Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
Vom Netzwerk:
s’est rendu à Miramar en juillet. Leur entretien a failli dégénérer en querelle. Maximilien n’a jamais fait mystère de ses positions libérales. Seulement, pour l’heure, il dépend du bon vouloir du clergé. Donc il louvoie, ce que le Vatican prend très mal.
    — Je doute, répliqua Tron, que Rome aille jusqu’à cautionner un crime.
    Il avait conscience de l’absurdité d’une telle réponse. Au cours de son histoire, la Sainte Église n’avait jamais épargné ses ennemis quand ses biens étaient en jeu.
    À travers la fumée de sa cigarette, Gutiérrez lui envoya un sourire aussi tranchant qu’une lame de couteau.
    — Que savez-vous sur le père Calderón ?
    Bonne question. Que savait-il de lui ? Rien, convint Tron en secret. Il savait que le prêtre était l’ami de la princesse. Que quelque chose le dérangeait dans cette relation. Et qu’il avait jusqu’alors évité de trop y réfléchir. Pourtant, il répondit :
    — Assez pour exclure votre hypothèse.
    L’ambassadeur haussa les épaules.
    — En tout état de cause, il avait un motif. À votre place, je lui demanderais s’il a aussi un alibi.
    Il écrasa sa cigarette comme s’il s’agissait de la réponse du père Calderón.
    — Vos allégations sont graves, Excellence.
    Gutiérrez balaya un brin de tabac sur le dos de sa main.
    — Celles que vous avez élevées contre moi ne l’étaient pas moins.
    — En attendant, comment puis-je vérifier votre alibi ?
    — Ma parole ne vous suffit pas, commissaire ?
    Tron lui adressa un sourire aimable.
    — Dans le cas présent, je crains que non, Excellence.
    Le diplomate se leva pour mettre fin à leur conversation.
    — Il n’y a pas moyen de le vérifier, décréta-t-il. À l’occasion, occupez-vous tout de même de l’emploi du temps de Calderón.
     
    Abrités par le store à rayures vertes, à l’entrée du Danieli , le commissaire et son bras droit regardaient les gouttes qui s’étaient formées contre le tissu tomber sur le pavé. Ailleurs, pensa Tron, l’automne se traduisait par des feuilles jaunes chassées par un vent froid. Ici, à Venise, une ville presque sans arbres, seul un souffle humide se répandait dans l’air, comme une fumée, vers la fin d’octobre.
    — Qu’en pensez-vous, Bossi ? Il a menti ?
    — Bien sûr ! s’exclama le sergent.
    Il fit une grimace, peut-être à cause de l’hypothèse du commissaire ou simplement à cause du froid.
    — Il n’a jamais eu de liaison avec la femme du consul ! Il lui transmet des informations, c’est tout.
    — Dans ce cas, objecta Tron, il aurait tout aussi bien pu fixer rendez-vous au mari.
    Bossi secoua la tête.
    — Trop risqué ! Imaginez qu’on les surprenne. L’ambassadeur ne pouvait pas courir un tel risque.
    — Ce n’est pas le brouillard et l’obscurité qui manquent à Venise, s’entêta le commissaire. Ils n’étaient pas obligés de se rencontrer au Florian .
    — Qu’est-ce que vous voulez dire, chef ? l’interrogea son subalterne en fronçant les sourcils.
    — Peut-être que son histoire est vraie, suggéra Tron.
    Bossi le regarda un moment en silence. Puis il demanda :
    — Donc, ce ne serait pas lui qui aurait tué Anna Slataper et Ettore Pucci ? C’est ce que vous laissez entendre ?
    — À peu près, répondit le commissaire en haussant les épaules.
    — Y a-t-il un moyen d’auditionner la femme du consul ? En fin de compte, elle fournit un alibi à Gutiérrez.
    — Rien ne sert de la questionner, décréta le commissaire. Elle se réfugiera derrière l’immunité diplomatique. En revanche, nous pouvons essayer de déterminer où elle se trouvait dimanche soir.
    — Et la nuit dernière ! ajouta Bossi.
    — S’il apparaît qu’elle était prise par une réception officielle, poursuivit Tron, nous saurons que Gutiérrez a menti.
    — Je suis sûr qu’il n’a pas dit la vérité ! affirma de nouveau le sergent.
    — Eh bien, prouvez-le, Bossi ! Les domestiques du consulat sont sans doute italiens. Demandez-leur ce que faisait Mrs. Bennet. De mon côté, je dois rencontrer le père Calderón ce soir. Peut-être pourra-t-il m’en apprendre un peu plus sur les relations de Gutiérrez et de l’Américaine.
    Bossi regarda son chef.
    — Avez-vous demandé au prêtre ce qu’il faisait dimanche soir ?
    Le sergent s’écarta pour laisser passer un sous-lieutenant des chasseurs croates. Puis il continua sans attendre la

Weitere Kostenlose Bücher