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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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couverture de laine qu’il avait prise pour manteau.
    *
    Le lendemain, toujours lente, frileuse, étirée, taciturne, l’armée se remit en marche. Où allait-on ? Vers les montagnes. Et quand on y serait ? Mystère. Qui avait décidé qu’on patrouillerait du matin au soir dans une neige et une boue sans cesse plus épaisses, plus glissantes ? C’était Guesclin, pardi !
    Le Breton avait convaincu Henri d’attendre l’adversaire à l’abri d’une forteresse d’où il serait possible de le voir venir de loin. Comme le roi hésitait sur le choix d’un château, Guesclin avait décidé de prendre pour gîte celui de Zaldiarân. Il ne cessait de répéter sur tous les tons qu’il fallait escarmoucher l’ennemi à outrance et manœuvrer afin de l’attirer dans l’intérieur du pays : les rigueurs d’un hiver qui s’éternisait, les fatigues et la faim-valle l’éprouveraient autant que des vols de sagettes. Cependant, au cours de la nuit, les capitaines castillans s’étaient ralliés aux résolutions du roi dont celle d’un mercenaire : si l’on faisait quelques pas en arrière comme le préconisait Guesclin, si l’on embûchait plutôt que de combattre en face, on avouerait tout à la fois une faiblesse de caractère et une infériorité dont Pèdre et le prince de Galles se gausseraient à bon droit. Les provinces cédées à l’invasion se déclaraient contre Henri. La défection s’étendrait sur tout la Castille. Les ricos hombres avaient rappelé à leur souverain que l’année précédente, Pèdre avait perdu son royaume pour n’avoir point livré bataille alors qu’il était en force à Burgos, et venait d’apprendre le martyre de Briviesca. Il n’avait donné aucun mandement à ses milliers de partisans parmi lesquels les manants et les bourgeois étaient les plus acharnés à vouloir se battre. Le samedi des Rameaux 215 , il avait fui, perdant tout à la fois et l’honneur et son trône, « L’honneur  », avait proclamé Henri, «  m’enjoint d’aller au-devant de l’ennemi. Il m’interdit d’abandonner à la vengeance de Pèdre des cités et des hommes qui se sont déclarés pour ma cause ! » Néanmoins, afin de concilier sa fougue avec la prudence inhabituelle de Guesclin, il avait consenti à appuyer son armée aux montagnes qui séparaient l’Alava de la province de Burgos. Les capitaines avaient reçu leurs instructions : des contingents nombreux occuperaient les cols. Le gros de l’ost serait concentré à Zaldiarân 216 dans une position forte. On attendrait ainsi l’attaque des Anglais.
    –  Une envaye 217  ? s’étonna Paindorge en découvrant, du haut de Tachebrun, le château embrumé au sommet d’une montagne grise, apparemment abrupte. Comment allons-nous accéder à cette forteresse ? Les chevaux n’en peuvent mais. Ils me font grand-peine.
    C’était la vérité. Malaquin, qu’il menait à la longe, trébuchait parfois. Coursan, le destrier de Lebaudy, remuait sa lourde tête comme s’il réprouvait la prochaine montée. Babiéca, que Lemosquet avait adopté, regimbait parfois, gênant le rechange navarrais, Pampelune que le soudoyer menait d’une main par une corde assez courte. Carbonelle piétait de son mieux. Quant à Alcazar, il semblait à l’aise dans l’écume tantôt blanche, tantôt noire des chemins et des sentiers.
    –  Vous ne regretterez pas, messire, demanda Paindorge, d’avoir offert tous nos autres chevaux, sauf Coursan et Carbonnelle, à ce mire de Santo Domingo ?
    –  Il refusait d’abandonner quelques blessés qui ne pouvaient marcher. Tu le sais : les laisser à leur sort, c’était les condamner à être occis, soit par les manants de la cité, soit par les Goddons ou les disciples de Pèdre.
    –  Je les ai vus, dit Lemosquet. Ils chevauchent à deux par cheval… Je ne sais si Carbonnelle suivrait si bien sans longe. Elle est peut-être amourée d’Alcazar.
    Sans répondre à cette facétie, Tristan leva les yeux vers les hauteurs :
    –  Ce château ressemble à ceux de Puylaurens, Quéribus, et surtout Peyrepertuse.
    –  Imprenable, dit Lemosquet.
    –  Oh ! Oh ! C’est à voir. Pour Simon de Montfort, tous les châteaux pouvaient être conquis. Il n’a cessé de le prouver dans une guerre affreuse. Celui de Zaldiarân est toutefois plus élevé.
    –  Ces montagnes, dit Lebaudy en désigna quelques pics neigeux, ce sont celles qu’ils appellent la sierra de San Lorenzo 218

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