Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
exactions et des mauvaisetés mortelles. Il leur était donné d’ouïr plus de plaintes et de cris de douleur que d’aveux de conversion à la Sainte Église.
    –  La charité chrétienne, mon fils, me commanda d’être exigeant en tout et pour tout. Rien ne me paraît inique et outrancier quand il s’agit de gagner des âmes au Christ. Il nous faut, gens de Dieu, assainir l’Espagne ! Elle en a grand besoin.
    –  S’il s’impose, mon père, cet assainissement revient aux Espagnols. Nous sommes céans des forains rien d’autre. Je vous l’ai déjà dit à Tolède.
    –  Nous sommes la Justice divine ; nous sommes l’armée du Rédempteur !
    –  Une armée de mécréants, d’excommuniés, de mercenaires plus ou moins vils et commandés par des hommes plus vils encore dont la suprême joie est d’occire tout être humain dont la foi et la pensée ne coïncident point avec les leurs… Je vous l’ai déjà dit et je vous le répète.
    –  Si tu veux plaider pour tes Juifs, alors plaide. Que sais-tu d’eux ?
    Tristan dut s’avouer qu’il savait peu de chose et qu’il lui advenait d’en mépriser certains : les barbus, chevelus, les hirsutes, les sales. Ils formaient une minorité. Les autres étaient à son image.
    –  J’en sais, me semble-t-il, mon père, autant que vous.
    Un sourire effleura les lèvres du clerc tandis qu’il tapotait le poignard accroché à une ceinture d’armes dont la boucle était un aigle aux ailes déployées.
    –  Ta présomption me met en joie, mon fils, plutôt que de m’attrister.
    Tristan crut constater qu’il y avait, au fond des yeux bleu clair, derrière des prunelles trop fixes, l’expression misérable et lointaine d’une intelligence en voie d’extinction, mais qui voulait éblouir le monde de ses derniers flamboiements.
    –  Je parle hébreu, sais-tu, et je connais leurs livres. J’ai lu leurs prophètes, moi, Béranger Gayssot… Pour eux, l’étranger est un être impur car ils sont paraît-il sains : c’est écrit dans le Deutéronome 153 . Ils apprécient l’esclavage quand il est à leur service et l’achat d’enfants d’étrangers car il est dit, toujours dans le Deutéronome : « Vous pourrez acheter des esclaves parmi les enfants des étrangers qui séjournent chez-vous et parmi leurs familles qui vivent avec vous, qu’ils auront engen dré dans votre pays ; et ils seront votre propriété. Vous les laisserez en héritage à vos enfants après vous pour les posséder comme une propriété : ils seront perpétuellement vos esclaves. Mais, à l’égard de vos frères, les enfants d’Israël, nul d’entre-vous ne dominera sur son frère avec dureté 154 . »
    Tristan chercha une objection sans en trouver. Frère Béranger poursuivit d’une voix qu’il voulait forte, pondéreuse – convaincante :
    –  Ils ne trouveraient point déshonorant, s’ils le pouvaient, d’enclore ces esclaves dans des prisons.
    Quant à leur présomption, elle est infinie. Ce n’est pas moi qui l’affirme, mais le Deutéronome ou Moïse, si tu préfères : «  Yahweh, ton Dieu, te donnera la supériorité sur toutes les nations de la terre  »… Et tu pourrais lire dans Isaïe : «  Ils se prosterneront devant toi la face contre terre et ils te lécheront la poussière de pieds 155 . »
    –  C’est peut-être ainsi que l’on encourage un peuple qui se croit indigne à obtenir sa dignité.
    Un rire. Peut-être signifiait-il que frère Béranger se trouvait pris au dépourvu.
    –  Ils ont plus, croient-ils, que de la dignité. Ils se prétendent supérieurs. Ainsi se courroucent-ils quand un Juif épouse une fille qui n’est point de sa race ou quand une Juive épouse un incirconcis. C’est un péché contre leur dieu. C’est écrit dans le Livre de Néhémie (439) . Cependant, la seconde façon de protéger l’espèce, ce n’est pas de se marier entre soi, c’est d’exterminer les gêneurs… Dans Jéricho livré à l’anathème, ils n’occirent pas seulement les hommes, les femmes, les enfants, mais les bœufs, les brebis, les ânes…
    –  Vous vous répétez, mon père, et c’est à croire que vous connaissez la Torah ou je ne sais quel Livre mieux encore que la Bible… Après tout, ces Juifs que vous exécrez firent ce que nous avons fait à Boija. Magallon, Briviesca et dans certains hameaux lointains comme Guadamur. S’ils se vouent les uns les autres à l’anathème et s’ils immolent leurs

Weitere Kostenlose Bücher