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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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appartiennent, viennent à nous sans faute et ne demeurent pas pour vous renforcer dorénavant, ou ils nous seront tous désobéissants et nous les regarderons comme des traîtres et nos ennemis, et ils perdront leurs fiefs et tout leur vail lant, et ils seront détruits ainsi que tout ce qui leur appartiendra. Et nous sommes dolents de ce qu’ils ont fait, car ils ne l’ont pas fait par notre commandement.
    Le visage du roi changeait peu à peu. Il regarda) piteusement Guesclin qui s’en aperçut et lui dit :
    –  Sire, j’ai bien ouï cette sommation. Si le prince nous menace de Bordeaux, encore n’est-il pas ici. Avant qu’il y parvienne, il pourrait bien avoir si grand embarras que mieux lui vaudrait qu’il fut en Orient. L’homme menacé qui est puissant et fort, s’il pleure pour une menace, ressemble à un enfant. Si Édouard est fort, nous le sommes aussi. Nous irons au-devant de lui. Si Dieu veut être pour nous et nous favoriser, nous pourrons avoir honneur au demeurant. On voit parfois un homme riche et puissant, quand l’orgueil le fait agir à son gré, se perdre à la fin par outrecuidance. Là où le cheval tombe, on l’écorche. Maudit soit de Dieu celui qui se troublera ! Si le prince a cent mille guerriers et que nous soyons vingt mille debout devant eux, si Dieu consent à soutenir notre droit, ils partiront d’Espagne avec lui ! Soyons preux et hardis et confortons-nous ! Qui a bon hamois toujours va en avant !
    C’était bien dit, mais d’une présomption forcenée. Guesclin oubliait que le prince de Galles avait toujours vaincu les Français quel qu’en fut le nombre, le courage, l’armement. Et puis quoi ? se dit Tristan, le farouche Bertrand n’avait triomphé que dans des embûches. Cocherel était sa seule vraie bataille.
    Calveley s’approcha. Plutôt que de s’adresser au roi, il préféra vider son cœur devant Guesclin qu’il dominait de trois ou quatre têtes.
    –  Ah ! dit-il, il convient que nous nous séparions. Nous avons été ensemble par bonne compagnie et nous nous sommes comportés loyalement ainsi que des prud ’hommes. Nous avons toujours eu du vôtre à notre vouloir.
    Pour la circonstance, l’Anglais voussoyait le Breton. Il le faisait d’une voix coupante. Ce qu’on entendait n’était pas le propos d’un ennemi, mais presque. Un mépris mesuré vibrait parfois à la fin d’une phrase. Incidemment, et peut-être à son insu, Calveley révélait qu’on pouvait détester un chevalier et se montrer courtois avant de le quitter :
    –  Jamais en tous nos faits nous n’avons eu de disputes.
    « Sauf celles auxquelles j’ai assisté », se dit Tristan.
    –  C’est un fait, Calveley, acquiesça Guesclin.
    –  Nous avons conquis du butin et des dons. Jamais vous n’avez demandé de partager le bien conquis ni les prisonniers, pour donner à vos soudoyers ou pour payer les rançons. Je sais bien de vrai, et ainsi nous le pensons, que nous avons plus reçu que vous. Or le temps est venu de nous séparer : je vous prie, beau doux sire, que nous comptions ensemble et ce qu’à tort nous aurons, nous vous le rendrons ou signerons l’engagement de le rendre.
    C’était assez méchamment dit. Si quelqu’un s’était goinfré de trésors, c’était bien Guesclin. Si une compagnie n’avait cessé de grossir son butin, c’était – ô combien ! – la sienne. Si des guerriers n’avaient fait aucun prisonnier, c’étaient ceux qui, sans conteste, relevaient du commandement du Breton. Depuis longtemps Calveley avait son opinion sur cette engeance et son meneur.
    –  Sire Calveley, dit Bertrand d’une voix épaisse, graillonneuse, ce que vous avez dit n’est qu’un sermon pour moi, car jamais je ne pensais à ces choses. Je ne sais à quoi cela monte. Je n’y ai pas avisé. Je ne sais si vous me devez ou si nous vous devons. Or, soyons quitte à quitte, puisque nous nous séparons. Mais si dorénavant nous nous adressons l’un à l’autre, alors, nous écrirons des nouvelles dettes. La raison veut que vous serviez votre maître. Il n’y a que du bien à cela. Un prud’homme doit agir ainsi. Bonne amitié fit notre accord, et nous nous séparerons en bonne amitié. Nous le voulons ainsi, mais j’en suis dolent. C’est ma conclusion. Puisqu’il faut que cela soit, nous voua recommandons à Dieu.
    « Pour un peu, ce malebouche lui donnerait l’accolade ! »
    Tristan voyant Guesclin faire un pas en arrière, fut

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