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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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connaissaient l’armement et la façon d’agir des Espagnols. Leur expérience ne pourrait qu’accélérer favorablement l’issue d’une bataille imminente.
    Restait, en l’occurrence, l’attitude de Calveley. Atermoyait-il encore pour quitter l’usurpateur ? On l’avait vu s’éloigner puis réapparaître. Tantôt, il s’était montré enclin à rejoindre son suzerain, tantôt il y avait renoncé. Comment eût-il pu oublier qu’outre une solde abondante, l’ancien exilé lui avait dispensé dès son couronnement des titres et des terres ? Comte de Carriôn, l’Anglais avait été nanti d’un apanage considérable. Ah ! Certes, il n’avait guère eu le loisir de le visiter 182 . Il se promettait de s’y rendre lorsque la paix et Henri régneraient sur l’Espagne – s’ils y régnaient un jour – et ne se gênait guère d’avouer que la seule possession dont il était fier, c’était Bunbury, son fief dans la Grande Ile.
    Exposée aux vents, à la froidure et à l’expectative, l’armée demeura quatre jours à Santo Domingo de la Calzada. Les Castillans se plaignaient : ces gens du soleil haïssaient l’hiver plus que Pèdre. Après cinq lieues de marche dans une boue glacée, la vue de Haro les réjouit. Ils n’eussent pas ri et crié plus fort en présence d’une cheminée immense où se fussent consumé  dix arpents de forêt. Là encore, après des effusions brèves, captieuses, on exigea le gîte et le couvert. Avenant et disert, Henri se vit offrir comme herberge 183 , par des bourgeois effrayés, l’hôtel de l’alcade mayor. Le vin de Rioja mouilla la bonne chère. Certains chevalier : lichèrent jusqu’à l’ivresse. Et l’on commençait à roter çà et là quand un homme du guet ébahit les convives : des messages 184 attendaient sur le seuil qu’il avait déserté. Le pennoncier portait la livrée d’Angleterre.
    –  Pas d’Angleterre, rectifia Matthieu de Gournay lorsqu’un capitaine et ses quatre compagnons apparurent. N’as-tu pas vu, hombre, le lambel à trois pendants ?… Ce sont des chevaucheurs du prince de Galles.
    Il y eut un silence éprouvant. Les cinq hommes qu’avaient salué sur le seuil de la grand-salle entrèrent apportant le froid du dehors et, dans le cliquetis de leurs éperons et de leurs armes, le pressentiment, pour tous, qu’on se trouvait de plain-pied dans les commençailles du très prochain affrontement.
    De son avant-bras lourd de mailles, Calveley s’essuya la bouche et la moustache, se leva et marcha au devant des Anglais, cependant que Shirton, Matthieu de Gournay, Jean Devereux 185 , Gauthier Huet et les autres chevaliers de la Grande île demeuraient debout sur place, inquiets et soulagés à la fois. Certains touchotaient leur épée tout en épiant leurs voisins.
    « Non, tout de même », songea Tristan, « nous ne commencerons pas céans à nous frapper sur la goule mais la mort est déjà dans l’air. »
    Les chevaucheurs étaient adoubés de toutes pièces. Leur chef salua le roi sobrement, puis Calveley. Il ignora Guesclin qui s’était approché.
    Sire, dit-il à Henri ébahi par cette ambassade, or, faites lire promptement l’écrit qui est scellé, de par le prince qui vous défie.
    Il ouvrit la custode qu’il portait au cou et tendit au roi un rouleau de parchemin au bout duquel se balançait, à l’extrémité de sa queue de soie, le sceau du prince Édouard.
    Le roi offrit l’épistole à Guesclin qui refusa d’en prendre connaissance.
    « Sait-il lire ? » se demanda Tristan. Audrehem s’approcha, déroula le parchemin après en avoir examiné le sceau puis, se rengorgeant :
    –  Voilà, sire, ce qui est écrit : Nous, prince de Galles, séant outre mer, ainsné fils d’Édouard qui tient l’Angleterre et aussi le pays de Guienne, de Poitou, de Limoges, jusqu’à la mer bruyante, vous faisons savoir et signifions, comme votre ennemi, et nous vous commandons de fait, au nom du roi Pedro, que sans délai vous partiez d’Espagne. Et sachez que nous sommes pourvus et suffisants pour vous faire mourir comme un mécréant et courir sur vous à si grand effort que nous vous détruirons avec tous vos alliés.
    Audrehem sourit, fit : « Hi hi hi », comme s’il prenait connaissance d’une lettre comparable à une fanfreluche : quelque chose de tangible et d’insignifiant. Il reprit, sourcils froncés :
    –  Mandons et commandons que, sans retard, Hugh Calveley et tous ceux qui nous

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