux vous assurer, reprit Gutiérrez, qu’il s’agit d’une rumeur répandue à dessein. Calderón est un fanatique – tout comme Labatista. L’évêque craint manifestement que je ne défende pas assez son point de vue dans la question des biens confisqués. Voilà pourquoi il cherche à me nuire. En ce moment, l’Église se voit dans le rôle de martyr. Calderón et Labatista flairent la trahison partout. Je ne suis pas celui que vous recherchez, conclut-il en se penchant au-dessus de son bureau, le regard fixé sur Tron.
    — La chasse à l’homme ne représente qu’un aspect de cette enquête, Excellence. L’archiduc ne tient pas absolument à une procédure pénale.
    Gutiérrez réussit à bâiller avec arrogance.
    — De toute façon, je ne vois pas comment il l’obtiendrait puisque je jouis de l’immunité diplomatique.
    — J’en ai bien conscience, Excellence. Néanmoins, un rapport du commandant en chef de la police vénitienne comprenant les photographies en annexe ne devrait pas passer inaperçu.
    — Que souhaite donc l’archiduc, demanda le diplomate en tirant sur sa cigarette, s’il ne s’agit pas d’envoyer l’assassin devant les tribunaux ?
    — Récupérer les photographies sur lesquelles on le voit en compagnie de Mlle Slataper… ainsi que la somme disparue la nuit dernière.
    Gutiérrez plissa le front d’un air moqueur.
    — Vous m’accusez pour de bon d’avoir assassiné Pucci ?
    — Jamais je n’oserais, Excellence. J’attire simplement votre attention sur l’intérêt que l’archiduc porte à ces photographies.
    Il s’inclina pour observer son interlocuteur.
    — Si Son Excellence pouvait nous aider à rentrer en possession des clichés et de l’argent volé, nous pourrions en contrepartie lui rendre ses propres photographies. Et son nom ne figurerait pas dans mon rapport.
    L’ambassadeur ramassa une des trois variantes étalées sur le bureau et la considéra, impassible. Au bout d’un instant, il reprit :
    — Une solution raffinée, cela ne fait aucun doute. Seulement, vous omettez un détail, commissaire.
    — Lequel ?
    — Je ne possède ni les clichés de l’archiduc ni son argent.
    Il reposa la photographie et soupira.
    — Qui peut bien les avoir sinon vous ? demanda Tron sur un ton sarcastique.
    Le Mexicain préféra prendre la question au sérieux ou, du moins, faire semblant. Sa mine devint songeuse.
    — Je m’interroge sur le rôle de père Calderón dans toute cette histoire.
    Tron écarquilla les yeux.
    — Le père Calderón ?
    — Lui avez-vous demandé, continua le diplomate, où il se trouvait dans la nuit du crime ?
    — Le père Calderón a peut-être des vues un peu strictes, rétorqua le commissaire. Mais les allégations de Son Excellence me paraissent excessives.
    L’étaient-elles vraiment ? Qualifier un tel fanatisme de vues un peu strictes ne manquait pas de sel.
    L’ambassadeur examina avec soin les doigts manucurés de sa main droite, posée sur le bord de son bureau, entre lesquels il tenait sa cigarette. Il ne jugea pas nécessaire de lever les yeux vers son interlocuteur pour donner plus de poids à ses propos.
    — Vous conviendrez, déclara-t-il sans élever la voix, que ces clichés pourraient constituer une arme précieuse pour l’Église catholique. Les rapports entre l’archiduc et Labatista sont extrêmement tendus. L’évêque

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