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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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– Français et capitaines d’aventure – voulaient, semblait-il, leur donner des leçons de confiance, voire de hautaineté. Audrehem paraissait un peu plus sûr de lui. Tout en buvant son vin brûlant à petits coups, il étrillait parfois, de ses ongles pointus et noirs, une barbe assez longue aux poils gris, ternes et mal taillés. Tristan se demanda comment il l’enfournerait dans son bassinet, et s’il en aurait le temps lors d’une embûche imprévisible. Le Bègue de Villaines se taisait – ce qui seyait à tous. Seul Guesclin, entre le roi morose et Couzic aussi pâle et serein qu’une statue païenne, affectait une gaieté qui ne contagionnait personne :
    –  Roi, dit-il, et vous mes seigneurs, je vous affirme que si les Espagnols qui sont de votre parti vous veulent aider sans nulle tricherie, aussi bien que les Français qui sont là, je ne donnerai que très peu de ces princes qui montrent si grande ardeur. Mais, je vous prie, pour Dieu qui a tout en son pouvoir, ne vous fiez pas trop, Henri, en votre armée…
    Et tourné vers le roi dont il avait senti le mécontentement :
    – … car je me doute trop qu’il y a de la couardise.
    C’était une offense aussi bien pour l’usurpateur que pour ceux qui le suivaient depuis Perpignan. Barcelone, Tolède et Séville. Les capitaines espagnols s’étaient levés. Leur courroux fit sourire le Breton tandis que l’homme qui devait son trône aux Compagnies se défendait violemment :
    –  Par la Vierge sainte. Bertrand, je ne puis savoir le sens ni la folie des troupes dont vous mettez le courage en doute ! Peut-on deviner ce qui gît au fond du cœur de l’homme ? Seigneur, on ne connaît pas les faux par leurs fausses raisons : on connaît à l’œuvre la fausseté de l’homme, car les belles paroles ne sont pas toujours bonnes. Il me faut faire ma maison des matériaux que j’ai !
    –  C’est vrai, dit le Breton. Or, faites à votre volonté, et mandez partout, à pied et à cheval, gens de toutes façons, arbalétriers, archers ! Qu’ils viennent tous sans retard avec nous contre le roi Pedro !
    –  Je n’ai point attendu que vous me le disiez !... Vous savez, Bertrand, qu’il y a plus d’un mois, j’ai décidé que nous nous réunirions ici ce jour d’hui et demain… Hier au soir, avant le départ des Anglais, j’ai su l’approche des compagnies sévillanes… Tous mes fidèles seront présents !
    Henri s’était courroucé. Le Breton s’inclina.
    Au cours de la journée, Tristan vit arriver les Sévillans. Ils étaient vingt mille, selon leurs capitaines. Ils portaient la lance, l’écu, des hoquetons de cuir et des chapels de fer. Vinrent ceux de Burgos, ensuite : dix mille. Autant d’Aragonais. Puis ceux de Saragosse et de Tolède. Soixante mille en tout, disait-on. La campagne à l’entour de Haro en fut pleine. Une grosse rumeur l’envahit, constamment déchirée par les hennissements des chevaux et les meuglements des bœufs qui avaient tiré des centaines de chariots de mangeaille avant de devenir à leur tour nourriture. Ces cris d’hommes et de bêtes surplombés par les croassements de centaines de corbeaux ne sachant plus où s’abattre, ainsi que la puanteur qui s’amplifiait, eurent sur la fortitude de Tristan, déjà rechigné par le froid mais aussi enclin au doute, un effet des plus pervers. À peine fermait-il les yeux qu’il se revoyait à Brignais, par une même inclémence, soit sur les hauteurs du Mont-Rond, soit à proximité du logement 186 de Bourbon et de Tancarville avant que ne commençât la bataille. Il décelait dans ces prodromes de mouvements et de fureurs latentes, les présages d’une défaite aussi cinglante que le gel dévalant des sommets et d’une neige qui tombait parfois en gibou lées brèves, étourdissantes comme un vol de mouches blanches. Ce fut sous ce temps de chien ou de loup qu’il vit Olivier de Mauny disparaître, entraînant avec lui une centaine de routiers, la plupart bretons.
    –  Où vont-ils ? interrogea Paindorge sans cesser de piétiner la boue floculeuse, tout en se battant les côtes. En Navarre (458)  ?
    –  Tu l’as dit : en Navarre, chez notre ami Charles.,’
    –  Ils ne peuvent, à si peu, inquiéter le Mauvais ! ! ! Tristan acquiesça sans mot dire. Guesclin avait formulé une idée ou un ordre et son cousin l’exécutait sans broncher.
    –  La Navarre, messire, dit Paindorge en toussotant,  c’est justement par là

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